Les Bourses chinoises ont fermé prématurément jeudi juste après leur ouverture, après un nouvel effondrement de plus de 7% qui a déclenché un mécanisme « disjoncteur » automatique, et après l’annonce officielle d’une baisse du yuan, la plus forte depuis août.
C’est la deuxième fois cette semaine que s’active ce mécanisme : les Bourses de Shanghai et Shenzen avaient déjà dû fermer lundi après avoir plongé. Au moment de la fermeture anticipée de jeudi, moins d’une demi-heure après le début des échanges, l’indice composite de la Bourse de Shanghai s’était effondré de 7,32%, ou 245,95 points, à 3.115,89 points. La Bourse de Shenzhen avait pour sa part plongé de 8,35%, ou 178,08 points, à 1.955,88 points.
Ralentissement de la croissance
Cette dégringolade intervient sur fond d’inquiétudes sur le ralentissement de la croissance dans la deuxième économie mondiale et de chute prolongée du yuan – également appelé renminbi. Les autorités ont en effet abaissé jeudi le cours de référence du yuan face au billet vert de 0,51%, à 6,5646 yuans pour un dollar, soit le taux le plus bas depuis mars 2011. C’est aussi sa plus forte baisse depuis août, selon Bloomberg News, quand Pékin avait décidé d’une dévaluation-surprise du renminbi de quasiment 5% en une semaine. Le yuan est autorisé à fluctuer face au dollar dans une marge de plus ou moins 2% de part et d’autre d’un taux de référence défini par la banque centrale chinoise (PBOC).
Il s’agit du huitième mouvement de baisse consécutif décidé par l’autorité monétaire chinoise, relançant les inquiétudes sur la devise. Un yuan plus faible rend les exportateurs chinois plus compétitifs à l’international, mais renchérit les importations du pays. « Le marché s’attend désormais à ce que le yuan se déprécie en raison du ralentissement économique » chinois, a déclaré à l’AFP Claire Huang, économiste Chine pour la Société Générale. Le chiffre attendu de la croissance chinoise pour 2015 devrait être de 6,9%, son niveau le plus bas depuis un quart de siècle, selon la PBOC.
Un effondrement en 1 minute
Dans une tentative pour rassurer les investisseurs, la Commission de régulation des marchés financiers (CSRC) a annoncé jeudi la prolongation de restrictions de ventes par les actionnaires possédant plus de 5% dans une entreprise cotée. Ces actionnaires, qui depuis la spectaculaire débâcle de l’été 2015 avaient interdiction de vendre, seront cependant autorisés désormais à vendre 1% de l’entreprise tous les trois mois. Le mécanisme « disjoncteur », entré en vigueur lundi, a lui pour objectif d’enrayer la volatilité des cours et d’éviter que ne se répète l’effondrement estival.
Les Bourses de Shanghai et Shenzhen avaient déjà dû fermer prématurément lundi après l’activation de ce système, basé sur l’indice CSI300, incluant les poids lourds du marché, dont les géants pétroliers et bancaires du secteur étatique cotés sur les deux places boursières. Si l’indice perd 5%, les marchés sont suspendus durant 15 minutes. Mais lorsque les échanges ont repris jeudi après leur interruption d’un quart d’heure, il n’a fallu qu’une minute pour atteindre la barre des -7%, qui déclenche un arrêt des cotations pour la journée. Au total, les marchés sont restés ouverts durant moins de 15 minutes jeudi.
« Les investisseurs ont paniqué »
« L’utilisation du mécanisme disjoncteur est la raison principale de ces chutes car les investisseurs ont paniqué après avoir vu son déclenchement lundi », a déclaré jeudi à l’AFP Chen Xingyu, analyste chez Phillip Securities. « Le mécanisme disjoncteur a coupé l’accès au marché des liquidités et les investisseurs ont peur de ne pas pouvoir vendre », a-t-il ajouté.
La Bourse de Shanghai avait plongé lundi de 6,86% avant sa fermeture, après la publication d’indicateurs montrant une nouvelle contraction de l’activité manufacturière en décembre en Chine. L’indice composite shanghaïen avait perdu 0,26% mardi, puis repris plus de 2% mercredi. « Le rebond enregistré hier (mercredi) semble être un travail d’équipe nationale », a souligné M. Chen, faisant allusion au fait que des organismes publics auraient acheté des titres pour le compte du gouvernement, dépensant des centaines de milliards de dollars en actions durant les derniers mois. « Mais c’était seulement une rustine pour le court terme, le gouvernement ne peut acheter des actions à chaque baisse similaire et cela n’est pas bon pour la santé du marché lui-même. »