Après avoir cru qu’il pouvait mépriser du haut de son orgueil la révolte des gueux, le chef de l’exécutif, poussé dans ses retranchements – un détachement du peuple en colère est arrivé au pied de l’Élysée –, a cédé à la pression de la rue en accordant quelques grammes de pouvoir d’achat aux Français pauvres, notamment la rallonge du salaire minimum de 100 euros par mois.
Mais c’était sans compter sur la sagacité de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, une vraie femme de gauche, dont nous avons relayé l’intervention qui a été vue un million de fois !
Les hauts fonctionnaires de Bercy s’arrachent les cheveux car ils savent bien que les « cadeaux » faits au peuple par le président de la République ne sont que des effets d’annonce.
Macron le sait aussi mais il a choisi, dans l’urgence, de gagner du temps pour calmer le jeu en lançant des miettes aux pauvres. Hélas, une fois dans la main, ces miettes tombent elles aussi en miettes.
Démonstration par la sénatrice de gauche (il en reste) qui révèle toute la perversité de la générosité de l’employé de la Banque.
« Nous sommes dans une situation d’usine à gaz pour un enfumage total de nos concitoyens… En réalité la chose dont on est certains c’est que ce n’est pas une hausse salariale. »
Quand la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann dénonce l'arnaque de la hausse du #SMIC :
"Nous sommes devant une situation d'usine à gaz, pour un enfumage total de nos concitoyens."#GiletsJaunes https://t.co/LsfP8HJWnJ pic.twitter.com/ymKNPrvIoM— E&R National (@EetR_National) 17 décembre 2018
Et Lienemann de dénoncer la méthode gouvernementale qui consiste à vider les caisses de la Sécu pour soi-disant augmenter le salaire des Français. Déshabiller Pierre pour habiller Jean, et continuer à remplir les poches des oligarques, c’est le projet violemment et ouvertement antisocial des employés du pouvoir profond placés à l’Élysée et Matignon.
La sénatrice a pris la parole et dénoncé l’arnaque oligarchique lors de la Séance publique du 11 décembre 2018 (le lendemain du lancer de miettes) et son intervention se produit à 15h43. Un débat rendu public comme son nom l’indique mais que les Français n’ont pas souvent le loisir d’entendre : ils sont trop préoccupés par la lutte contre le libéralisme prédateur.
Le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste a publié la transcription de l’intervention de Marie-Noëlle :
« Tout d’abord, monsieur le ministre, nous sommes face à une usine à gaz, visant à un enfumage total de nos concitoyens.
Alors que nous sommes attentifs aux affaires budgétaires, nous ne sommes nous-mêmes déjà pas capables de comprendre précisément ce qui est proposé. En réalité, ce dont nous sommes certains, c’est que ce n’est pas une hausse salariale. Vous savez bien que cela fait une différence importante, puisque toute une série de personnes ne bénéficieront pas d’une augmentation de leurs salaires – je pense, par exemple, aux employés de la fonction publique. Surtout, il n’y aura pas de dynamique de revalorisation salariale, alors que celle-ci est nécessaire notamment pour les salariés moyens et modestes de ce pays.
Par ailleurs, la prime d’activité est calculée, on le sait, au regard des deux salaires dans la famille, compte tenu des allocations logement et de toute une série d’aides.
Ce n’est pas une rémunération du travail, c’est une aide publique pour compenser l’insuffisance des salaires. Je ne crois pas que les Français attendent aujourd’hui qu’une aide publique payée en vidant les caisses de la sécurité sociale se substitue à une nécessaire revalorisation de leur salaire. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)
Cette prime d’activité, il faut la demander et remplir, tous les trois mois, des papiers avant de savoir si elle est maintenue. On peut toucher la prime un trimestre et ne pas la toucher le suivant, parce que la prime de Noël, par exemple, vous fait passer “pile poil” au-dessus du seuil.
Quelle bureaucratie phénoménale ! Ce mécanisme va diviser les Français, alors que le Gouvernement aurait dû choisir de revaloriser le pouvoir d’achat des catégories les plus basses et des classes moyennes ! Une grande majorité des Français, et pas seulement les « gilets jaunes », attend cette dynamique.
Vous passez à côté du chemin, monsieur le ministre. Entre confusion des propositions et formulations de communicants bien pensées, vous donnez encore davantage à nos concitoyens le sentiment qu’on se moque d’eux, qu’on les méprise et qu’on leur apporte des réponses qui n’en sont pas ! »