Par un de ces paradoxes dont on ne cesse de se délecter, plus les peuples, dans leurs formidables ruades, montrent qu’ils rejettent le système qu’ils ont élu et ses petits arrangements entre amis, plus ledit système, pour se maintenir, décrète l’urgence d’une union des élites.
On a connu, sous la Quatrième expirante, la fameuse omelette coupée aux deux bouts, où communiaient dans une même substance baveuse socialistes rosâtres, radicaux bleuâtres et modérés blanchâtres. On voit aujourd’hui Angela Merkel conduire la grande coalition CSU-SPD sur la mer agitée d’une Allemagne en colère ; ou les Espagnols coupés en quatre chercher désespérément quelle combinaison trahira au mieux la volonté populaire. Et l’on voit bien que, de Valls à Juppé en passant par Xavier Bertrand et Christian Estrosi, le système politique français, sous la houlette de François Hollande, cherche un moyen de se perpétuer au centre pour refuser les demandes expresses et claires du peuple français.
Ce hold-up sur la chose publique menée par une minorité agissante a pour modèle deux mouvements nés en Italie dans la seconde partie du dix-neuvième siècle : le connubio de Cavour et le transformisme d’Agostino Depretis et Francesco Crispi. L’Italie est notre grande institutrice en matière de politique politicienne. Ces références lointaines sont d’actualité : elles sont à l’origine de ce que l’on appelle au-delà des Alpes l’arc constitutionnel, c’est-à-dire l’ensemble des partis déclarés aptes à concourir au gouvernement et à faire partie honorablement du débat dit démocratique et républicain. Déclarés par qui ? C’est précisément ce que nous allons voir.