PARIS - Dans les manifestations anti-loi Travail à Paris, Rennes ou Nantes, les projectiles volent à l’avant des défilés et les gaz lacrymogènes inondent les places.
Les Black Blocks sont désormais connus de tous. À Paris, des hommes en noir descellent des pavés dans les rues avec des barres de fer. À Athènes, ils cassaient les plaques de marbre qui ornent la ville pour fabriquer leurs munitions.
Certains dénoncent ces « casseurs » nihilistes et sans projet. D’autres, tout en condamnant la violence, estiment que ces actions traduisent le désespoir d’une jeunesse trahie par les promesses de réforme du capitalisme non tenues après la crise financière de 2008.
- Incidents pendant la manifestation du 1er mai 2016 à Paris
- Incidents dans le centre d’Athènes, le 15 juin 2011
Depuis début mai, je me suis glissée dans les cortèges parisiens, frappée par la ressemblance que je perçois avec les modes d’action des manifestants pendant la crise grecque, que j’ai couverte entre 2010 et 2013 avec les journalistes du bureau de l’AFP à Athènes.
Déjà le mouvement « Nuit debout », place de la République à Paris, me fait irrésistiblement penser à celui des « Indignés » d’Athènes en mai 2011. Comme en Grèce, ces rassemblements nocturnes un peu idéalistes s’inscrivent sur fonds de désintégration du parti au pouvoir, le Parti socialiste en France, Pasok en Grèce.
- La "Maison du Peuple" à Rennes, le 3 mai 2016
Dirigé à l’époque par George Papandreou, le Pasok représentait environ la moitié du pays, l’autre moitié relevant du parti conservateur Nouvelle démocratie. Au fil des réformes d’austérité, imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, le Pasok n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même, avec 16 députés (en coalition) alors qu’il a eu la majorité absolue au parlement pendant plus de vingt ans.
- Devant le Parlement grec à Athènes, le 26 mai 2011
Et Papandréou a fini acculé à une spectaculaire démission après un bras de fer avec l’Allemagne et les pays de la zone euro qui poussaient pour faire passer en force les réformes de libéralisation de l’économie.