Incroyable comme l’État islamique, bombardé à mort en Irak et en Syrie, arrive à organiser quand ça lui chante où ça lui chante des attentats de petite, moyenne et haute intensité. La preuve d’une remarquable organisation avec un plan mondial de déplacement de la terreur. On y croirait presque si l’on était des fervents spectateurs du journal de 20 Heures...
Vendredi 18 août 2017, le lendemain des deux attentats qui ont tué 14 personnes et fait plus de 100 blessés graves en Espagne, c’était au tour de la Finlande d’avoir son tremblement de peur avec un homme qui a poignardé des passants. Un Marocain de 18 ans a tué deux personnes à Turku. Blessé à la jambe par les policiers, il n’a pas encore expliqué son geste. Le communiqué de la police dit :
« L’attaque a d’abord été qualifiée de meurtre, mais pendant la nuit, nous avons reçu des informations supplémentaires qui indiquent que les infractions pénales sont maintenant des meurtres et des tentatives de meutres avec intention terroriste »
Cinq autres personnes ont été arrêtées dans la foulée. La Finlande est passée en ce qui concerne le risque terroriste de « faible » à « élevé », l’échelle comptant quatre niveaux. Il y aurait en Finlande, d’après les autorités, 350 personnes à surveiller, l’équivalent de nos radicalisés.
Le lendemain, soit le samedi 19 août 2017, c’était au tour de la Russie d’être touchée par un poignardeur de rue, dans la ville de Sourgout (Sibérie). Cette fois, l’acte a été revendiqué par l’État islamique, rapportent les autorités russes. Sept personnes ont été blessées, dont deux gravement.
Prenant ces faits en compte, on relit autrement les déclarations du député LR Georges Fenech, coauteur de l’enquête de la commission parlementaire sur les attentats de 2015, qui a proposé la création d’un service de renseignement européen pour lutter contre le terrorisme... islamiste, cela va sans dire. C’est le constat du Figaro du 18 août 2017, qui commence ainsi son article :
Paris, Nice, Berlin, Londres, Stockholm et maintenant Barcelone frappées au cœur… Poursuivant sa stratégie des « mille entailles », l’État islamique vient d’infliger un énième coup de boutoir à une Europe qui peine à fourbir la riposte. Face à la menace, les 28 pays de l’Union tentent de gommer leurs intérêts contradictoires pour mieux calibrer la réplique antiterroriste.
On y apprend que les services de renseignement des pays concernés cherchent à améliorer l’échange de données, les terroristes passant d’un pays à l’autre sans trop de difficultés, avec des degrés de surveillance divers. Les tuyaux mettent du temps à traverser les frontières, en tout cas plus que les Kangoo des tueurs...
Selon les statistiques officielles, 5 000 combattants de Daech sont issus des pays européens, mais tous les services de pays concernés n’ont pas partagé leurs listes... Le paradoxe, c’est que Bruxelles ne peut pas interférer (théoriquement) dans les domaines régaliens des pays de l’Union, ce qui paraît être une vaste blague quand on connaît la puissance du souverainisme européiste dans les cas où ça l’arrange.
- Les terroristes n’ont qu’à bien se tenir
Dans le cadre de l’amélioration de ces échanges, vitaux pour la sécurité des pays en question, le maire de Nice Christian Estrosi (86 morts le 14 juillet 2016) organise une réunion les 28 et 29 septembre prochains. L’initiative part d’une bonne intention :
« Les actions de terrorisme low-cost se multiplient et les villes sont en première ligne. Il ne s’agit pas de se substituer aux compétences régaliennes de l’État mais les communes et leurs maires doivent s’imposer comme des partenaires incontournables dans le débat sur les actions à mener en matière de défense et de lutte antiterroriste. Ceux qui gèrent ces espaces publics ne peuvent pas être tenus à l’écart »
#Barcelone Pour Christian Estrosi l'UE doit aider financièrement les communes européennes à lutter contre le terrorisme pic.twitter.com/g5WOdY13G4
— franceinfo (@franceinfo) 18 août 2017
On espère que la sécurité des Français et de leurs voisins européens sera mieux assurée que celle des Niçois le 14 juillet 2016. Et que le tropisme israélien d’Estrosi n’interférera pas trop avec les intérêts des pays touchés par ce terrorisme étrange, on le rappelle, puisqu’il ne correspond à aucune revendication politique précise (à part le fantasme du « Califat », que même Erdogan a du mal à instaurer avec toute la puissance de son appareil militaire). Un terrorisme qui ressemble à une attaque de l’oligarchie contre les peuples, mais on peut se tromper. Car, second rappel, avant, le terrorisme touchait des cibles symboliques politiques. Ce n’est plus le cas.
Dernière minute
Un poignardage vient d’avoir lieu en Allemagne. Mais la piste terroriste est écartée car, comme l’écrit Le Parisien, il ne s’agit que de deux Syriens qui ont tué un Irakien :
Allemagne : deux adolescents syriens arrêtés après avoir poignardé à mort un Irakien https://t.co/WqRpxgGNjv
— Le Parisien (@le_Parisien) 19 août 2017