La chose qui nous a choqués avant même les propos très charlie (c’est désormais un adjectif, synonyme de scatologique, donc ni majuscule ni italiques, mais c’est un invariant, donc ni pluriel ni féminin) de Mila, c’est son visage. Tout le monde a remarqué que quelque chose clochait : nez trop fin, yeux immenses, couleur surnaturelle, bouche pulpeuse, joue mouchetée, en fait on avait affaire à un personnage idéal virtuel. Une construction numérique fondée sur les désirs des hommes ou des femmes, peu importe. Quand après ce choc visuel, produit par une créature hybride du XXIe siècle, on a vu la vraie Mila chez Yann Barthès, là on a eu un second choc : c’était une fille sans grand relief, normalement potelée, toute la magie de la vidéo avait disparu. Même son langage était devenu convenable, et convenu.
Chapeau à Mila, elle a tenu bon face à Yann Barthès qui aurait sûrement bien aimé la détruire, comme d'autres avant elle.
— Alex (@AlexLeroy90) February 3, 2020
Après Mila sans filtre, Mila avec filtres :
Soutenue par la barthèssosphère pour des raisons communautaires bien comprises, Mila a prouvé que le gauchisme libertaire homosexualiste avait un lien plus que solide avec le national-sionisme, et ça c’est politiquement intéressant. Dit de manière plus triviale : les homos des deux (ou trois) sexes n’aiment pas les racailles (sauf au pieu pour certains masos) ni les islamistes. Il y a donc convergence objective entre Zemmour et Barthès, mais ce n’est pas le sujet.
Le sujet du jour c’est la beauté virtuelle, la beauté artificielle et la beauté réelle, sinon la laideur. Personne ne voulant se détruire le visage pour passer – ça concerne surtout les femmes – de belle à moche. Cela existe, des jeunes filles se mutilent (on ne parle pas des 70 000 jeunes filles excisées en France) ou se scarifient pour des raisons de déséquilibre psychologique, pensons par exemple à l’anorexie qui déféminise le corps. Plus de seins, plus de fesses, une disparition dans l’asexuel et le néant. De plus en plus de jeunes filles (avec quel pognon ?), on le sait, se font modifier le visage en fonction des critères de beauté dominants, on l’a vu avec Nabilla, qui crèche quasiment chez son chirurgien, une Nabilla qui ne sort pas un nouveau CD ou un nouveau film chaque année mais un nouveau visage.
Je suis une artiste et je suis le support de ma propre beauté évolutive, toujours avec un coup (de bistouri) d’avance :
A 19h55 dans #CLIQUE en clair sur @canalplus, @Nabilla reprend "Les Méchants" de @heuss_lenfoire. pic.twitter.com/aYDweG6Ket
— Clique TV (@cliquetv) February 3, 2020
C’est une production esthétique en accord avec les critères du moment, mais des critères qui sont lancés, comme des modes, par les stars. Nabilla a donc une fonction sociale bien définie, elle détermine des critères de beauté, des centaines de milliers de jeunes filles la suivent, sur Insta, et dans le tas, des milliers se font retoucher.
Mais cette femme est complètement perchée @Nabilla pic.twitter.com/1gLgS7WWUk
— sihame (@sihamebrch) January 31, 2020
Ce que ces dernières oublient, c’est que Nabilla, comme Mila, se font surtout retoucher sur Photoshop, donc sur écran, et quand on les voit en vrai, on tombe souvent (des nues) sur des filles non pas quelconques, mais juste normales. Plutôt mignonnes, sans plus.
Ce sont des adeptes de la beauté virtuelle, mais elles ont recours aussi à la chirurgie, on l’a vu avec le nez surnaturel de Nabilla, on appelle ça un nez Michael (Jackson), c’est-à-dire pas de nez, le jeune chanteur noir américain voulant effacer toute trace de négritude pour toucher le public blanc, considéré comme plus solvable. C’est le Marché qui défigure !
