Depuis les révélations du Canard enchaîné, la presse est souvent prise à partie dans les meetings du candidat de la droite. Interrogés par franceinfo, des reporters racontent une ambiance particulière, un climat « hostile », qui rend leur travail compliqué.
Jeudi 2 mars, à Nîmes (Gard). Ce jour-là, la crise politique bat son plein. Qu’importe, 3 500 militants gonflés à bloc sont venus écouter François Fillon, qui vient pourtant de vivre une journée très difficile, rythmée par les défections au sein de son camp. Le carré presse est au milieu de la foule et Ellen Salvi, journaliste à Mediapart en charge de la droite, va vivre un moment « étonnant » : « Il y a eu une vague de sifflets contre les journalistes. »
« J’ai vu des hommes qui ont l’âge de mon grand-père se lever et me faire des doigts d’honneur, puis mettre leurs doigts dans la bouche pour mimer un vomissement » (Ellen Salvi à franceinfo)
Ce comportement, s’il n’est pas majoritaire, témoigne néanmoins du climat qui règne désormais dans les meetings du candidat de la droite. Une ambiance en tout lieu opposée à celle qui existait lors de la primaire. D’affables et courtois, certains militants sont devenus hostiles, méfiants voire agressifs à l’encontre des journalistes. Franceinfo a donné la parole à ces reporters politiques afin qu’ils racontent leurs conditions de travail.
De l’agressivité chez les militants (et chez un élu)
Tous ont en mémoire certaines anecdotes particulièrement marquantes. Pour Aurélie Herbemont, du service politique d’Europe 1, c’était au Salon de l’agriculture, mercredi 1er mars. Alors que François Fillon a annulé sa venue, puis tenu une conférence de presse pour dénoncer sa probable mise en examen, le candidat a finalement décidé d’arpenter les allées du parc des expositions dans l’après-midi. Les micros et les caméras sont en nombre, les militants LR et les opposants « anti-Fillon » aussi. « C’était la bousculade », se souvient celle qui couvre la droite depuis 2010. « J’ai alors vu un monsieur avec sa petite fille et je lui ai dit de faire attention, sinon ils allaient se faire bousculer. »
« Et ce monsieur, qui est un soutien de Fillon, me regarde et me dit : “Collabo” » (Aurélie Herbemont à franceinfo)
« Les sifflets à la rigueur, je m’en fiche, mais me faire traiter de “collabo”, c’est très agressif. Ça m’a blessée. Il faut alors ravaler sa colère et aller voir quelqu’un d’autre », explique cette journaliste aguerrie, qui tient à souligner que ces comportements sont minoritaires. Jérémy Trottin, journaliste à BFMTV, a lui aussi été confronté à l’hostilité des militants fillonistes lors du Salon de l’agriculture. « C’était horrible. C’était des insultes contre la chaîne », relate-t-il. Mais le reporter a également dû faire face à un élu très agressif.
Hyper agressivité contre la presse de la part du service d'ordre de F. Fillon mais aussi de certains élus. La police en renfort @BFMTV pic.twitter.com/uiFbWj1CF5
— Jeremy Trottin (@Jeremytrottin) 1 mars 2017
« C’était au moment où Fillon est arrivé. Un homme m’a attrapé, tordu le bras puis a voulu prendre mon micro avant de finalement me pousser. J’ai découvert après qu’il avait déjeuné avec Fillon à midi », raconte-t-il. « C’était assez dur, très violent. » L’élu en question l’a finalement appelé le lendemain pour s’excuser et a reconnu qu’il n’aurait pas dû avoir ce comportement. Au meeting de Poitiers (Vienne), jeudi 9 février, Ellen Salvi a elle aussi été confrontée aux insultes : « C’était hyper violent, il était impossible de questionner qui que ce soit. La seule personne avec laquelle j’ai réussi à échanger m’a traitée de “nazie”. Les autres m’ont dit : “vous êtes une sale race, c’est de votre faute tout ça”. »
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Au meeting de Fillon à Orléans :