Voici le message posté le 14 janvier 2018 sur Facebook par l’historien spécialiste de la Shoah (ils le sont tous) Tal Bruttmann. Il réagissait à la tribune de l’éditeur Antoine Gallimard dans Le Monde qui avait à l’époque renoncé à publier les pamphlets de Céline. L’éditeur avait écrit :
« Aujourd’hui, l’antisémitisme n’est plus du côté des chrétiens mais des musulmans, et ils ne vont pas lire les textes de Céline. »
Cette tribune revient en force au moment de la publication d’une autre tribune, le fameux manifeste des 250 contre le nouvel antisémitisme, comprendre l’antisémitisme musulman. Il est évidemment beaucoup plus pratique d’accuser les Arabes d’antisémitisme que d’antisionisme, qui est une opinion politique. Mais les juges sionistes ont décidé qu’il s’agissait de la même chose, et les juges sionistes sont juges et partie.
« Il a dirigé de 2001 à 2011 les travaux scientifiques de recherches pour la Commission d’enquête de la ville de Grenoble sur les spoliations des biens des juifs en Isère durant la Seconde Guerre mondiale. Il est également membre de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. » (Wikipédia)
- 15 mars 2014, Bruttmann bosse à Birkenau
Il y a aujourd’hui deux sortes d’agents sionistes actifs en France : ceux qui mettent le paquet sur les musulmans, et ceux qui mettent le paquet sur la prétendue extrême droite. Ces deux tendances peuvent être appelées la droite et la gauche sionistes, comme quoi il y a encore une coupure droite/gauche dans notre pays !
Tal Bruttmann, complètement inconnu au bataillon, entre donc dans la bataille entre droite et gauche sionistes pour donner son point de vue. À l’instar de Claude Askolovitch, le commissaire politique actuel de la matinale (du dimanche) de France Inter, il affirme que l’antisémitisme n’est pas le fait des musulmans mais de la paire Soral & Dieudonné. Accrochez-vous, la démonstration est... diabolique !
« Quand on aura un peu de recul sur l’histoire (entendu comme telle, ses étapes et sa chronologie) sur le projet de réédition des pamphlets de Céline, il fait peu de doutes que pas mal de choses s’en dégageront. Notamment le fait qu’un éditeur majeur estime normal, anodin, de préparer la réédition sans guère de précautions, de textes symboliques d’une période dont on pensait être débarrassé. Mais aussi sur la manière dont l’antisémitisme est analysé par certains, dont l’un des arguments lors de la polémique vient d’être repris par Antoine Gallimard himself, et que l’on peut admirer dans le dernier papier consacré par Le Monde au sujet : "Aujourd’hui, l’antisémitisme n’est plus du côté des chrétiens mais des musulmans, et ils ne vont pas lire les textes de Céline".
Rien que ça. Passons sur le fait que si si, les musulmans (les Arabes ?) savent lire, et même que certains lisent des auteurs français, y compris du Céline. Oui parce que les musulmans (les Arabes ?) sont français, depuis des générations (des fois ça remonte jusqu’à 1830). Et que dans nombre de pays arabes, où les régimes ont depuis des décennies promus l’antisémitisme élevé parfois en politique d’Etat, c’est aussi en publiant à tour de bras la magnifique production européenne, de Mein Kampf en passant par les Protocoles, en célébrant les "professeurs" Garaudy et Faurisson, inspirateurs d’immenses "penseurs" tels que le général Tlass, ministère de la Défense d’Assad et par ailleurs plumitif de l’antisémitisme.
L’antisémitisme d’aujourd’hui ne serait donc que le propre des musulmans. Un antisémitisme d’ailleurs sans aucune influence intellectuelle, d’instinct donc et pourquoi pas atavique, après tout.
En matière d’oeillères racistes, ca se pose là. À ma connaissance, ni Alain Soral, ni Dieudonné M’bala (X2) ne sont musulmans, et pourtant ils constituent les têtes d’affiches d’un antisémitisme qui se porte à merveille. Oui, en effet dans leur auditoire il se trouve des musulmans (des arabes, mais y’a aussi des gens d’origine turque et d’autres). Mais pas que. Et surtout pas une majorité. Parce que le public de Soral et M’Bala (X2) c’est aussi des braves petits gars (et filles) du Poitou ou des Ardennes.
Oui, des Juifs ont été assassinés par des djihadistes en France récemment. Et certains des djihadistes français, qui ont oeuvré ici ou au Moyen-Orient, n’ont pas été formé dans les Madrassa du Pakistan, mais biberonnés ici, par des discours véhiculés par des Soral and Co. et pas uniquement par un Islam radical qui sait aussi fort bien construire un discours antisémite s’abreuvant à toutes ces sources. Penser que cet antisémitisme là serait déconnecté de l’ensemble de la production antisémite, c’est ne rien connaître à cette histoire. Qui se rappelle aujourd’hui que le site suédois RadioIslam fut un précurseur sur le net de la jonction entre Islam, nazisme, négationnisme tout ceci au service d’un antisémitisme moteur ? On pouvait y trouver là tout les textes antisémites occidentaux que l’on voulait. Et oui l’antisémitisme "traditionnel" n’a pas fait de mort ces dernières années. En tout cas pour l’heure.
Et ? Il n’en est pas moins tout aussi existant. Ce n’est pas "l’antisémitisme des musulmans", c’est l’antisémitisme tout court qu’il s’agit de combattre. Et certainement pas de le réduire à une catégorie de population, qui seule en aurait l’apanage. Parce que rééditer de manière normalisée des pamphlets antisémites en 2018, c’est pas un coup des Musulmans qui savent pas lire. »