Après avoir longtemps hésité, les États-Unis semblent désormais décidés à contrecarrer les ambitions chinoises. Une nouvelle stratégie qui rebat les cartes dans la région
Les faits - Autre revers pour la Chine, désireuse d’étendre son influence jusque dans l’océan Indien, le changement d’attitude du Sri Lanka. Colombo vient en effet d’accepter l’idée d’une enquête sur les crimes commis pendant la guerre civile, ce que l’ancien président Mahinda Rajapaksa, soutenu par Pékin, a toujours rejeté.
En dépêchant l’USS Lassen en patrouille autour des récifs contestés de la mer de Chine méridionale, le gouvernement américain a tenu l’engagement pris après la visite de Xi Jinping aux États-Unis. Le président chinois avait alors affirmé qu’il ne procédait pas à la militarisation de la zone comme lui reprochent plusieurs de ses voisins depuis que la Chine a entrepris d’aménager plusieurs récifs parmi lesquels ceux de Subi, de Hughes, de Fiery Cross, de Gaven, de Cuarteron et de Johnson South en y créant qui des pistes atterrissages qui des installations portuaires.
Le destroyer lance-missiles, parti du port malaisien de Kota Kinabalu quelques jours auparavant, a notamment croisé à 12 milles marins du récif de Subi comme l’autorise la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Bien que le Stars and Stripes, le quotidien des forces armées des États-Unis, ait affirmé la volonté du Pentagone de « défier » la Chine dans ces régions sous tension, les autorités américaines, qui ont beaucoup hésité avant de mettre en œuvre l’opération, ont plutôt cherché à la minimiser tout en se félicitant qu’elle se soit « achevée sans incident ».
La réaction chinoise ne s’est pas fait attendre. Pékin a accusé les Américains d’être entrés « illégalement » dans leurs eaux territoriales, ajoutant qu’il s’agissait d’une « provocation » et qu’elle prendrait « toutes les mesures nécessaires pour répondre à d’autres actions dangereuses de ce type ». En dépit de ce vocabulaire destiné à montrer leur détermination vis-à-vis de leurs revendications territoriales dans l’archipel des Spratleys, les Chinois ont également voulu dédramatiser la situation.
Dans un éditorial publié après le passage de l’USS Lassen, le Global Times, quotidien anglophone porte-parole du gouvernement chinois, l’a décrit comme « un show politique américain ». Reste que la présence de ce bâtiment de guerre bouleverse la donne et qu’elle risque de changer durablement le rapport de forces dans la région. Plusieurs pays avaient regretté le manque d’engagement de Washington face à la montée en puissance de Pékin en mer de Chine méridionale et son désir d’en faire « sa sphère d’influence ». Seuls les Philippines et le Vietnam avaient osé se mettre en travers de la route de la Chine, mais sans grand succès. Les autres, en particulier les membres de l’ASEAN (Association des nations du sud-est asiatique), ont préféré faire profil bas face à Pékin malgré leurs craintes d’une emprise chinoise sur cette partie de l’Asie.