L’affaire PPDA, si on peut la présenter comme telle, est extrêmement sensible, car elle touche au consentement, c’est-à-dire à la psychologie profonde de l’être.
« Après le journal, une assistante conduit Florence Porcel jusqu’au bureau de PPDA. Selon le récit de la jeune femme, la star de l’info lui demande ses impressions sur sa prestation mais se montre peu bavard, occupé à dédicacer des photos. Quand, tout à coup, il ferme la porte, lui propose un verre d’alcool avant de l’agresser sexuellement en l’embrassant puis en introduisant sa main dans sa culotte. Les faits se seraient déroulés rapidement, sans signe annonciateur.
La jeune étudiante, tétanisée par la tournure de la situation, se met alors à exécuter mécaniquement ses demandes qu’elle décrit comme pressantes, comme se déshabiller. Puis vient le rapport sexuel, avec pénétration vaginale, dont elle assure qu’elle n’était pas consentante. Florence Porcel affirme n’être pas parvenue à s’enfuir sous l’effet de la surprise et de la sidération, mais soutient que sa panique était clairement perceptible et qu’elle a émis des cris de douleur. “Est-ce que vous réalisez que vous êtes devenue une femme ?” lui aurait dit son agresseur présumé à l’issue de l’acte. Avant de prendre aussitôt congé de la jeune femme en lui demandant de taire cette relation. » (Le Parisien)
Un rapport sexuel peut être brutal et consenti, il peut aussi être doux et non consenti, tout dépend de la relation entre l’homme et la femme ou, pour être modernes, entre le dominant et le dominé, le pénétrant et le/la pénétré/e. On ne va pas faire dans l’écriture inclusive mais les juges vont devoir être très forts pour juger du consentement entre deux adultes, des années plus tard.
« L’aura de cet homme et son inexpérience sentimentale aurait même déclenché chez elle des sentiments amoureux qu’elle juge aujourd’hui créés artificiellement par cette emprise. Partagée entre la colère et la passion, elle admet ainsi avoir continué à lui écrire après l’agression présumée, y compris pour des échanges à caractères érotiques. Plus déstabilisant, elle accepte même une nouvelle relation sexuelle, à laquelle elle consent cette fois, toujours prise dans ce tourbillon sentimental paradoxal. Il s’agissait, dit-elle, de ne plus subir cette relation et d’expérimenter un rapport sexuel sans contrainte. »
Le problème, c’est que des violeurs habiles peuvent passer entre les mailles du filet de la justice, mais que des innocents peuvent aussi tomber suite à une accusation de viol rétroactif qui ressemble plus à une vengeance qu’à autre chose. Tous les cas existent, et nous ne prendront pas parti ici.
« Après une longue psychothérapie et une discussion au sujet de cette expérience douloureuse avec ses parents en 2018, l’écrivaine trentenaire dit avoir pris conscience tardivement de la gravité des faits. Elle s’est finalement résolue à se tourner vers la justice dans un contexte de libération de la parole sur les violences sexuelles. »
Sur la foi d’une dénonciation tardive, mais qui peut se comprendre (le choc, la prise de conscience d’un acte non consenti qui a des conséquences psychiques sur le long terme), un rapport sexuel peut être requalifié en viol. C’est le cas de cette jeune femme de 21 ans à l’époque, qui en a 37 aujourd’hui, et qui a mis 16 ans à requalifier ses relations sexuelles avec PPDA en viols. Si les réactions des féministes sont assez faciles à comprendre sur les réseaux sociaux, voici celle de Stéphane Édouard, qui a le mérite de lever un point de droit complexe.
« Elle a 21 ans (…) elle n'aurait pas réalisé tout de suite ce qui venait de se produire ». Donc à 21 ans tu es assez grand pour choisir qui doit gouverner ton pays pendant 5 ans, mais pas qui peut visiter tes voies génitales pendant 5 minutes, j’ai bien compris ? https://t.co/U9PODCOk2K
— Stéphane Edouard (@HommesInfluence) February 19, 2021
Cette façon de tordre le bras au droit pour obtenir réparation d’une relation intime survenue il y a des décennies est dramatique pour l’occident. Quiconque est amoureux EST sous emprise, c’est dans la définition même du concept.
— Stéphane Edouard (@HommesInfluence) February 19, 2021
Ce sera le travail des juges, et on leur souhaite bon courage dans cette ambiance de délation généralisée, qui peut faire du bien à certains (les vraies victimes), et du mal à d’autres (les vrais bourreaux, et aussi les innocents). Mais que les féministes ultra, qui voient parfois du viol partout (c’est le fondement de leur lutte antipatriarcale) avec leur concept de culture du viol ne tombent pas dans cette facilité qui consiste à croire que les amoureux du droit seraient tous des défenseurs de violeurs.
