« Les gens qui sont en colère ils vont faire quoi ? Ils vont voter Marine Le Pen. Eh ben moi j’ai pas envie de voter Marine Le Pen, moi je suis pas suffisamment en colère même après tout ça pour aller voter comme un con »
Ce qu’il y a de remarquable dans la phrase que nous avons isolée de l’interview du dessinateur Luz par Philippe Vandel (le 30 janvier 2017 dans Tout et son contraire sur France Info), c’est cette résistance à un désir de vengeance – résistance qui peut être très noble car elle permet de comprendre –, un désir de vengeance qui d’ailleurs ne sait pas sur quoi s’exercer (les commanditaires de cet attentat sont toujours dans l’ombre).
Mais surtout, derrière cette phrase, se cache la double idée que céder à la colère équivaudrait à épouser les thèses de Marine Le Pen (lesquelles ?), mais surtout, que l’ennemi c’est le Front national. Ce ne sont pourtant pas des patriotes français qui ont tiré dans les locaux de Charlie Hebdo.
Malgré le drame qui a eu lieu au matin du 7 janvier 2015, on peut constater que le dessinateur n’a toujours pas compris ou voulu comprendre où était son ennemi. Son repoussoir idéologique reste le FN, incarné par Marine Le Pen, et c’est cet aveuglement, au milieu de beaucoup d’autres, qui a mené le journal à la catastrophe...
Nous y reviendrons dans un article entièrement consacré à cette manipulation.
Vandel, le spécialiste de la question dérangeante, la pose à 3’40 :
« Après l’attentat, tout le monde était Charlie, tout le monde était pour la liberté d’expression, y compris la chaîne i>Télé qui l’avait manifesté publiquement, alors que quelques semaines plus tôt, ils avaient viré Éric Zemmour, parce qu’ils étaient pas accord avec ses propos. Est-ce que la liberté d’expression a des limites selon vous ? est-ce que ça s’applique quand on est de gauche mais pas quand on est de droite ? »
Et là, on touche aux limites du travail des dessinateurs de gauche, qui ont le « droit » de dessiner Marine Le Pen en étron ou le pape approchant un enfant avec des intentions pas catholiques, les mêmes dessinateurs déniant à ceux qui ne pensent pas comme eux de penser autrement ! Étrange tolérance à sens unique...
« Je ne peux plus continuer car je ne crois plus au dessin politique, ni en ma place, dans le dessin politique »
Et quand, dans cette même interview, Luz annonce qu’il ne croit plus au « dessin politique », c’est bien du dessin politique de gauche, ou plutôt oligarchique qu’il s’agit : car la gauche libertaire a les mêmes cibles que l’oligarchie « nationale »... C’est à ce croisement que se situe, selon nous, le mystère de l’attentat contre Charlie Hebdo.