La presse a enfin trouvé son feuilleton de l’été, l’affaire Grégory 2 commençant à s’effilocher. Et ce feuilleton, c’est la scission du FN, que tous les gardiens du Système appellent de leurs vœux depuis l’introduction de Maître Collard qui symbolise à lui tout seul la tendance droitiste, identitaire, libérale, européiste et pro-sioniste. Loin de la tendance Philippot, située plus au Nord et à l’Est, avec son tropisme social, souverainiste, anti-européiste et pas franchement sioniste. Une tendance, soit dit en passant, qui a permis au FN de doubler son score en moins de 10 ans.
Cependant, le parti est tiraillé par ces deux forces centrifuges, qui s’écartent l’une de l’autre et qui écartèlent le mouvement national. À terme, cela ne peut que péter, et créer deux tendances carrément opposées, même si le socle commun est encore fort, ce que Philippot rappelle aux journalistes. C’est d’ailleurs ce que la tendance droitiste reproche au numéro 2 du FN : l’omniprésence médiatique. Reconnaissons que Philippot, bon client des médias, est un habitué des plateaux TV et des studios radio. Mais il y porte une contradiction audacieuse et cohérente au discours dominant, déminant ainsi les questions relativement primaires que lui posent les propagandistes déguisés en journalistes et observateurs politiques.
Philippot use de sa stratégie habituelle. Il squatte les médias pendant tous les séminaires du FN. Lobbying de l'extérieur.
— Julien Rochedy (@JRochedy) 22 juillet 2017
Ce samedi 22 juillet, en plein séminaire à huis clos, le FN attire les journalistes comme un buffle blessé les hyènes et vautours. Philippot s’appuyant sur les médias pour fortifier sa position, très discutée en interne, son adversaire Nicolas Bay publie une contribution que L’Express s’empresse de relayer. La voici.
Contribution qui est une réponse à la contribution de Philippot qui avait été mise en ligne sur son site des Patriotes.
Le vice-président du FN y défendait un retour à la souveraineté basé sur une monnaie nationale, ce que Marie-France Garaud assène depuis toujours. C’est Attali qui disait qu’il ne restait à l’exécutif français plus beaucoup de prérogatives et ce, avec un petit sourire en coin. La conduite de la politique économique, la frappe de la monnaie, tout cela a été confisqué par l’Union européenne. Il ne reste à la France que la guerre (pour l’axe américano-israélien). Et Macron, opportunément, est en train d’affaiblir notre Défense, visant en cela le dernier pilier de la souveraineté nationale. Car qui dit moins de défense nationale dit plus de défense américaine, puisque la défense européenne n’existe pas. Un sort à l’Allemagne, une réintégration absolue et forcée dans l’OTAN, dont le but est de vaincre la Russie...
Tous les journalistes se frottent les mains depuis que les glaives sont sortis au FN. Mais en réalité, il ne s’agit que de démocratie et de mise au point idéologique, le parti de Marine Le Pen ayant donné l’impression de tanguer à ce niveau depuis deux ans : un coup de barre à gauche, un coup de barre à droite ; un coup pour les identitaires, un coup pour les sociaux, un coup sur les musulmans, un coup pour les défendre... Du bruit pour l’électorat, qui aurait aimé un discours et une ligne plus clairs. Ce qui n’a pas empêché 11 millions de Français de voter FN aux dernières présidentielles au second tour.
Pour en revenir au combat Bay/Philippot, il semble que la droite du FN, celle qui va naturellement s’allier avec la droite de la droite républicaine, n’insiste plus trop sur la défense absolue du souverainisme.
Pour Bay, l’arrêt de l’immigration massive suffira à rendre la souveraineté au pays, il ne sera pas utile de sortir de l’euro. Or la souveraineté ethno-culturelle ne va pas sans la souveraineté économique, puisque Bruxelles oblige les pays membres à accepter des millions de migrants. Comment alors concilier la remigration et l’indépendance économique ?
Les droitistes du FN se placent dans une optique libérale compatible avec Bruxelles. L’intransigeance de Philippot à ce propos est considérée comme un repoussoir pour « une partie de l’électorat de droite » qui est légitimiste de ce point de vue. C’est-à-dire soumise aux diktats bruxellois dont elle ne voit pas le mal. C’est un choix. Bay insiste sur les « risques pour l’économie » que ferait courir une telle séparation. Tout tourne autour de la reprise en main de la barre nationale. Bay, plutôt que de voir le FN apparaître comme un parti anti-européen, préfère proposer « un contre-projet européen ». C’est un peu la même position que Mélenchon, toutes proportions idéologiques gardées, qui ne cherche pas le frontal avec Bruxelles et la BCE, mais une sorte de réformisme dans la relation entre la France et l’UE. Pour Bay, le Frexit est une « caricature ».
En outre, les deux représentants divergent sur la raison qui a fait perdre des points à leur candidate lors du 1er tour des présidentielles : pour Bay, c’est d’avoir délaissé le thème de l’immigration, qui est porteur à droite ; pour Philippot, c’est d’avoir laissé le « social » à la France insoumise de Mélenchon. Et justement, c’est le site franceinfo qui lance la bombinette du jour, en titrant que Philippot aimerait « prendre un café » avec Mélenchon pour voir ce qui les oppose ! Poursuivant dans sa logique, il estime que la rencontre entre les « patriotes de gauche » et les « patriotes de droite » est bénéfique pour l’opposition au libéralisme antinational. En passant, il en profite pour déminer un peu les mines que les journalistes avaient posées autour du séminaire du FN :
« L’ambiance était très positive et très constructive, bien éloignée de ce que j’ai pu lire ici et là avant l’ouverture des travaux. On nous annonçait l’apocalypse. Au contraire, c’était intéressant. On a parlé de l’organisation du mouvement, de son ancrage local. (...) Il n’y a pas eu de règlements de compte. »
Suite au prochain épisode. Mais on voit se créer la possibilité d’un mouvement souverainiste transcourants, c’est-à-dire traversant les lignes droite/gauche qui ont été établies comme un cordon sanitaire par le Système à cet effet : empêcher toute union nationale antilibérale forte. L’appel du pied de Philippot à Mélenchon, ce rapprochement que Soral prône, est de ce point de vue historique.