Natacha Polony, bombardée présidente du « comité Orwell » présente son think tank, ses objectifs, et son manifeste. L’idée est de remettre le journalisme au centre, et de sortir les médias du rôle de chiens de garde dans lequel ils sont trop souvent confinés.
Un belle brochette de rebelles
Le comité Orwell est formé des journalistes suivants : outre Natacha, qui cumule ou a cumulé des chroniques et rubriques un peu partout (Marianne, Le Figaro, ONPC sur France 2, Le Grand Journal de Canal+, Europe 1) , Jean-Michel Quatrepoint (Le Monde, La Tribune, Le Nouvel économiste, Chevalier de la Légion d’honneur), à l’origine de l’idée du comité, Alexandre Devecchio (Le Figaro et Figaro Vox), Emmanuel Lévy (Marianne), et Franck Dedieu (L’Expansion), et Benjamin Masse-Stanberger (L’Express).
Voici un extrait de l’échange avec le journaliste de Thinkerview :
Natacha Polony : Parce qu’il y a, non pas une chape de plomb comme ça a pu être le cas à un moment donné je pense, dans les années 90-2000, chape de plomb idéologique alors là épouvantable, les choses ont bougé, mais en tout cas qu’il y a, qu’il y avait, une façon de ne pas poser les problèmes, de ne pas les traiter, qui est la négation de l’idée qu’on se faisait du journalisme. donc nous avons eu envie de réfléchir à la pratique journalistique, de réfléchir à la façon dont les idées pouvaient être agitées, dont les informations pouvaient sortir [ben, il suffit de les sortir, NDLR], euh, nous avons sorti un texte, une sorte de manifeste, et ce manifeste a recueilli énormément d’écho.
Thinkerview : Qu’est-ce que vous appelez « énormément d’écho » ?
Polony : Ben énormément d’écho ça veut dire...
Thinkerview : 4 500 abonnés sur votre page facebook, 240 abonnés sur votre page YouTube, 305 vues sur votre colloque d’ouverture...
Polony : Ouais, oui, il me semble que d’arriver à mobiliser 250 personnes dans un colloque c’est quand même pas non plus, quelque chose d’évident, on a reçu énormément de messages nous disant bravo, merci de réfléchir à ça. Je pense qu’il y a aujourd’hui une insatisfaction énorme de la part des Français sur ce que sont les médias. Il y a une impression de ne pas être informés,
Thinkerview : Une trahison ?
Polony : Oui, oui oui, réellement, une forme de trahison et l’idée que les médias jouent un rôle de chiens de garde.
On l’aura compris, le comité Orwell, il veut le beurre et l’argent du beurre, le beurre de la collaboration (dans le sens noble du terme, c’est-à-dire des postes en CDI dans la presse dominante), et le prestige de la résistance. C’est le choix éternel entre l’argent et la popularité, entre l’élite et le peuple, entre le mensonge et la vérité.
Par exemple, Alain Soral est régulièrement pénalisé, économiquement, pour ses analyses pourtant truffées de vérités. Inversement, de l’autre côté de la barrière, des gens sont payés très cher pour énoncer des contrevérités. Quand on est gentil, on les appelle éditorialistes, sinon propagandistes.
On résume : la vérité coûte, le mensonge rapporte. C’est simple. On a tous, enfin semble-t-il, le choix entre la vérité et le mensonge. Mais il y a les tentations... Ceci étant dit, il est une loi d’airain, qu’on ne peut transgresser : on ne peut travailler pour la vérité ET le mensonge, pour César ET pour Dieu. Un certain gars de Nazareth (Palestine) l’avait déjà souligné il y a environ 2 000 ans. À l’époque, les gens n’avaient pas très bien compris.
L’entreprise du comité Orwell est louable, donc, mais à la lumière de la parabole du denier de César, comment peut-on être à la fois dedans, et dehors ; pour, et contre ?
Le Système ne le permet pas, on en sait quelque chose. Donc il y a quelque part une astuce, presque une filouterie. On croira donc Natacha et sa bande quand ils auront été foutus dehors de leurs médias respectifs, avec la marque des réprouvés à vie : réputation épouvantable, harcèlement des chiens de garde, chute drastique des revenus. Et là, on les accueillera chaleureusement, les bras ouverts, avec une assiette de soupe, et de la bonne grosse fraternité des familles.
En attendant, pour s’arracher des quelques centaines de vues que le comité a péniblement engrangées, et atteindre nos stats himalayennes (tout est relatif), il faudra prendre beaucoup (plus) de risques éditoriaux, énoncer beaucoup (plus) de vérités, et rester droits dans la tempête.