À l’occasion de la sortie en France de l’ouvrage collectif Nous ne sommes pas Charlie, ERTV a rencontré à Paris Kevin Barrett, qui en a dirigé la publication.
Kevin Barrett, Étasunien docteur en islamologie arabique, est l’un des détracteurs les plus connus de la « guerre contre la terreur » menée par les États-Unis.
Il est l’auteur et le compilateur de nombreux livres, est apparu sur Fox, CNN, PBS et d’autres enseignes médiatiques, et a inspiré des articles lui étant dévoués ainsi que des éditoriaux dans le New York Times, le Christian Science Monitor, le Chicago Tribune, ainsi que d’autres publications grand public. Ancien enseignant de Français, d’Arabe, d’Études Islamiques et de Lettres, il travaille actuellement comme organisateur bénévole, rédacteur à Veterans Today et chroniqueur à Press TV, Russia Today, al-Etejah et d’autres chaînes internationales. Son site web est TruthJihad.com (« le djihad pour la vérité »).
Kevin Barrett a dirigé la publication d’un ouvrage collectif sur les attentats parisiens de janvier 2015, qui a été traduit en français sous le titre Nous ne sommes pas Charlie. Des chercheurs indépendants questionnent le “11 Septembre” français. Parmi les 22 contributeurs, aux approches très diverses, les familiers d’E&R reconnaîtront Alain Soral, Laurent Guyénot, Imran N. Hosein ou encore Cynthia McKinney.
À la suite de cet entretien, nos lecteurs pourront découvrir un court article de Kevin Barrett consacré à la carte d’identité « magique » de Saïd Kouachi.
Une carte d’identité laissée à dessein expose la fausse bannière à Paris
« Ce fut leur seule erreur. »
Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, affirme que les terroristes qui ont attaqué Charlie Hebdo n’auraient jamais été rattrapés s’ils n’avaient commis une erreur fatale : ils ont commodément laissé une carte d’identité dans une voiture avec laquelle ils avaient pris la fuite et qu’ils ont abandonnée [1]. Depuis quand les criminels laissent-ils leurs papiers d’identité dans leurs voitures de fuite abandonnées ?
Un citoyen ordinaire, ne prenant pas de précautions particulières, peut tout à fait laisser un portefeuille, ou un porte-monnaie dans sa voiture en stationnement. J’ai moi-même conduit des automobiles à peu près 50 000 fois dans ma vie, et je crois que mon portefeuille a dû tomber de ma poche dans l’espace entre le siège du conducteur et la portière au moins... une fois.
Quelles sont les chances que des terroristes expérimentés, qui viennent tout juste de perpétrer un attentat dans le style hautement professionnel des forces spéciales, prenant toutes les précautions pour ne pas être identifiés, laissent accidentellement une carte d’identité leur appartenant dans leur voiture de fuite abandonnée ? Raisonnablement, zéro.
Donc pourquoi la police a-t-elle rapporté un événement qui n’a pas pu se produire ? En présumant que la police française ait réellement trouvé la carte d’identité du suspect de terrorisme Saïd Kouachi dans une voiture de fuite abandonnée, cette carte a dû être laissée là par quelqu’un voulant incriminer Kouachi. Même le légendaire détective français idiot, l’inspecteur Clouseau, ne manquerait pas de faire cette déduction éminemment flagrante.
La découverte de la carte d’identité de Kouachi ne l’implique pas ; elle l’exonère. Elle démontre qu’il a été un bouc émissaire innocent, piégé par les vrais coupables. La police et les agences de renseignements se servent régulièrement de fausses preuves pour appuyer des récits mensongers, condamner des gens innocents, et s’exonérer eux-mêmes. Des policiers américains qui tuent des citoyens désarmés placent souvent une arme à feu sur les cadavres, pour soutenir leurs allégations d’avoir tué en état de légitime défense. De telles armes à jeter par terre, que les policiers appellent des « sandwiches au jambon », sont conservées dans les placards des vestiaires de policiers et transportés dans les voitures de police, au cas où leur besoin se présenterait [2].
Pareillement, des cartes d’identité à jeter par terre ainsi que d’autres documents « accablants » sont régulièrement employés par les militaires, les espions, et les professionnels des forces spéciales qui supervisent les opérations sous fausse bannière. Songez aux preuves, d’une fabrication tellement évidente, utilisées dans la mère de toutes les opérations sous fausse bannière : le complot interne du 11 septembre 2001.
