Des masques, on veut des masques, où sont les masques ? Souvenez-vous, c’était il y a deux mois à peine. Les morts se comptaient par centaines tous les jours et l’État cachait tant bien que mal qu’il avait bazardé ses stocks de FFP2 et FFP3 depuis belle lurette, mobilisant toutes les forces disponibles pour « relocaliser une production made in France ». La filière textile tricolore n’a pas lésiné pour participer à l’effort de guerre, mais aujourd’hui 400 entreprises se retrouvent avec des millions de masques en tissu lavables sur les bras.
[…] 20 Minutes s’est entretenu avec Véronique Granata, directrice de l’Atelier d’Ariane, un fabricant de tissu dans la périphérie de Troyes (Grand Est), qui regrette de s’être lancée dans l’aventure.
Combien de masques n’avez-vous pas réussi à vendre ?
On possède à peu près deux millions de masques lavables de catégorie 1 qui répondent aux critères de performances définis par l’AFNOR et l’ANSM et qui attendent chez un logisticien qu’on doit payer pour garder des masques que personne n’achète.
Comment en êtes-vous arrivé là ?
On n’a plus de commandes. Deux millions, ça paraît beaucoup, mais au début de la crise, si on avait pu répondre à toutes les demandes qu’on avait, ça se vendait en deux jours ! Et encore, je suis gentille. Pour tout vous dire, on a été sollicités par une clinique du coin avant même que le gouvernement ne nous demande de nous mobiliser. Début avril, on avait des demandes de partout. […] Mais le temps qu’on dimensionne l’entreprise pour produire à grande échelle, on n’a pas pu répondre à la moitié des sollicitations.
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Êtes-vous déçue au regard des promesses du gouvernement de retrouver une souveraineté nationale sur la fabrication des masques ?
Ce qui est dur à digérer, c’est qu’on n’a pas eu d’informations. L’État nous a demandé de produire, mais à aucun moment il nous a prévenus que des achats avaient été faits de partout et qu’il allait falloir être prudents. Entre les mesures sanitaires à déployer et les approvisionnements à sécuriser puisqu’on n’arrivait pas à obtenir les matières premières, il nous a fallu du temps pour s’organiser. Puis, une fois que tout commence à rouler de façon industrielle, on n’a plus besoin de nous.
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