Aussitôt après le tag d’Oradour, cet attentat à la craie avec « menteur » à la place de « martyr », la machine médiatico-politique à s’indigner et punir s’est mise en route. Il a fallu pour cela une craie et sept lettres, et ça a suffi pour provoquer un séisme politique au sommet de l’État, et de l’État profond, c’est-à-dire le véritable organigramme de décision.
« Devant une telle abjection, je réagis en tant qu’être humain, en tant que Français et en tant que juif. Trois éléments de ma personnalité qui me conduisent à ne pas rester inerte et à réclamer, une nouvelle fois, la tolérance zéro contre le révisionnisme, qui est un poison. »
Le roi de l’inversion accusatoire s’invite au Figaro
C’est ainsi qu’on a vu arriver, armée de sa tolérance légendaire, le sieur Kalifat, à la tête d’une minuscule association confessionnelle, qui plus est minoritaire par rapport aux deux grandes religions monothéistes d’aujourd’hui, pour prendre toute la place dictée par son indignation dans les médias. Ah, si notre indignation à nous, petits Français de rien du tout, pouvait aussi s’exprimer dans les médias mainstream à chaque fois qu’une injustice nous est faite, ou qu’on ressent une injustice...
Mais nous n’en sommes pas encore là, et c’est Le Figaro, avec complaisance et déférence – faut voir les relances et les questions tremblotantes – qui a essuyé le tir. Il faut bien qu’un journal se sacrifie, merde, quand même ! On se demande, avant de passer à l’obséquieux interrogatoire, ce qui arriverait si quelqu’un taguait, à Oradour ou ailleurs, par exemple, « non au sionisme », ou « le sionisme tue ». L’auteur de ces trois mots serait-il assimilé à la haine, à l’antisémitisme, aux réseaux sociaux qui ne sont que des égouts ? À Soral et Dieudonné ?
À Soral et Dieudonné, automatiquement. Il faut que l’amalgame soit systématique, ce que Francis nous démontre en deux coups de cuillère à pot.
Le Figaro : « Comment expliquez-vous que le négationnisme puisse ainsi se répandre ? »
Francis CRIF : « Nous sommes malheureusement parvenus à sa banalisation. Contre la Shoah, on s’y est presque habitué. Il est pourtant sanctionné et puni mais on ne l’a pas suffisamment condamné. Il a ses têtes d’affiche : hier les Faurisson, aujourd’hui les Dieudonné, les Soral, mais ces gens sont rarement condamnés. Ils continuent leurs méfaits, ils font des émules et l’opinion s’habitue à ces théories qui finissent par se répandre. Mais nous, les juifs, nous ne pourrons jamais nous habituer à aucune forme de négationnisme. »
« J’attends que ce scandale serve d’électrochoc » (contre tes opposants ?)
Parce que les dirigeants du pouvoir profond n’ont de cesse d’attribuer tout ce qui les dérange à la paire formée par le penseur et l’humoriste. C’est comme ça : dès que quelque chose ne leur plaît pas, ne va pas dans leur sens, ils en oublient toutes leurs belles paroles sur la démocratie, la tolérance, la République, et jettent des monceaux d’accusations, d’ordures et d’injures sur les deux effrontés.
C’est évidemment pour la galerie, pour le grand public, qu’il faut tenir en respect, terroriser en permanence. C’est pourquoi les condamnations de Soral & Dieudonné sont des exemples qui doivent servir à terroriser les Français, si jamais ils se permettaient de ne pas penser comme il faut, c’est-à-dire comme Francis Kalifat.
Mais Francis Kalifat pense-t-il encore, ou est-il emporté par sa colère, par sa haine communautaire ? Son indignation l’emporte loin, très loin de la justice, de la tolérance, de la cohérence. On sent dans ses propos un désir de punir, de châtier, de réprimer, voire de détruire toute opposition à son camp. C’est la politique israélienne qui déteint sur lui ou quoi ?
