Votre grand père est peut-être une exception, mais dans la Drôme, les protestants - pratiquants ou non, qu’ils soient du cru ou en grande partie parisiens - forment souvent le noyau dur des milieux gauchistes et écologistes, avec aussi les parisiens non protestants qui ont plus ou moins fait un retour à la terre dans les années 60. L’épicentre du protestantisme drômois est la Vallée de la Drôme (entre Crest et Die), dans l’arrière pays, et comme par hasard le coin abrite aussi une très ancienne Synagogue... C’est aujourd’hui une terre anticonformiste assez intéressante, peu "covidé", rurale et dynamique, nettement à gauche, avec des villages pittoresques qui ont en partie été abandonnés puis repris par des citadins de Paris, de Grenoble ou autre, ou par des hollandais (résidences secondaires). Valence par contre est une grande endormie, bourgeoise et fuyante, à l’image de sa géographie : une voie de passage venteuse. Le reporter semble avoir du mal à provoquer une réaction chez les gens qu’il réussit à interroger sans les faire fuir : consensuels, ils donnent l’impression d’être toujours d’accord avec ce qu’on leur dit, que ce soit le gouvernement ou le reporter complotiste. Ils se laissent bercer sans se poser trop de questions ni prendre de positions franches et conséquentes.
Le département de la Drôme, très hétéroclite, voie de passage relativement industrialisée le long des grands axes (industrie nucléaire notamment) mais aussi très agricole, avec un arrière pays sauvage, est peuplée de gens attachés à leur terre et à la terre, enracinés, mais généralement sans orgueil ni ambition, à la fois suivistes et rêveurs, pacifiques et "coulants". Les Drômois sont français sans ambiguïté, il n’y a pas le moindre indépendantisme contrairement à la Savoie ou à la Provence avec laquelle ils partagent un fond culturel commun. Le département est lui-même une partie de l’ancienne province aujourd’hui disparue du Dauphiné, charnière entre le Nord et le Sud, une petite France en miniature. La Drôme en occupe le tiers Sud-Ouest, les deux autres étant les Hautes-Alpes à l’Est, et l’Isère au Nord (avec une partie très alpine et une partie plane proche de Lyon), chacun ayant son caractère propre et bien trempé, avec en plus quelques confettis aujourd’hui dans Rhône, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence ou en Italie. Valence est aussi la plus grande ville... ardéchoise.