Pour être justes, et qu’on ne nous accuse pas de machisme partial, voici le passage assez chaud Béatrice Balle chez PPDA en mars 1992 :
Dans cette affaire, sortie par Le Parisien, cet organe qui a toujours de bonnes informations de l’Intérieur, l’icône médiatique qu’est PPDA est abattue en deux coups de hache, les 18 et 19 février 2021. Si le premier papier est factuel et ne prend pas trop parti, le second est assez meurtrier puisqu’il élargit l’enquête aux proches ou aux connaissances professionnelles de PPDA, qui toutes appuient sur la « lourdeur » du dragueur. Il est clairement lâché par les siens, le petit monde de la télé.
« Dans le petit monde de la télévision, cette affaire PPDA ne surprend personne. Bien au contraire. “À chaque fois qu’un scandale MeToo éclate, je ne peux m’empêcher de me demander Pourquoi rien ne sort sur Patrick Poivre d’Arvor ?” lâche une reporter qui a travaillé à ses côtés pendant une décennie. “Poivre”, comme le surnomment ses proches, a une solide réputation de collectionneur de femmes. Du tapis rouge du Festival de Cannes aux loges VIP de Roland-Garros, une femme est immanquablement accrochée à son bras. Jeune et jolie, de préférence.
Mais l’entourage de celui qui a présenté sans discontinuer entre 1987 et 2008 le “JT le plus regardé d’Europe” sait que les femmes sont devenues une obsession. PPDA est toujours à l’affût, pour ne pas rater une occasion de conclure. Quitte à se montrer très oppressant avec ses cibles. “C’est un gros dragueur, bien lourd”, résume une vieille connaissance qui soupire : “Et je ne suis pas certaine qu’il se soit calmé avec le temps…” »
On remarquera que l’enquêteur (qui a commis beaucoup de bourdes) Jean-Michel Décugis est encore à la manœuvre. Tout le monde savait que PPDA était un dragueur lourd, un « queutard » comme on dit vulgairement. Alors, dans le petit monde de la télé, comment comprendre que ses dragues fonctionnaient encore ?
« D’autres ont vécu des expériences bien plus traumatisantes. Il y a plus de dix ans, une ex-journaliste d’une radio nationale a été victime de la vedette de TF1. Après une interview pour sa station, elle propose à la star de TF1 qui l’a raccompagnée jusqu’à son domicile de monter boire un verre, comme il le suggère. Une fois à son domicile, elle doit repousser les assauts du présentateur qui va finalement, faute de mieux, se livrer à un plaisir solitaire sur son canapé. Elle n’a pas voulu directement nous raconter son histoire que nous tenons de l’un de ses proches. »
Et là on parle d’une journaliste d’une radio nationale. Certes, PPDA a su tisser un réseau de relations politiques solide, mais cela n’explique pas tout : il était connu comme le loup blanc en matière de sexualité. Si l’on peut comprendre qu’une jeune femme vierge ait pu être surprise, et violée (ce que la justice dira), c’est le tableau de chasse des femmes averties qui interroge, et que les féministes devraient étudier plus précisément.
« C’est pourtant à TF1 que les témoignages sont les plus nombreux. Les collègues féminines de “Poivre” n’ont pas échappé à ses avances. Lors de déjeuners en tête-à-tête qu’il sollicite régulièrement, il n’oublie jamais de faire un point sur leurs histoires de cœur, bien avant le café. À la rédaction, les anciennes alertent chaque nouvelle recrue. “Dès qu’une stagiaire arrivait, la première chose qu’on lui disait c’est Fais gaffe, ne monte jamais seule dans l’ascenseur avec PPDA”. »
Justement, le second article du Parisien évoque un de ces cas, où une femme avertie rencontre l’ogre.
« “J’avais 28 ans quand j’ai rencontré Patrick Poivre d’Arvor lors d’une manifestation. C’était en 2005, je travaillais dans un grand quotidien et j’étais à la recherche d’un nouveau poste”, confie Juliette, 44 ans, ancienne journaliste reconvertie dans la communication. “Entre nous, le courant était bien passé. Il avait été flatteur. En partant, il m’a demandé mon 06. Il m’a appelée deux trois fois, toujours de longues discussions. Quand il m’a donné rendez-vous dans son bureau à TF1, j’y ai vu une opportunité professionnelle. C’était le présentateur du 20 Heures !
