Accusé de sexisme à cause d’une note destinée a sa direction, l’ingénieur américain James Damore a été licencié de Google. Pour David Desgouilles, la façon dont ses propos ont été déformés et son renvoi montrent la toute-puissance de certains militants féministes.
Cette fois, on ne peut pas dire qu’il ait dérapé. L’homme en question avait pesé et soupesé son propos. Prévu des termes pour amortir son propos, ce qu’on appelle en langage commercial des « coussins », comme s’il sentait qu’il s’aventurait en terrain glissant. Il faut dire que l’homme n’est pas n’importe qui ; il connaît mieux que quiconque les risques puisqu’il est cadre chez Google. Mais cela n’a pas suffi. Il a été chassé, traqué, jusqu’à ce qu’il soit démis de son poste.
James Damore avait simplement voulu engager un débat avec sa hiérarchie. Il avait souhaité mettre en garde sur les effets contreproductifs de la discrimination positive et des exigences en termes de parité, arguant que « les différences de distribution de certains traits entre hommes et femmes pourraient partiellement expliquer pourquoi nous n’avons pas 50% de représentation féminine dans les secteurs techniques et aux postes de direction ».
Bien mal lui en a pris. Son propos a été déformé, trituré. Il a eu les (dés)honneurs du Washington Post. En quelques heures seulement, sa (mauvaise) réputation a fait le tour du monde. Mais après tout, travailler dans l’une des plus célèbres entreprises mondialisées comporte aussi des inconvénients.
En France, on l’a accusé de promouvoir la domination masculine, d’avoir écrit un manifeste anti-diversité, commis une note sexiste, entre autres amabilités. À en croire la presse française, Google avait nourri en son sein un Zemmour de la Silicon Valley.
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On a donc twitté, et retwitté, diffusé à l’envi la version officielle. Les féministes américaines ne pouvaient décidément pas se tromper. Il était coupable, forcément coupable. Jusqu’à ce que l’auteure féministe Peggy Sastre décide de lire la note en anglais dans le texte. Et nous donne la vérité, publiée sur le site Slate. James Damore n’a jamais écrit ce que les dépêches françaises l’ont accusé d’avoir écrit. Il n’est pas l’homme que l’on a dépeint. Trop tard. Sa réputation est ternie, pour l’éternité.