Le 16 mars 2023, juste avant le vote décisif (qui n’aura finalement pas lieu) à l’Assemblée sur la réforme des retraites : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, accuse Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie qui voulait mettre à genoux la Russie, de tentative de « corruption active » à l’encontre d’un député LR. Car les Républicains, aussi mous que prudents, ne se sentent pas tous de voter une loi qui déclenche les barricades.
Mathilde Panot s’appuie sur un article du Parisien paru le 13 mars dans lequel une députée Les Républicains, non identifiée mais « plutôt opposée à la réforme des retraites », évoque une série d’appels de son camp et de la majorité pour la faire revenir sur son vote. L’un d’eux émane, selon elle, du ministre de l’Économie qui tente de la « convaincre du bien-fondé de la réforme… tout en glissant que le Gouvernement saurait être "attentif" à sa circonscription », écrivent nos confrères. On peut y lire que le ministre a personnellement contacté une élue LR, opposée à la réforme des retraites, afin de la convaincre. En échange, le ministre aurait assuré que le gouvernement saurait être « attentif » à sa circonscription. (HuffPost)
Panot, citant l’article 433-1 du code pénal relatif à la corruption active, en appelle à François Molins pour qu’il saisisse la Commission des requêtes de la Cour de justice de la République.
L'appel de @BrunoLeMaire à une députée LR pour voter la réforme des retraites en échange de "moyens pour sa circonscription" n'est pas acceptable en démocratie.
C'est interdit par le code pénal.
Nous demandons à @Francois_Molins de saisir la Cour de Justice de la République pic.twitter.com/TbD9EonqMR
— Mathilde Panot (@MathildePanot) March 16, 2023
La Macronie n’était donc pas très sûre de sa majorité à la Chambre, pour le vote définitif du 17 mars. LFI enfonce logiquement le clou, en mettant la pression sur le groupe LR et sa relation avec la Macronie.
Le ministre @BrunoLeMaire a-t-il tenté de corrompre des députés pour voter la #RéformedesRetraites ?
Ces faits sont punis par l'article 433-1 du code pénal de dix ans d'emprisonnement et d'une amende d'1 million d'euros. pic.twitter.com/6m3hDrE5l0
— Antoine Léaument (@ALeaument) March 16, 2023
Officiellement, il n’y a pas de corruption, car pour les LR et les Renaissance, le texte devait passer crème.
Pour ce député Modem interrogé par Bruce Toussaint, ceux qui s’opposent violemment (en paroles) à cette réforme « font du mal à la démocratie ». Donc ceux qui imposent une réforme antisociale à une majorité de Français qui n’en veulent pas font du bien à la démocratie ?
Il y a un mois, le député Renaissance de Paris Sylvain Maillard annonce, triomphant (à partir de 16’30), que les LFI ont peur du vote (entre autres de l’article 7, celui sur le passage de 62 à 64 ans), parce que, selon lui, ils savent qu’ils perdront...
Et quand le journaliste lui demande si un 49.3 serait un échec, Maillard avance que la Macronie détient une majorité à la Chambre pour voter la loi.
Un mois après cette fanfaronnade, Les Républicains sont fracturés, la Macronie est par terre, le Premier ministre en balance (son dircab Aurélien Rousseau quitte le navire), puisque Borne a engagé sa responsabilité sur le vote – non négociable ! – de la retraite à 64 ans...
Des députés Renaissance et LR, pour ne pas perdre leur circonscription, ont expliqué en off qu’ils s’abstiendraient ou voteraient contre la loi. La trop courte majorité théorique « Renaissance + LR » à l’Assemblée a condamné le passage en douceur de la loi. D’où le passage en force du 49.3, et la réponse de la rue.