Le gouvernement de M. Sharif a nié toute implication dans cette tentative d’assassinat, survenue jeudi, et l’attribue à un homme motivé par des considérations religieuses.
L’ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan a accusé, vendredi 4 novembre, son successeur Shehbaz Sharif d’être impliqué dans un complot visant à le tuer. M. Khan est toujours à l’hôpital où il se remet de blessures par balles reçues la veille lors d’un rassemblement politique. Désignant M. Sharif, qui lui a succédé en avril, le ministre de l’Intérieur, Rana Sanaullah, et un haut responsable militaire, M. Khan a déclaré dans une vidéo publiée sur YouTube depuis son lit d’hôpital à Lahore, dans l’est du pays : « Ces trois-là ont décidé de me tuer. »
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Cette attaque a fait un mort et au moins dix blessés, accentuant encore la tension dans un pays plongé dans une profonde crise politique depuis que M. Khan a été évincé du pouvoir.
M. Khan, 70 ans, était depuis une semaine à la tête d’une marche rassemblant plusieurs milliers de ses supporteurs entre la ville de Lahore et la capitale, Islamabad, pour obtenir la tenue d’élections anticipées.
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M. Khan s’adressait à ses partisans, jeudi, depuis le sommet d’un conteneur posé sur un camion à Wazirabad, à environ 170 kilomètres à l’est d’Islamabad, quand un individu a tiré en rafale avec un pistolet automatique dans sa direction. Plusieurs officiels de son parti, le Pakistan Tehrik-e-Insaf (Mouvement du Pakistan pour la justice), ont aussi été blessés.
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Le Pakistan est aux prises depuis des décennies avec des mouvements islamistes violents, qui ont une forte influence sur une large partie de la population. M. Khan, qui entretenait pendant sa carrière sportive une réputation de play-boy, s’est attaché en tant qu’homme politique à présenter une image de musulman fervent. Jusqu’à se voir reprocher sa complaisance envers des éléments radicaux.
Plusieurs assassinats politiques ont émaillé l’histoire récente du pays, marquée par une instabilité politique quasi permanente et le rôle prééminent de l’armée. Cette attaque fait notamment resurgir le souvenir de l’attentat qui avait coûté la vie en 2007 à Benazir Bhutto, la première femme de l’ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Les commanditaires de son assassinat n’ont jamais été identifiés.
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M. Khan était arrivé au pouvoir en 2018 en mêlant promesses de réformes sociales, conservatisme religieux et lutte contre la corruption. Mais sous son mandat la situation économique s’est dégradée et il a perdu l’appui de l’armée.