Les agents des services secrets ont placé non pas une, mais deux « valises magiques » conçues pour incriminer Mohamed Atta, l’homme égyptien innocent piégé en tant que chef présumé des crimes du 11 septembre. Selon le livre de Der Spiegel, Inside 9/11 : What Really Happened [Le 11 Septembre de l’intérieur : ce qu’il s’est réellement passé, NdT], la première valise d’Atta fut donnée à la police allemande par un « cambrioleur bon samaritain » autoproclamé. Le soi-disant cambrioleur a déclaré avoir volé la valise d’Atta au cours d’un cambriolage pour y découvrir des informations en rapport avec le terrorisme. En tant que citoyen honorable, ce cambrioleur au grand cœur n’a écouté que sa conscience pour livrer cette valise aux autorités.
Selon Der Spiegel, la police allemande, pas bête, savait bien que le cambrioleur autoproclamé n’en était pas vraiment un du tout, mais un agent des services secrets ayant placé de fausses preuves contre Atta. Der Spiegel cite la police allemande disant : « La seule question est, pour quelle agence de renseignements travaillait-il ? » (« la CIA et le Mossad », a répondu l’ancien ministre de la Recherche et de la Technologie allemand Andreas von Bülow, dans son livre La CIA et le 11 Septembre ; l’ancien Premier ministre italien Francesco Cossiga abonde, disant que « tous les cercles démocratiques en Amérique et en Europe, surtout ceux du centre-gauche italien, savent désormais que l’attaque désastreuse a été projetée et réalisée par la CIA américaine et le Mossad avec l’aide du monde sioniste, afin d’en accuser les pays arabes et convaincre les puissances occidentales d’intervenir en Irak et en Afghanistan [3] ».
En dépit de ses origines absurdes, cette valise pleine de documents fabriqués fournit quasiment la seule preuve présumée en appui au récit officiel des activités présumées d’Atta, en relation avec le terrorisme en Allemagne. Au-delà de la valise du cambrioleur bon samaritain, il apparaît que le Mohamed Atta original égyptien — celui qui était en Allemagne — était un étudiant en architecture doux, timide, sensible et calme sans aucun lien que ce soit avec le terrorisme, sous quelque forme que ce soit. Pourtant, le « Mohamed Atta » qui a attiré l’attention sur lui-même en Floride avant le 11 septembre, se livrant à des scènes publiques mémorables tout en portant presque une pancarte lisant « je suis un terroriste d’Al-Qaïda » autour de son cou, était une grande gueule au verbe grossier, obscène et violent qui sortait avec des stripteaseuses, éventrait des chatons et parlait couramment l’hébreu [4].
La deuxième « valise magique » du Mohamed Atta parlant couramment l’hébreu, mieux connue, fut celle qu’il aurait faite enregistrer pour son vol très matinal depuis Portland dans le Maine à Boston, le 11 septembre 2001. Selon le rapport de la Commission sur le 11 Septembre, la valise était miraculeusement préservée, et fut livrée aux autorités alors qu’elle n’avait, on ne sait comment, pas réussi à faire le transfert entre le vol de correspondance d’Atta de Portland à Boston et le vol 11, qu’Atta aurait piloté jusqu’à l’encastrer dans la tour Nord du World Trade Center. Si la valise avait été transférée comme il eût fallu, nous est-il dit, elle aurait été détruite quand l’avion s’est écrasé.
Cette valise magique donna aux autorités les seuls indices qui leur permirent d’identifier les 19 pirates de l’air présumés, moins de vingt-quatre heures après les faits. (Aucune des listes de passagers ne comportait de noms arabes ; aucun(e) employé(e) des lignes aériennes ne se souvient avoir enregistré, ou fait monter à bord le moindre pirate de l’air présumé ; et aucune des centaines de caméras de sécurité de l’aéroport Logan à Boston, de l’aéroport Dulles à Washington DC, ou de l’aéroport de Newark n’a pris une seule image authentifiée d’un seul des 19 Arabes présumés coupables des attaques du 11 septembre 2001 [5] [6].)
Cette valise contenait non seulement une liste des 19 boucs émissaires, mais également le testament présumé des dernières volontés d’Atta. (Pourquoi un pirate de l’air suicidaire ferait-il enregistrer le testament de ses dernières volontés dans un avion condamné ?) Le doyen britannique du journalisme au Moyen-Orient, Robert Fisk, a ri du testament présumé d’Atta, en soulignant qu’il commence avec un bismillah bâclé : « Au nom de Dieu, de moi-même et de ma famille... » Aucun musulman n’écrirait une chose pareille. Comme le suggère Fisk, le document présenté comme étant le testament d’Atta a dû être contrefait par un agent des services secrets incompétent [7]. La valise a forcément été placée là.