Avec Oradour, Francis tente une Carpentras
« La justice, par les sanctions qu’elle rend, n’est pas à la hauteur du défi. Il faut que ces gens soient condamnés à des peines suffisamment fortes pour être dissuasives. On ne peut plus se contenter de rappels à la loi ! Ni de condamnations si légères qu’elles rendent la récidive quasiment automatique ! Dans le mémorial d’Oradour-sur-Glane, une citation d’André Malraux rappelle que « l’homme est ce qu’il fait ». C’est exactement cela : nous avons des personnages abjects qui commettent des actes abjects. C’est ce qui s’est passé à Oradour, c’est ce qui se passe de manière quasi quotidienne dans notre pays, pour l’antisémitisme notamment. Malheureusement, la réponse de la justice n’est pas à la hauteur des actes commis. Et sans réponse forte, nous ne parviendrons pas à enrayer cela. J’attends que le scandale d’Oradour serve d’électrochoc. Trop, c’est trop. Il faut reprendre la main !
Il n’y a pas d’actes bénins en ce domaine. La tolérance zéro s’applique partout et rien ne doit être toléré. Je m’adresse donc aux juges : notre pays dispose d’un arsenal juridique parmi les plus aboutis en ce domaine. Il suffit d’appliquer les lois existantes et de le faire avec la plus grande sévérité. Il n’y a pas d’autre moyen en cette matière pour envoyer un signal fort à ces délinquants, racistes, antisionistes, négationnistes, sinon nous allons perdre ce combat. »
Le CRIF appelle à la répression violente de ses opposants
Au milieu de ce torrent d’imprécations et d’imprécisions de la part de celui qui se prend pour le président de la Cour suprême française, il y a quelques perles que nous avons relevées, et qui feront notre journée.
• « J’ai été révolté par cet acte abject. »
• « Le combat du Crif n’est pas judéo-centré. »
• « Il n’y a pas d’actes bénins en ce domaine. »
• « Il n’y a pas de différence entre un négationniste de la Shoah et un négationniste d’Oradour-sur-Glane ou d’un autre génocide. »
Avec un discours qui mêle violence verbale et appel à la violence physique par le durcissement de la loi, comment Francis peut-il terminer sa diatribe en ces termes ?
« Voyez la violence physique et verbale, partout répandue… On ne peut pas accepter que nos enfants vivent dans une société qui se détériore à ce point. »
Sacrée inversion accusatoire, un cas d’école.
Le 14 novembre 2019, Kalifat venait crier sa haine et son indignation communautaires sur le plateau du Figaro. Notez bien que Francis n’est pas « judéo-centré », mais il ne parle que de ses coreligionnaires, comme s’ils étaient au centre de tout.
Le 10 juin 2017, fraîchement élu, l’employé de la Banque prenait sa voix la plus sage, pas celle de la campagne où il hurlait comme un singe fou, pour montrer toute l’étendue de son empathie antifasciste.
Trois ans plus tard, son pays glisse dans le chaos, les Français sont pourchassés dans les rues pour avoir osé porter un Gilet jaune ou pour avoir osé ne pas porter de masque contre une grippe fantôme.
Quand Mélenchon dénonçait le pouvoir exorbitant du CRIF
Le 2 avril 2018, le fondateur de La France Insoumise réagissait à l’éviction violente par la milice sioniste de ses 10 députés de la marche blanche en hommage à Mireille Knoll. Francis Kalifat, le président du CRIF, avait donné ses ordres (à la République !) pour dire qui avait le droit de défiler, et qui n’avait pas le droit.
La honte est pour ceux qui nous ont abandonnés à la vindicte de la milice du CRIF. Les officiels, la police, le cabinet du ministre de l’Intérieur alerté depuis le matin à tous les étages de responsabilité, les hautes autorités morales gorgées de leur importance portant crête haute, bras dessus bras dessous dans la veulerie, laissant le drapeau être foulé aux pieds devant eux. La honte n’est même pas pour « la ligue de défense juive » non plus. Dans cette circonstance, elle défend à sa façon d’extrême droite traditionnelle et violente ce qu’elle défend tous les jours avec l’approbation des « institutions » communautaires juives et la bienveillante complicité des autorités de l’État. Elle avait annoncé son coup de force sur son site. Sur le terrain, elle maîtrisa de bout en bout son action comme si elle était certaine d’obtenir ce qu’elle voulait sans que nul ne s’y oppose : l’expulsion de la LFI et la réintégration dans le cortège des dirigeants du FN. Pourtant, nous étions dix députés en cortège et en écharpe bleu-blanc-rouge. En face, une quarantaine d’énergumènes vociférant des injures sexistes et des menaces sur nous et nos enfants. Mais c’est pourtant à nous qu’a été donné l’ordre de partir.
