Les propos du député LR du XVIe arrondissement parisien ont choqué le journaliste du Figaro.
La fièvre tropicale a-t-elle frappé le député LR du XVIe arrondissement de Paris Claude Goasguen ? Ce dernier semble avoir les yeux rivés du côté de la France Insoumise ces derniers temps. Il y a tout juste une semaine sur LCI, il estimait que « pour le moment, l’opposant le plus vigoureux, c’est Mélenchon ». Une analyse que l’ex-candidat à la présidentielle ne lui contestera sûrement pas. Pas plus que celle que semble livrer Claude Goasguen au sujet de la crise au Venezuela : « On ne peut pas imaginer que la CIA n’y soit pas pour quelque chose dans ce qui se passe au Venezuela », estime l’ancien député, invité sur France Info ce lundi.
« Fièvre tropicale » ? Il faut être sacrément aveugle, médiocre ou malhonnête pour ne pas voir la déstabilisation en cours au Venezuela. Quand on sait que la CIA a essayé d’empoisonner Castro un nombre incalculable de fois...
#Venezuela Pour le député LR Claude Goasguen "On ne peut pas imaginer que la CIA n'est pas derrière tout ça" pic.twitter.com/XGYpnwJ4pE
— franceinfo (@franceinfo) 7 août 2017
Goasguen : « Ça rappelle un peu le début des incidents au Chili, en espérant que ça ne se termine pas pareil. Les Amricains ont beau dire qu’ils n’y sont pour rien, pff, le Venezuela étant ce qu’il est, à proximité avec les États-Unis, sa puissance pétrolière... »
Jeune journaliste mainstream 1 : « Vous voyez la main des États-Unis derrière ? »
Goasguen : « Ils le nient, mais justement parce qu’ils le nient si fort, on ne peut pas ne pas imaginer que la CIA est pour quelque chose quand même dans ce qui va se passer au Venezuela. »
Jeune journaliste mainstream 2 : « Vous croyez vraiment que c’est le même schéma que le Chili de Pinochet ? »
Comme quoi l’anticomplotisme primaire peut facilement virer à la bêtise crasse ! Si les jeunes journalistes mainstream (JJM) du Figaro avaient un peu plus de culture historique et politique, ils connaîtraient l’histoire de l’extraordinaire développement de la puissance de United Fruit Company au Guatemala puis dans toute l’Amérique du Sud au XXe siècle, le tout en accord avec la CIA. Une réalité qui a justement donné l’expression de « République bananière »... Les petits curieux iront lire la biographie étincelante (mais en anglais) d’un certain Eli Black, contraction de Elihu Menashe Blachowitz...
Flotte de bateaux, élimination de la concurrence, élimination des hommes politiques lucides, monopole de la banane, corruption des gouvernements en place, destruction de l’opposition de gauche assimilée au « communisme », esclavagisation des travailleurs, surfacturation des grands travaux, création de milices fascistes... On en passe et des pires.
L’Amérique du Sud a été longtemps la chasse gardée en coupe réglée des États-Unis, et les épisodes cubain, puis brésilien, et enfin vénézuélien leur ont laissé un goût amer d’insolente indépendance dans la bouche. Et aujourd’hui, des JJM avec du lait sur le nez voudraient nous faire croire que la révolution « populaire » vénézuélienne est spontanée, un peu comme la « rébellion » syrienne de 2011, ou les Printemps arabes du début des années 2010...
Misère du journalisme !
Ce qui est étonnant, c’est que le doute est instillé par un député LR très conventionnel, après tout. Mais la sortie de Goasguen rappelle celle de Lellouche, qui a abandonné la politique depuis, chez les bobos de l’émission 28 Minutes d’Arte, présentée par l’immense géopoliticienne Élisabeth Quin. Il a ce jour-là scotché les bien-pensants en plateau avec sa démonstration sur la destruction programmée des nations de l’Union européenne à coups d’injections migratoires. Si maintenant les députés de droite se mettent à la dissidence...
En général, dans les médias dominants, la seule « fausse » note sur le Venezuela (ou la Chine avec le Tibet) vient de Mélenchon. C’est lui qui prend tout dans la gueule depuis l’accélération sanglante de la déstabilisation politique à Caracas. Le Figaro a l’honnêteté de rappeler les termes du député FI Adrien Quatennens interrogé par RTL. Ce dernier fustige
« une opposition très nette qui va de la droite à l’extrême-droite notamment soutenue par les États-Unis d’Amérique... On est en train de nous faire croire que Maduro est responsable de la crise de tout point de vue. Bientôt vous verrez même Trump intronisé comme sauveur. »
Les députés de la France insoumise vont évidemment plus loin que Goasguen, qui reste un indécrottable américanophile. La preuve, il dénonce en fin d’interview la « dictature » de Maduro.
Politiquement, Mélenchon est plus attaqué à gauche qu’à droite, surtout dans la presse. Mediapart et L’Obs ont récemment concentré le tir sur le seul soutien offciel de Maduro en France. On ne parle bien sûr pas d’Alain Soral et d’E&R, puisque nous sommes en quelque sorte hors compétition. Commençons par Mediapart, qui dénonce dans son édition du 3 août 2017 le positionnement du mouvement de gauche :
Si Jean-Luc Mélenchon, qui n’a jamais caché son admiration pour Hugo Chavez, n’a pas encore fait de commentaires, Éric Coquerel a donné son opinion sur Cnews, ce mercredi matin : « Ce n’est pas une dictature, on peut juger de la manière dont se fait la répression, on peut juger de la manière dont le président Nicolas Maduro essaie de sortir de l’ornière, mais je pense qu’il y a des pousse-à-l’affrontement des deux côtés. »
Pour Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis, interrogé sur RFI, « quand on voit de France, on a parfois une désinformation totale. On a l’impression que tout un peuple est dressé contre le gouvernement. C’est plus compliqué que ça (...) On a une opposition, depuis le début, depuis Hugo Chavez, qui fait le choix du coup de force ».
Notons encore l’approche arithmétique d’Adrien Quatennens, député FI du Nord : « Sur les plus de cent morts, la moitié sont le fait de l’opposition. »
Et l’auteur, après sa démonstration objectivement américanophile (dans la droite ligne de l’idéologie trotskiste d’Edwy Plenel) et le positionnement soi-disant injouable de la FI, de finir sur une magnifique citation :
À cela, Albert Camus répondait : « Si la vérité devait être de droite, alors je serais de droite. »
Si la vérité devait être du côté de la CIA, alors je serais du côté de la CIA... On ne peut mieux dire ! Quant à L’Obs, une image suffit :