La porte-parole du gouvernement fait semblant de ne rien savoir, alors que tout était écrit depuis le départ, depuis l’intervention du ministre Macron dans la revente d’une partie d’Alstom au groupe américain...
Sibeth Ndiaye "confirme" que "le gouvernement n'était pas au courant" des projets de restructuration de General Electric pic.twitter.com/mW9rtnMt7a
— BFMTV (@BFMTV) 29 mai 2019
Près de cinq ans après la vente du français Alstom à l’américain General Electric (GE) alors qu’il était ministre de l’Économie, Emmanuel Macron fait face mercredi 29 mai à un flot de critiques acerbes de l’opposition, des syndicats de GE, et même de certains acteurs du monde de l’industrie.
Le président de la République porte une responsabilité dans le « désastre » industriel et social à venir, pointent notamment les syndicats, après l’annonce mardi par GE de la suppression de plus d’un millier d’emplois en France – selon le groupe américain, jusqu’à 792 suppressions de postes pourraient intervenir dans son entité turbines à gaz de Belfort, et 252 dans celle dédiée aux « fonctions supports ».
En toile de fond de cette colère : le rôle joué en 2014 par Emmanuel Macron dans la vente du pôle énergie d’Alstom à GE. À l’automne 2014, Emmanuel Macron, ancien secrétaire général de l’Élysée de François Hollande (2012-2014), succède à Arnaud Montebourg au ministère de l’Économie. Il y hérite de l’épineux dossier du rachat d’Alstom par l’Américain General Electric. Arnaud Montebourg y était opposé, les conditions de la vente de ce fleuron français ne le satisfaisant pas. Il affirmera plus tard qu’il avait tenté d’encadrer l’opération qu’il n’avait pu bloquer faute de volonté de François Hollande et de son secrétaire général, Emmanuel Macron.
Promesses non tenues
Rapidement après son entrée en fonction à Bercy, en novembre 2014, Emmanuel Macron a donné son feu vert au rachat, pour lequel GE débourse plus de 12 milliards d’euros. Bercy souligne même que l’opération a été réalisée « avec vigilance ».
Mais « les garanties et les avancées obtenues par Montebourg furent oubliées (…) et GE put acquérir le pôle Energie d’Alstom avec les mains entièrement libres », estime aujourd’hui Jean-Charles Hourcade, ancien directeur général adjoint de Thomson, dans une tribune virulente publiée mercredi dans Le Figaro.
Ce sont également les promesses non tenues qui suscitent la colère. Début 2015, le groupe américain avait réitéré son engagement de créer environ un millier d’emplois en France. Et c’est l’inverse qui s’est produit, générant rancœur et déception chez les salariés et les élus de Belfort.
« Le ministre de l’Économie de l’époque [Emmanuel Macron, NDLR] était venu nous voir à Belfort pour nous dire, je cite : “Belfort a un avenir industriel. Votre activité a une importance stratégique pour la France et sera donc défendue. Vous pouvez compter sur moi” » , a ainsi raconté le député centriste Michel Zumkeller au micro de FranceInfo.
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Autre point sensible : un ancien conseiller industrie d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, Hugh Bailey, a été nommé en avril directeur général de GE France, se retrouvant au cœur de ces restructurations.
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« Celui qui a piloté la vente catastrophique d’Alstom à GE va être aussi celui qui va être chargé de dépecer ce qui reste de la branche énergie d’Alstom », s’était insurgé en avril dans Libération un représentant syndical de GE France.
Hugh Bailey, DG de Général Electric France, ancien conseiller de Macron qd il était ministre, négociateur de la vente d’Alstom à GE, est l’auteur de ce désastre industriel, annoncé 48h après les européennes ! Honteux ! Symbole d’une France corrompue ! https://t.co/QmgOZOlhWs
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) 29 mai 2019
Enfin, le fait que ces suppressions d’emplois soient rendues publiques deux jours après la tenue des élections européennes pose question. Certains élus, dont Damien Meslot, le maire Les Républicains de Belfort, ont accusé le gouvernement d’avoir retenu l’annonce pour ne pas qu’elle influence le vote des électeurs.
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