Eh, vous autres, les parfumés, les bien notés, les « grandes consciences », les Ponce Pilate drapés dans vos toges de comédie, vous croyez peut-être que c’est là juste un incident de manif qui concerne « les extrêmes » comme vous le cancanez dans vos dîners en ville ? Ce jour-là, vous avez accepté que soient rompues des digues symboliques essentielles. Vous avez accepté que nous soyons mis dans le même sac que l’extrême droite. Vous avez accepté que les écharpes tricolores soient expulsées sur ordre des communautaristes. Vous avez cautionné le raisonnement de Kalifat : pour défendre la France, c’est-à-dire son unité nationale par-delà les confessions, il faut être solidaire de la politique d’un État étranger et des crimes de son gouvernement. Vous avez cautionné qu’une milice obtienne sous les injures, les menaces et les coups l’expulsion d’un groupe de l’Assemblée nationale en écharpe.
La leçon doit être retenue et comprise au pied de la lettre. La blessure qu’elle a ouverte en moi ne cicatrisera pas de sitôt. Je ne demande pas que les lâches l’admettent. Leur opinion m’indiffère dorénavant davantage encore qu’hier. Je voudrais qu’ils comprennent quels chiens ils ont lâché. Entendez bien : ce flot que vous avez libéré ne fera pas le tri. Pour y échapper, vous serez poussés d’une abjection à l’autre puisque vous avez pris le chemin de la soumission au communautarisme. Bien sûr, j’ai la prudence de ne pas écrire davantage de ce que je pense quant au fond sur le danger qu’est pour la patrie républicaine ce type de communautarisme.
[...]
Nombreux sont ceux qui ont compris comme moi que le pire n’était pas le traitement qui nous était réservé quoiqu’il soit inacceptable. Mais monsieur Kalifat, le CRIF et son bras armé de la LDJ ont proclamé devant le pays une singularité communautaire radicale dont je doute qu’elle soit beaucoup appréciée par la masse du peuple français. Le peuple français, quelle que soit sa religion, ses « racines », et ainsi de suite comme on le dit dans la novlangue obscurantiste de notre temps, n’aime pas le sectarisme communautariste. Et encore moins l’allégeance de principe à un gouvernement étranger et à sa politique quelle qu’elle soit. Kalifat et la LDJ ont fait plus pour l’antisémitisme à cette occasion que des dizaines de basses besognes des vecteurs antisémites. Notre devoir reste entier : y faire échec. Non pour eux, mais pour nous.
Ce pays est à nous, les républicains. Aucune secte communautaire ne doit y avoir le dernier mot. Quoiqu’en pense le CRIF et Kalifat, les personnes de religion ou de culture juive en France sont des citoyens de la République commune et sont unis par la loi commune à tous les autres Français. Ils ne doivent en être distingués d’aucune façon, sinon par le soin particulier dont on doit les entourer compte tenu des crimes que la superstition, le fanatisme religieux et le racisme leur ont fait endurer sur ce territoire depuis plus de 1 000 ans. La République n’accepte pas que leur soit attribué une mise à part, même par ses propres chefs communautaires : ils n’ont pas d’autre patrie, d’autres députés, d’autre gouvernement ni d’autre drapeau que celui du peuple français tout entier auquel ils participent. Il est interdit de les distinguer des autres personnes et à plus forte raison de les persécuter et molester à raison de leur religion ou de leurs mythes culturels identitaires.
[...]
Deux jours plus tard, une armée de tueurs tiraient sur une foule sans défense en Palestine. Les injures et les menaces ne m’empêcheront pas de condamner ce crime, ceux qui l’ont ordonné, ceux qui l’ont commis et ceux qui se taisent.