Comme si vous aviez oublié que vous avez autrefois éventré des femmes enceintes pour tuer la vie qui ne demandait qu’à naître Parce qu’il semblerait que le commerce triangulaire dont j’ai fait état ne soit qu’une histoire américaine, bien loin de vous Comme si vous aviez oublié que vous êtes de ceux qui sont partis peupler les États-Unis en décimant un peuple qui s’y trouvait déjà Comme si vous aviez oublié que les embarcations négrières quittaient autrefois les ports de Bordeaux, de Nantes pour se charger d’une bien sombre marchandise en cours de route
Jusqu’à me souvenir qu’au travers des siècles passés, vous n’avez jamais été qu’une bande de lâches moralisateurs qui a attendu elle aussi, autrefois, qu’une nation débarque pour la sauver Ce grand ami-ennemi qui vous complexe Parce que vous étiez occupés de l’intérieur de vos frontières, là encore, par un ennemi, ami d’aujourd’hui Jme suis souvenu que vous n’étiez au fond qu’une bande de petites pleureuses qui a eu besoin de se servir de tirailleurs à mettre en première ligne Une troupe sombre qu’il faudra blanchir pour que le monde ne sache pas qu’elle vous a aidé à remporter la bataille Une autre nation vous aidera, là encore, à reconstruire votre pays détruit Qu’avez-vous donc accompli seul ? Vous et votre franchouillarde condescendance Vous, ces colibris, qui aimaient tant à bourdonner dans les oreilles d’une personne noire, tout simplement parce que sa couleur de peau vous fait peur
Extrait de l’interlude "Le Bourdonnement Des Colibris" issu de l’album Révolution 2.0 (2019) de Nick Conrad.
Le problème de Nick Conrad tient principalement au fait qu’il n’a pas les moyens de ses ambitions. Lorsque l’on veut polémiquer, mieux vaut avoir une culture solide et une bonne compréhension des rapports de force en présence. Et du courage. Nick a beau jeu de reprocher aux Français blancs et aux Noirs « bounty » leur manque de courage sur la question de l’esclavage mais c’est lui qui n’ose regarder en face ni l’histoire ni le pouvoir...
Malgré les apparences, Nick Conrad, 36 ans, de son vrai nom Moukouri Manga, est un pur produit de la matrice française des années 80-90. Il en est même un bon élève : biberonné à l’antiracisme PS, il fantasme l’Afrique et rêve en américain. Un peu comme Macron finalement ! Issu d’une famille de protestants camerounais installée en France, le petit Nick grandit à Noisy-le-Grand (9-3). Son père est un diplomate déchu et sa mère évolue dans le milieu associatif. Enfant il passe par le conservatoire, adolescent il suit des études en hôtellerie-restauration (bac pro). La dernière polémique lui a d’ailleurs fait perdre son emploi de réceptionniste en CDI dans un hôtel de luxe...
Pas vraiment un CV de gangster cher aux rappeurs hardcore... Nicky a bien passé du temps à l’hôpital mais personne n’a voulu lui tirer dessus dans le « ghetto », c’est la drépanocytose qui lui fait frôler la mort à de multiples reprises. Le grand méchant Noir aurait presque un parcours de « babtou fragile » !
Rappelons à Nick la différence entre un Noir et un « négro » :
Entre l’hôpital et l’hôtel, Moukouri s’est donc encanaillé avec le hip-hop, mais sans succès... L’une des grandes arnaques de « l’affaire Nick Conrad » consiste à nous faire croire que ses morceaux ont de l’influence. Entre 2008 et 2017, il sort cinq albums dont deux sous le pseudonyme de Nixon (américanisation quand tu nous tiens). Résultats des courses : anonymat total. Personne ne le connaît, personne ne l’écoute [1] et surtout pas les « jeunes » qui s’abreuvent jusqu’à plus soif de rap ultra-libéral dont le crédo se résume à « Vive le fric, fuck le reste ! ». Les rythmes jazzy, le flow old-school et les textes revendiquant la négritude du pauvre Nixon n’ont pas trouvé preneurs hormis quelques bobos bien blancs...
Petit à petit, Nix devient Nick (peut-être a-t-il appris l’existence de Richard Nixon entretemps) mais reste fidèle à sa posture black power, antiraciste et prosateur de la liberté d’expression. Toujours bon élève, il ira même jusqu’à rendre un hommage aux victimes du Bataclan :
Rappeur confidentiel, Nick Conrad s’est-il radicalisé ? Pas vraiment, son discours antiraciste, anticolonialiste, anti-esclavagiste est toujours le même. Il a simplement poussé l’exercice en mettant en scène son morceau Pendez les Blancs censé dénoncer par « effet miroir » les actes de barbarie commis par les Blancs sur les Noirs depuis la nuit des temps... Un clip qui passera complètement inaperçu durant des mois puisque Nick n’a pas de public, jusqu’à ce que d’obscurs militants « identitaires » se jettent sur la perle.
Là, tout s’accélère pour le Malcolm X de Seine-Saint-Denis : la classe politico-médiatique étant en pleine restructuration zemmourienne, la provocation artistique de Nick Conrad devient affaire d’État. Du pain béni pour les nationaux-sionistes qui tentent absolument de canaliser la France blanche périphérique en lui causant choc des civilisations et lutte raciale plutôt que prédation bancaire et lutte des classes...
