Alors que le président Macron se démène pour sauver le Liban et la dernière trace d’influence française dans le monde proche-oriental, une tribune a jailli dans Le Figaro, signée par 37 personnalités dont celles-ci :
Pascal Bruckner, romancier et philosophe ; Michel Brugière, ancien directeur général de Médecins du monde ; Huguette Chomski-Magnis, coordinatrice du Collectif contre le terrorisme ; Brice Couturier, journaliste et essayiste ; Philippe Douste-Blazy, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la Santé ; Bernice Dubois, présidente d’honneur de la Coordination française pour le lobby européen des femmes ; Agnès Firmin le Bodo, députée (Agir) du Havre ; David Gakunzi, écrivain, journaliste, directeur du Paris Global Forum ; Annie Genevard, vice-présidente (LR) de l’Assemblée nationale ; Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile ; Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine ; Maya Khadra, journaliste franco-libanaise, enseignante ; Mimi Khoriati Abdo, citoyenne franco-libanaise, militante féministe et membre du Mouvement pour la paix et contre le terrorisme (MPCT) ; Patrick Klugman, avocat ; Constance Le Grip, députée (LR) des Hauts-de-Seine ; Corinne Lepage, présidente du Rassemblement citoyen, ancienne ministre de l’Environnement ; Jacky Mamou, président du Collectif urgence Darfour ; Thibault de Montbrial, avocat, spécialiste des questions de sécurité ; Adrien Morenas, ancien député du Vaucluse ; Ana Pak, tribune Azad Iran laïque ; Astrid Panosyan, co-fondatrice d’En marche ; Françoise Rudetzki, Fondatrice de SOS attentats ; Ari Sebag, ancien Président de MedBridge Strategy Center ; Mohamed Sifaoui, journaliste et écrivain franco-algérien ; Béatrice Szwec, présidente du Mouvement pour la paix et contre le terrorisme ; Nicolas Tenzer, philosophe politique et essayiste ; Philippe Val, écrivain, ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo ; Manuel Valls, ancien Premier ministre.
Ces personnalités indispensables à la France (mais surtout à Israël et son sionisme dévastateur) exigent tout simplement du président de la République la désignation du Hezbollah comme une organisation terroriste, ce qu’Israël demande gentiment depuis des lustres – et avec insistance depuis la puissance militaire montante de ce parti politique chiite – à tous ses « amis » européens. Les Allemands et les Anglais ont cédé, la France cédera-t-elle ?
Autrement dit, Macron cédera-t-il à la pression non pas de ces 37 franco-sionistes déclarés, mais du CRIF, qui se cache derrière toute pression sioniste en France ou presque ? Le Président nous a habitués à des volte-face dans le domaine diplomatique qu’il considère comme son pré carré, à la manière d’un Mitterrand qui délaissait les affaires franco-françaises pour incarner une figure à l’international. Il laissait d’ailleurs les clés du camion à Attali, qui faisait le lien entre la présidence et le lobby sioniste, mais c’est une autre histoire. Quoique... Aujourd’hui, on ignore ce qui relie Attali (et Minc) au jeune élu français, qui est leur création. La créature a-t-elle échappé à ses créateurs ? On aimerait l’espérer, mais la politique exige plus de réalisme.
En attendant, les signataires n’y ont pas été de main morte, donnant au Hezbollah la figure du diable universel :
« Le Hezbollah exerce son pouvoir de nuisance au Liban de façon croissante et décomplexée, en même temps qu’il pèse sur la sécurité régionale, européenne et internationale »
Déclaration qu’on pourrait appliquer mot pour mot à Israël, et de manière beaucoup plus mortifère. Car Israël agresse et assassine chaque jour, alors que le Hezbollah se défend, au Liban comme en Syrie, où son aile militaire a été appelée en renfort par le président Assad. On souligne encore une fois l’insistance d’Israël à tenter de désarmer ses ennemis : il faudrait que les ennemis d’israël soient tous des agneaux sans armes, sans foi et sans force !
La tribune semble avoir été dictée par le consortium BHL-Zemmour :
« Sans assainissement profond de l’État libanais, aucune solidarité extérieure ne saura apporter un soutien réel et efficace. Il faut donc conditionner l’aide aux réformes mais aussi au respect plein et entier du droit international.
En effet, le Hezbollah exerce son pouvoir de nuisance au Liban de façon croissante et décomplexée, en même temps qu’il pèse sur la sécurité régionale, européenne et internationale. Au cours des vingt dernières années, de son propre aveu public, le Hezbollah, organisation terroriste, a su créer un État dans l’État libanais et supplanter l’armée libanaise. Le Hezbollah intervient en Syrie pour le compte du régime iranien qui le finance et en appui du régime Assad coupable de crimes contre l’humanité, tandis qu’il a perpétré des attentats en Europe et ailleurs dans le monde.
Si le Hezbollah n’a pas été le seul responsable d’un système économique déficitaire, il en est finalement devenu le garant
À l’heure de vérité pour le Liban, la communauté internationale doit reconnaître le problème majeur que constitue le Hezbollah dans la reconstruction du pays. La mainmise qu’il exerce sur la scène politique libanaise aujourd’hui paralyse toute possibilité de transition politique profonde.
Si le Hezbollah n’a pas été le seul responsable d’un système économique déficitaire, il en est finalement devenu le garant. Toutes les grandes factions au pouvoir s’opposent aux réformes et le statut armé du Hezbollah, capable d’intimider et d’assassiner à volonté et sans conséquence les opposants politiques nationaux, a toujours fixé les limites de la transparence et de la responsabilité et a fondamentalement empêché l’établissement de l’État de droit.
Le Hezbollah est un acteur aux ambitions régionales, dont la puissance et les ressources viennent de l’extérieur et notamment de l’Iran. Ce statut de vassal rend également caduque toute volonté d’indépendance et de neutralité du pays. C’est pourquoi nous demandons au président de la République que la France ne fasse plus obstacle à la désignation du Hezbollah comme organisation terroriste par l’Union européenne. Ce n’est pas d’ingérence qu’il s’agit - la clef d’une solution politique au Liban réside bel et bien dans les mains des Libanais - mais du combat global que nous menons contre le terrorisme. »
Des accusations, on le répète mais ça permet de relativiser les choses, qui fonctionnent encore mieux avec le sionisme ou Israël à la place du Hezbollah.
On appréciera, plus loin dans le texte, le prétexte européen pour inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes :
« Les États-Unis, les pays du Golfe mais aussi les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Lituanie ont déjà procédé à la désignation du Hezbollah pour ce qu’il est : une organisation terroriste. À l’heure de vérité pour le Liban, c’est l’opportunité pour la France de construire une position européenne commune. »
La fin est savoureuse, quand on sait que notre pays, depuis Chirac et Mitterrand – qui se sont alignés objectivement, malgré quelques rodomontades souverainistes de façade, sur les intérêts israélo-américains –, ne joue plus aucun rôle au proche-Orient. Les signataires demandent ni plus ni moins de s’aligner définitivement sur les intérêts israéliens, les Américains, sous la direction de Trump, ayant décidé de se désengager discrètement (mais pas complètement) de ce guêpier.
« En défendant une telle position, celle d’un soutien massif mais conditionné, la France jouerait pleinement son rôle unique de médiateur au Moyen-Orient. Lors de son déplacement à Beyrouth le 6 août dernier, le président Macron avait insisté : “La crise ici est grave et implique une responsabilité historique des dirigeants en place.” Sans condamnation ferme du Hezbollah, l’action de la France, au rendez-vous pour porter secours à son plus vieil ami de la région, risque d’être vaine. »