La coalition arabe menée par l’Arabie saoudite a déployé début septembre des milliers de soldats au sol pour reconquérir Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des rebelles houthis depuis un an. Parallèlement, elle poursuit sa campagne de frappes aériennes entamée le 26 mars dernier sur la ville. Depuis près d’un mois, ces raids ne visent plus seulement les positions militaires des rebelles chiites houthis et leurs alliés mais surtout les zones résidentielles. Notre Observateur à Sanaa témoigne.
Hisham al-Omeysi est un habitant de Sanaa.
"Au début des frappes, la coalition visait surtout les camps militaires tenus par les Houthis. Notamment celui des forces spéciales situé rue Hadda, au Sud, et la caserne du quartier Fajja Attan [qui abrite notamment des batteries anti-aériennes, NDLR], au centre-ville. Certes, ces raids faisaient aussi des victimes parmi les civils, mais ils visaient principalement des positions militaires. Désormais, la coalition bombarde presque quotidiennement les zones civiles.
Hier matin [lundi 21 septembre], la coalition a commis un véritable carnage dans le quartier Al-Hasaba dans le nord de la ville. Les frappes étaient destinées à détruire la maison de l’ancien ministre Sam al-Ahmar, supposément occupée par des rebelles Houthis, mais elles ont détruit une maison voisine et tué 17 membres d’une même famille.
Depuis la semaine dernière, les avions bombardent quotidiennement le quartier Al-Jaraf dans l’est de la ville, qui est densément peuplé. Jeudi matin, les frappes avaient encore fait 11 morts parmi les civils dans cette zone. Alors qu’il était en train de filmer les dégâts causés par l’attaque, le caméraman d’une chaîne locale a trouvé la mort après une deuxième frappe survenue quelques minutes plus tard au même endroit. Dans ces raids, des entrepôts de stockage de nourriture et une usine de couches pour bébés ont également été visés.
Mercredi [16 septembre], la coalition a bombardé le domicile du neveu de l’ancien président Ali Abdallah Saleh [allié des rebelles], Yahia Saleh. Le problème c’est que son domicile se trouve en plein milieu d’un quartier très peuplé, Beit al-Miad.
Les gens, ici, ne comprennent pas pourquoi l’aviation de la coalition s’entête à bombarder les domiciles des dignitaires Houthis tous les jours depuis plusieurs semaines. Ces responsables ne vont pas rester chez eux tout ce temps en sachant qu’ils sont visés par les raids. Ce n’est pas logique."