On m’avait mise en garde sur sa réputation mais je voulais quand même tenter ma chance. J’ai tout de suite senti le malaise quand j’ai croisé le regard de sa secrétaire. Je lui ai donné mon CV. Il l’a jeté à la poubelle sans même le regarder. Je me suis sentie humiliée. Je me suis levée pour partir et lui s’est levé pour essayer de m’embrasser. Je lui ai dit : Arrêtez Patrick, ça ne va pas ! Et ça s’est arrêté là. C’était tellement gênant, j’en étais toute tourneboulée. Quand j’ai raconté la scène à mon copain, il a voulu lui casser la gueule”, ajoute-t-elle. »
L’appétit de l’ogre Patrick est sans limites. C’est même devenu une private joke en interne :
« Le témoignage de Juliette confirme le “modus operandi” relaté par Florence Porcel. Qu’elles ne sont pas les seules à avoir connu. Les deux assistantes de Patrick voient défiler ces visiteuses qu’elles surnomment entre elles pour rire “le McDo de Patrick”. “Chaque soir après le JT, on le voyait passer dans les locaux avec des créatures éthérées perchées sur des hauts talons”, confie une de ses anciennes collègues. »
Apparemment, ça a défilé pendant des années au « McDo » de TF1, puisque PPDA est resté près de 30 ans à la tête du JT, sans oublier son émission littéraire (avec beaucoup de jeunes femmes écrivains invitées) dont TF1 n’avait rien à faire mais qui était le cadeau pour conserver son présentateur vedette. Vol de Nuit, aujourd’hui, fait l’objet de tous les jeux de mots.
Toujours bien informé, Thierry Ardisson avait taquiné l’écrivain Claire Castillon, qui avait été dans la grotte de l’ogre...
Selon nos informations, une enquête judiciaire pour « viols » a été ouverte cette semaine contre l’ex-star du 20 Heures de TF1. Une écrivaine l’accuse d’avoir abusé d’elle à plusieurs reprises entre 2004 et 2009 dans un contexte d’emprise psychologique et d’abus de pouvoir.
Cette après-midi d’avril 2009, arrivée dans le bureau de l’ex-présentateur du 20 Heures de TF1, Florence Porcel garde son manteau pour, dit-elle, n’adresser à celui-ci aucun signe équivoque. L’étudiante, qui prépare un mémoire sur les livres écrits par des personnalités médiatiques de la télévision dans le cadre de ses études, se méfie de l’homme et connaît sa réputation avec les femmes. Mais l’épaisseur du vêtement n’aurait pas refroidi les ardeurs du journaliste et écrivain Patrick Poivre d’Arvor qui lui aurait imposé une fellation sans protection par la force.
La jeune femme assure aussi que, quatre ans auparavant, le présentateur vedette, de 36 ans son aîné, aurait abusé d’elle dans son bureau après l’avoir invitée à assister aux coulisses du journal du soir. Elle est alors âgée de 21 ans, en convalescence d’une tumeur au cerveau et encore vierge.
Ce récit cru, Florence Porcel vient de le livrer à la justice après avoir gardé le silence pendant seize ans. Cette chroniqueuse et écrivaine âgée de 37 ans aujourd’hui, qui a connu un petit succès sur YouTube avec ses vidéos de vulgarisation scientifique, a déposé plainte contre PPDA auprès du parquet de Nanterre. Ce qui a débouché, selon des sources concordantes, sur l’ouverture cette semaine d’une enquête préliminaire très sensible pour « viols », confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne.
Une nouvelle affaire de violences sexuelles présumées dans laquelle se mêleraient fascination, emprise, relation toxique et abus de pouvoir. Elle vise une icône cathodique, entrée dans les foyers des Français durant trois décennies, à la réputation de séducteur. Mais depuis plusieurs années, certains n’hésitent plus dans la profession, sous couvert d’anonymat, à décrire une face plus sombre, un homme qui pouvait avoir un comportement lourd, voire très insistant avec les femmes.
Florence Porcel, qui n’a pas souhaité s’exprimer pour le moment, a rencontré l’ex-star de l’information au sommet de sa gloire, à l’automne 2004. Apprentie écrivaine inscrite à la Sorbonne à Paris et en école de comédie, elle est admirative du PPDA romancier plus que du journaliste. Dans sa plainte, elle raconte qu’elle lui adresse à l’époque une lettre pour lui témoigner son émotion à la lecture de son dernier ouvrage et y joint quelques écrits amateurs signés de sa plume pour avoir un avis professionnel.
Quelques jours plus tard, l’étudiante reçoit sur le répondeur de son téléphone portable un message d’un numéro masqué. Il s’agit de PPDA qui l’invite à le rappeler à son bureau. Les jours suivants, un numéro inconnu tente de la contacter chaque soir aux alentours de 23 heures. Dans la soirée du 7 novembre 2004, un dimanche, elle finit par décrocher. Au bout du fil, surprise : le présentateur du 20 Heures de TF1 en personne. Après un échange que la jeune femme décrit comme courtois au sujet de sa lettre, PPDA lui demande son âge, une description de son apparence physique avant de lui poser des questions franches et embarrassantes sur sa vie intime : son absence de petit ami, sa virginité, la fréquence à laquelle elle se masturbe, les habits qu’elle porte…
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