Et ce n’est pas que l’opinion de Robert Fisk. Seymour Hersh, le doyen du journalisme d’investigation américain, cite une source des renseignements US de haut niveau comme ayant dit, à propos de la valise magique d’Atta : « Quelle que soit la piste qui a été laissée, elle l’a été délibérément — pour que le FBI coure après [8]. »
Les deux valises magiques d’Atta ne sont pas les deux seuls exemples d’indices du 11 Septembre maladroitement placés. Un autre est le « passeport magique » du pirate de l’air présumé, Satam al-Suqami. Ce passeport, avec une apparence aussi impeccable que la « balle magique » de l’assassinat de JFK, fut prétendument découvert par un individu anonyme, sans possession intermédiaire, près des deux espaces plats de sol fumant, où les tours hautes de 110 étages avaient explosé en fine poussière [9].
Deux autres « passeports magiques » furent découverts à Shanksville en Pennsylvanie, près du trou large de 3 mètres sur 5 dans le sol où le vol 93 est présumé avoir disparu, sans laisser de débris apparents. Il s’agissait des passeports de Ziad Jarrah, un agent libanais du Mossad israélien, et de Saeed al-Ghamdi, un atout saoudien de la CIA [10].
Mais les valises magiques, ainsi que les passeports tout aussi magiques, pâlissent devant l’élément du 11 Septembre le plus évidemment fabriqué de tous : la « vidéo de confession du Ben Laden grassouillet » soi-disant trouvée en décembre 2001 par un soldat US anonyme à Jalalabad, et livrée sans chaîne de possession à l’administration Bush pour qu’elle soit brandie comme une preuve présumée de la culpabilité de Ben Laden. Le professeur Bruce Lawrence, un expert respecté sur Ben Laden, a catégoriquement déclaré à propos de cette vidéo : « C’est du flan ! » Lawrence ajoute que ses nombreuses connaissances au sein des unités chargées du cas Ben Laden, dans la communauté du renseignement aux États-Unis, savent que la vidéo est fausse — mais ils ont peur de le dire en public, parce qu’ils craignent les implications de l’innocence de Ben Laden [11].
Le 11 Septembre n’est pas le seul « crime d’État contre la démocratie » [SCAD, state crime against democracy, NdT] dans lequel de fausses preuves ont été placées à dessein pour impliquer des boucs émissaires innocents [12]. Dans un article intitulé « L’étrangeté des papiers d’identité perdus puis trouvés dans les cas de terrorisme — stupide ou sinistre ? », le journaliste Russ Baker souligne le fait que les assassins présumés du président John F. Kenney et de Martin Luther King avaient eux aussi commodément fait tomber des papiers les identifiant, ce qui a permis aux autorités de rapidement « résoudre » ces affaires.
Lee Harvey Oswald, accusé de l’assassinat de JFK, aurait laissé tomber son portefeuille sur les lieux du meurtre de l’Officier J.D. Tippit — le crime qui relia finalement Oswald à l’assassinat du Président. Les rapports initiaux de la police décrivent la découverte du portefeuille d’Oswald à côté du corps de Tippit. Mais lorsque cette découverte rencontra une vague de scepticisme, la police réécrivit ses rapports en ôtant les références au portefeuille magique.
Un autre bouc émissaire célèbre, James Earl Ray, fut piégé de façon similaire. Près du lieu où le meilleur tireur d’élite du département de police de Memphis, un agent de la Mafia nommé Earl Clark, tira sur le Dr King, un paquet d’objets en lien avec Ray fut abandonné. Il contenait le fusil de Ray, des jumelles, des vêtements, une radio, ainsi qu’une coupure de journal situant le lieu de résidence de King. Le verdict d’un jury civil prouva en 1999 que Ray avait été piégé par les réels assassins : une unité d’assassinats domestiques, constituée d’agents de la CIA et d’officiers militaires US de haut rang, commandant le 111ème groupement de renseignements militaires et le 20ème groupement des forces spéciales [13].
Ces exemples, ainsi que d’autres, démontrent que les agents des services secrets qui orchestrent les événements sous fausse bannière ne prennent souvent même pas la peine de déguiser la nature évidemment fabriquée des preuves placées pour impliquer des boucs émissaires. Par conséquent, nous ne devrions pas être surpris quand la police française nous dit — les yeux dans les yeux — qu’un terroriste en fuite hautement professionnel a laissé sa carte d’identité dans une voiture de fuite abandonnée.