Mais notre idiot utile qui se prend pour Frantz Fanon n’a pas compris, il pensait que Jean-Paul Sartre allait le soutenir, personne ne l’a prévenu de l’ingénierie politique et du changement de paradigme dont parle Alain Soral depuis quinze années déjà. Nick se croyait dans son bon droit et qu’importe si ses connaissances historiques s’arrêtent à un bac pro option tiers-mondisme, il est légitime ! Les Blancs sont méchants ! La preuve, ils le condamnent : 5 000 euros avec sursis en première instance (il a fait appel) le 19 mars 2019 dont 1 000 pour la LICRA. Merde ! La LICRA ? Mais je croyais que... Non, Nick, calme-toi, on va t’expliquer. Va faire un tour sur E&R. SOS Racisme c’est terminé, désormais c’est SOS Sionisme. Exemple : si tu avais pendu une autre communauté dans ta chanson tu serais déjà en train de regretter le Ku Klux Klan.
Le rappeur antisataniste Amalek est en colère, il a fait de la prison pour sa chanson Pute à juif :
« C’est de l’art, et ça reste fictif. »
Non, c’est de la politique et c’est bien réel. Mais tu n’as pas le niveau, Nicky.
Nick s’explique chez les GG qui ont le discernement politique d’une huître :
Nick s’explique chez Pascal Praud face aux nationaux-sionistes Charlotte d’Ornellas et Ivan Rioufol :
« Doux pays » est donc une réponse à « PLB » ?
Absolument, c’est un écho à la polémique qu’a suscitée PLB lorsque c’est sorti, et le déferlement de mensonges que ça a entraîné, notamment le fait que mon père était diplomate, alors qu’il ne l’est plus depuis 1984, que j’étais un riche millionnaire avec une immunité diplomatique, que j’étais raciste…
Il y a aussi d’autres choses que je dis dans le morceau, et les gens ne s’arrêtent que sur « Je brûle la France ». À un moment donné, j’explique l’histoire des Noirs, ce que je vis dans ce pays, et vous vous arrêtez sur « je baise la France ». Pour comprendre ce que je ressens, il faut que je le fasse ressentir. Sinon on continuera à nous prendre pour des moins que rien.
Ce nouveau clip arrive quelques mois à peine après votre condamnation pour « PLB », une façon de montrer votre désaccord ?
Mais bien sûr ! Je ne suis pas un terroriste. Dans PLB, il n’y a aucun appel à pendre les Blancs, c’est de la fiction autour de la question de l’individu noir en France. Moi la France, je la vis différemment. Pourquoi est-ce que je dois faire dix fois plus d’efforts qu’un autre pour être payé au même salaire ?
Pourquoi est-ce que je dois cravacher plus pour être reconnu ?
J’ai ouvert quelques bouquins d’histoires me concernant, à la recherche de moi-même dans la négritude. En fait, on est toujours renvoyé à un mur en France : « t’es pas un Français t’es un Noir », du coup ça m’intéresse de savoir qui je suis ! Est-ce que j’ai envie de faire des morceaux de ce type-là toute ma vie ? J’ai d’autres choses à faire ! Il serait peut-être temps aujourd’hui de comprendre que toutes les communautés répandues sur l’Hexagone participent à la nouvelle couleur française ! Ça il faut l’accepter. Et pour que ça avance, il ne faut pas avoir peur de poser des mots sur des choses qui font mal. C’est le premier pas.
Persuadé d’être dans son bon droit et envoûté par l’idéologie Black Power, Nick a surpris son monde en persévérant. Plutôt que demander pardon et d’abjurer Pendez les Blancs, il est revenu avec Doux Pays [2], un morceau et un clip dans lesquels il assassine, « baise » et « brûle » une femme représentant la France raciste, la France « des médias », la « mentalité française » qui l’a condamné alors qu’il récitait la leçon antiraciste sagement apprise. La France raciste ne tuera pas le grand Nick Conrad ! Le problème c’est que la France raciste n’existe pas et que la France oligarchique qui attaque le rappeur n’est pas tout à fait blanche et ne défend pas vraiment les intérêts des Blancs... Par contre les Français du quotidien n’ont peut-être pas envie de décortiquer les mises en abîme victimaires et offensives d’un Franco-Camerounais déguisé en Tupac et se cachant derrière Georges Brassens. Ils en prennent déjà suffisamment plein la gueule.
Nick aurait pu la jouer Mes excuses de Dieudonné, mais il n’a pas encore tout compris. Il pense que la LICRA est une association blanche défendant les Blancs, il pense que les médias sont blancs... S’il faisait l’effort, s’il avait le courage d’aller jusqu’au bout, il découvrirait même des choses sur les esclavagistes dont il rebat les oreilles des Français. Ces Français qui mériteraient réellement des excuses pour la confusion et l’hostilité vis-à-vis d’un pays qui n’a pas tant à se reprocher.
Sous pression nationale-sioniste comme tout le gouvernement Macron, Christophe Castaner s’est mis au diapason de la « droite » et a saisi la justice :
Pourtant, « baiser la France, brûler la France » ne semble pas si éloigné que cela des pensées et des actes commis par nos « élites »... Macron, Conrad, Zemmour : même combat ?
Du côté de la « gauche », toujours prompte à jouer l’idiote utile du pouvoir dominant, Benoît Hamon a vu une « certaine similitude avec des artistes provocateurs tels que Brassens, Gainsbourg et beaucoup d’autres » ; Mélenchon a quant à lui condamné mais reste discret sur l’affaire.
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Bon élève de la France antiraciste devenu sparring-partner de la France nationale-sioniste, Nick Conrad n’a toujours pas détaché les chaînes qui le relient à ses véritables maîtres... Courage, Nick !
Pour enfoncer le clou, ne manquez pas l’analyse de Vincent Reynouard sur la question :