C’est une bombe à retardement qu’on met entre les mains des élèves, a estimé l’écrivain Nikola Mirkovic commentant le manuel de l’édition Magnard destiné aux collégiens.
L’édition Magnard a proposé aux élèves un manuel d’Histoire-Géographie EMC 3e, édition avril 2016, qui contient des « portraits » concis d’hommes politiques. Vladimir Poutine y est qualifié d’ex-agent secret qui mène une politique autoritaire tant dans son pays qu’à l’extérieur de ses frontières. Barack Obama lui fait face, qualifié pour sa part de président qui « rompt avec la politique belliqueuse des USA » et « favorise la négociation et la diplomatie ».
Il suffit d’ouvrir le site de l’Éducation nationale pour tomber sur un énoncé des grands principes du système éducatif : « L’enseignement public est neutre : la neutralité philosophique et politique s’impose aux enseignants et aux élèves. »
« Je pense que cela montre que l’Éducation nationale en France n’est certainement pas une institution objective. On le voit dans ce manuel. Mais ce n’est pas le but de l’Éducation de designer qui est bon et qui est mauvais… C’est en effet une bombe, puisqu’on enlève aux enfants la liberté de se forger leur propre opinion sur la base de faits objectifs », a déclaré l’écrivain interrogé par Sputnik.
M. Mirkovic fait remarquer que résumer un président en place à une fonction qu’il a occupé dans le passé, sans détailler cette fonction (il y a, par exemple, beaucoup de postes différents dans les services de renseignement) se résume à de la propagande.
« Ce manuel essaye de coller une étiquette du méchant, du mauvais, avec une vision manichéenne du noir et blanc, avec le méchant Poutine d’un côté et le gentil Obama de l’autre », a-t-il souligné.
D’après l’interlocuteur de Sputnik, les termes employés à propos d’Obama sont totalement faux, erronés. Obama est un président qui a gardé Guantanamo ouvert, les bases secrètes de renseignement et d’interrogation fonctionnent toujours, c’est lui qui a élargi les pouvoirs de la NSA. Il est en partie responsable de la guerre en Libye, occupe et bombarde une partie de l’Irak, finance les milices djihadistes en Syrie. « Et on dit de cet homme qu’il a arrêté la politique belliqueuse ? Alors, que c’est le contraire. On qualifie ce président avec des termes élogieux, flatteurs qui sont le contraire de ce qu’il fait réellement », fustige l’écrivain.
« L’État doit être neutre. Le rôle de l’État n’est pas de formater des clones. On n’arrête pas de dire qu’il faut que les enfants se forment eux-mêmes, qu’ils ont leur libre arbitre. Tous ces termes sont vides de sens parce que ces livres réalisés sur la base du cahier des charges soumis par l’État, avec un politique derrière qui aide à formater les enfants, à supprimer la liberté de la réflexion de pensée — ce n’est pas nouveau. C’est exemple agite beaucoup les réseaux sociaux parce qu’il est caricatural, mais si vous prenez l’ensemble de livres de l’éducation national… », souligne M. Mirkovic.
Suite à une sollicitation, Sputnik a reçu une réponse d’Agnès Sotty-Dormieu, Directrice Marketing-Commercial & Développement Numérique et Pôle Éducation chez Albin Michel :
« Nous avons pris connaissance du mail que vous avez adressé à notre Délégué Pédagogique Fabien Lemaire concernant notre manuel d’Histoire-Géographie EMC 3e, édition avril 2016, et nous vous en remercions.
Nous vous informons que, comme chaque année, nous rassemblons actuellement toutes les remarques de fond et de forme qui nous sont faites sur nos manuels scolaires 2016. Nous déciderons très prochainement des modifications qui peuvent éventuellement être apportées dans l’édition d’août 2016 »
Affaire à suivre, donc…