Musique anxiogène, images volées tournées depuis une voiture, comme s’il s’agissait d’un safari au zoo, Boulevard Voltaire cherche à nous faire peur avec un reportage « en immersion » à Marseille. En gros, le crack, les putes et les travelos, c’est la faute aux musulmans. Ah bon ? E&R facte-checke.
La droite méloniste à l’assaut de l’opinion dissidente
Les plus anciens et les plus avisés d’entre nos lecteurs auront sans doute remarqué la floraison de ces médias qui veulent les lauriers de la dissidence mais sans en prendre les risques. Et surtout, sans jamais remettre en question les fondamentaux du système mondialiste. C’est à ça qu’on les reconnaît. Des médias « alternatifs » au premier abord, mais finalement très consensuels quand on y regarde au plus près.
Leur but est toujours à peu près le même : profiter de l’effet d’aspiration de la dissidence pour finalement imposer un discours mondialisto-compatible sur les sujets clés. C’est la droite Zemmour-Goldnadel, donc celle de Boulevard Voltaire. Fidèle à sa ligne directrice, le média zemmourien tente une fois de plus de créer un front à droite contre l’islam en écho, et en soutien, avec « Israël avant-poste de l’Occident » selon leurs croyances hollywoodiennes.
Le résultat est saisissant. Le média judéo-droitiste (le pendant de l’islamo-gauchisme) n’y va pas de main morte quant à l’accentuation du côté angoissant. Alors même qu’il ne se passe pas grand-chose. En tout cas rien de nouveau. Le tout bourré de mots clés du type « islamisme », « grand remplacement », histoire que le spectateur puisse bien faire le lien entre ce qu’il voit et ce qui est au centre du discours zemmourien : l’islam.
Loin de nous l’idée d’attaquer le jeune journaliste qui a au moins le mérite d’aller sur le terrain, mais plutôt l’angle biaisé qui est en décalage avec ce qui est montré dans la vidéo. Et une recherche de sensationnel à peu de frais sur une situation certes pourrie, mais dont on cherche les liens avec l’islamisme.
En effet, ce que l’on voit ce sont plutôt les effets de la politique chère à Boulevard Voltaire, et toute la droite méloniste française, une immigration africaine majoritairement chrétienne (ou animiste). Si Marseille a incontestablement un problème d’immigration, ce n’est pas dû à un djihad planétaire qui nous unirait de fait avec les intérêts israéliens : le mal marseillais est plus profond que ça, et Boulevard Voltaire dans sa démonstration se prend les pieds dans le tapis de prière.
Les médias judéo-droitistes, qui fleurissent depuis la persécution de ceux qui pouvaient les contredire, se font une spécialité d’enfoncer les portes ouvertes sur Marseille. Comme s’ils découvraient l’eau chaude, à l’instar de l’autre média zemmouren Livre Noir, qui se fait peur au marché de Noailles, très prisé des touristes et situé à 100 mètres du commissariat de police.
Nous sommes contents que l’on s’intéresse un peu à Marseille, mais faisons-le bien. Contrairement à ceux qui se plaisent à pleurnicher sur les conséquences dont ils chérissent les causes, E&R va au bout de l’analyse. « C’est quand on commence à poser la question de “qui ?” que la température commence à monter. »
Entre les bobos et les clandos, les Marseillais face au grand remplacement
Le reportage le montre bien, on n’entend plus beaucoup l’accent de Pagnol dans la cité phocéenne. Au mieux, le journaliste a interrogé des néo-Marseillais, c’est-à-dire cette foule urbaine, aisée et progressiste, qui est venue s’emparer de l’immobilier local grâce à son pouvoir d’achat supérieur. Le Parisien, le Breton, sont venus chercher à Marseille l’aboutissement de leur utopie antiraciste, et la Nordiste Plus Belle la Vie en vrai. Ce mouvement de fond chasse mécaniquement les habitants historiques d’un centre-ville devenu trop cher.
Des Marseillais à Marseille, on n’en trouve plus beaucoup, mais l’islam n’a pas grand-chose à voir là-dedans. Idem pour le crack, plus lié aux migrants subsahariens qu’à l’islam. D’ailleurs les images montrent une nette prédominance africaine chez les pauvres hères du cracks ou chez les prostituées (susceptibles de s’appeler « Corinne », comme le veut Zemmour). On cherche vainement les traces d’éventuels militants d’Al « font du bon boulot » Nosra au milieu de ce désolant spectacle de la misère humaine.
Pour info, ce square est depuis toujours un haut lieu de la prostitution à Marseille. Le quartier des Réformés tout proche a été dans les années 80 le lieu de perdition de tous les toxicos accros à l’héroïne. Rien de nouveau sous le soleil, donc, mais si on peut mettre ça sur le dos des musulmans plutôt que sur celui des mondialistes, il y en a qui ne se gênent pas.