Invité de Sud Radio, la station qui concurrence RMC sur le populisme prudent, Philippe de Villiers résume à sa façon le choc de la finale de la Coupe de France – la dernière compétition démocratique – entre le Paris Saint-Germain et Les Herbiers, un petit club vendéen.
« C’est la force des racines, de la ruralité française, c’est ce qui a porté le Puy-du-Fou... Neymar, trois millions par mois, d’euros, et le joueur le mieux payé des Herbiers, c’est trois mille euros. Trois mille euros, trois millions. »
"Cette finale @PSG_inside contre @VHFootOfficiel n’est pas un hasard. Il y a d’un côté l’argent, le déracinement, les mercenaires et les gladiateurs. De l’autre, des petits gars qui ont le feu sacré de leurs rêves dans les yeux" @PhdeVilliers
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— Sud Radio (@SudRadio) 3 mai 2018
On a compris le message du Vendéen : Paris, la capitale, le foot mondialiste, le strass, le pognon, les millions, le Qatar, les mercenaires qui n’ont pas l’amour du maillot, les nomades qui se déplacent au gré des négociations de leurs agents, et de l’autre, onze petits gars, fiers et batailleurs, qui portent les couleurs de leur localité, de leur région, de la France. Les « terroirs » contre les nomades !
C’est beau mais pas totalement vrai (on dit ça pour ne pas aller à 100 % dans le sens du vicomte) : d’un côté, le meilleur joueur des Herbiers, celui qui a marqué un des buts de la qualification en demi-finale, s’appelle Ambroise Gboho. Ce n’est pas son patronyme d’origine africaine qui nous intéresse, mais son passage au Stade de Rennes, un club qui n’a pas prolongé son contrat pro.
2-0 POUR LES HERBIERS ! L'arbitre valide le but après vidéo #VHFFCCO #CoupedeFrance pic.twitter.com/AnfVUR9Ouq
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Beaucoup de joueurs non signés en Ligue 1 se retrouvent en National (la Ligue 3 en quelque sorte), qui possède ainsi des joueurs de talent qui n’ont pas forcément explosé pendant leur essai en première division. On se souvient de la révélation tardive d’Éric Carrière, ce joueur que les entraîneurs trouvaient trop chétif :
« Au fil des années, le même constat accompagne chacune de ses sorties artistiques : “trop limité physiquement.” En minime puis cadet, il n’est plus surclassé. En troisième au collège de Auch, il intègre la nouvelle classe-foot. Un an plus tard, il passe les tests pour intégrer la sport-étude de Toulouse, puis à nouveau après la seconde. Par deux fois, le verdict est tombe encore : “insuffisance athlétique”. Il continue donc à Auch avec le parcours classique d’un amateur. Son rêve de devenir footballeur professionnel est alors peu à peu remplacé par la volonté de devenir professeur de mathématiques. »
Il joue alors en National où son sens de la passe décisive et du dribble font merveille. Repéré par le directeur sportif du FN Nantes (le Vendéen de souche Budzynski), il finit par intégrer l’équipe première après avoir été testé en réserve. C’est à 28 ans qu’il est logiquement sacré meilleur joueur du championnat lors de la saison 2000-2001. Puis viendra un transfert à l’Olympique lyonnais et une pluie de titres de champion.
Les tribulations de Carrière illustrent les choix dramatiques du staff « technique » du foot français depuis près de 20 ans : privilégier le physique sur la technique, la puissance sur l’intelligence. Cela provoquera « l’affaire » Laurent Blanc, l’entraîneur qui aura le courage de dénoncer la surreprésentation de joueurs africains dans le football français au détriment des joueurs locaux, moins physiques mais plus techniques. Le sujet sera traité par Mediapart sur le mode « antiraciste ».
Les clubs espagnols, eux, feront jouer leurs « petits » joueurs Messi, Xavi et Iniesta qui leur rapporteront une pluie de trophées nationaux et internationaux :
Pour en revenir au choc du David français contre le Goliath mondialiste, de l’autre côté de la barrière sociale, il y a Cavani, un joueur extrêmement respectueux qui n’a pas la mentalité du mercenaire de Ligue 1. C’est un Uruguayen croyant, très croyant, il ne se met pas en avant et ne change pas de club comme de chemise. Après être sorti de son Uruguay natal, il a évolué à Palerme puis à Naples avant d’intégrer le prestigieux club parisien.
Cavani, c’est l’homme qui se sacrifie pour le collectif :
Il y a donc des joueurs qui ont encore de la morale, qui ne sont pas totalement pourris par l’argent. Sinon, de manière générale, de Villiers n’a pas tort. Et le parcours des Herbiers permet à cet homme politique qui n’a pas vraiment raccroché les crampons de s’illustrer et de faire de la pub au Puy-du-Fou !
Depuis leur accession en finale, le petit club vendéen est devenu tendance :
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La munificence parisienne va-t-elle souiller la pureté vendéenne ? Vous le saurez en suivant la finale le 8 mai au Stade de France.