En face de cette production de beauté virtuelle (écran) ou artificielle (chir), il y a les femmes naturelles, qui ne touchent pas au visage que Dieu leur a donné. Certaines sont suffisamment belles pour ne pas avoir besoin des artifices de Nabilla ou Mila, d’autres sont jolies, d’autres encore moins jolies, et il y a des femmes dites moches.
La Belle et la Bête
Mais moche n’est pas une fonction sociale (alors que belle peut l’être), même si la beauté ou la laideur sont pour les femmes plus importantes que les hommes. Cocteau disait que la beauté faisait gagner trois semaines (en temps de séduction), lui qui avait mis le jeune dieu grec Jean Marais dans son lit.
Or, Cocteau était laid (par rapport à Jean Marais), et son talent artistique lui permettait d’accéder à la beauté... des autres. On remarque que la beauté physique, dans un monde de plus en plus laid moralement, est devenue une valeur très recherchée, et en même temps qui se démocratise grâce à la science, qui corrige la supposée laideur.
La beauté instaure une hiérarchie entre les femmes basée sur une valeur accordée par un consensus implicite. La mode, qui est produite par le croisement entre une industrie (cosmético-textile) et l’évolution physique des femmes, impose une beauté... provisoire.
La beauté est d’ailleurs une valeur à la fois très relative et très évolutive dans l’histoire :
L’Iran n’échappe pas à la règle, comme quoi ce que femme veut...
Les femmes sont suffisamment malignes pour correspondre au goût de l’époque ou du jour, notamment grâce à la mode et au maquillage. Mais il y a aussi la réalité physique : les femmes changent, la nouvelle génération, plus élancée grâce à une alimentation plus riche et plus équilibrée, n’a plus rien à voir avec la génération de nos arrières-grands-mères qui étaient le plus souvent courtaudes et trapues, proches de la terre...
Aujourd’hui les jeunes filles visent le ciel et tout est bon pour y accéder. C’est une transcendance très matérialiste, finalement.
Valeur sexuelle et valeur professionnelle : le cul ou le diplôme ?
Cependant, depuis le féminisme (années 70), la valeur sociale commence à concurrencer la valeur physique. Les femmes préfèrent de plus en plus la réussite professionnelle (« indépendante ») à la réussite physique (« pétasse »), ce qui n’est pas un mal. Le top, c’est la belle qui a réussi, mais en général, ça ne va pas trop ensemble, les critères physiques écrasant ou interférant avec les critères intellectuels. Et la pétasse se fait en général jeter au bout de 10 ans, remplacée par une pétasse aussi conne mais plus jeune.
Curieusement, mais tout aussi logiquement, c’est dans la génération des post 35 ans que se retrouve la catégorie de femmes qui misent plus sur la réussite professionnelle que sexuelle ou physique. Ce n’est pas une question d’âge ni de capacité, c’est simplement que la nouvelle génération arrive sur un marché du travail – ou du chômage – de plus en plus dur : l’option sexuelle avec la chirurgie, l’hypersexualisation, le développement des applis de rencontres et la pornocratisation encouragée donnant une chance aux plus audacieuses (ou folles) qui n’ont pas les chances culturelles des bien-nées ou bien éduquées.
La concurrence interféminine puis inter hommes/femmes s’est déplacée du sexuel au professionnel, et toutes n’ont pas les mêmes atouts. Les jeunes qui disposent de peu d’atouts professionnels parient sur la mise en valeur de leur aspect physique (Mila, Nabilla), l’agrandissement des seins et de la bouche, un travail anti-rides et des fesses de négresse, les autres peuvent s’en passer.
La pétassisation est un marqueur de paupérisation sociale.
Connaissance ou connassance
Le diplôme (par diplôme on entend le fait de miser sur les connaissances plutôt que sur la connassance) vaut largement une belle paire de nichons, surtout s’ils sont factices. Il n’y a pas de diplôme factice. La connaissance est un moyen plus sûr d’acquérir une place gratifiante dans la société qu’un beau cul, qui oblige à passer par un homme.
La connaissance, elle, ne se déprécie pas, elle se bonifie avec le temps... Que celles qui ont des oreilles (et des faux nichons) entendent !