Gestes déplacés, messages équivoques, pressions : de plus en plus de femmes de la « tech » dénoncent ce qu’elles appellent la « culture sexiste et de harcèlement » de la Silicon Valley, largement dominée par les hommes, et les scandales et démissions se multiplient, comme celle du patron d’Uber.
En quelques mois, il est devenu le symbole de ce mal qui gangrène la Silicon Valley. Travis Kalanick, 40 ans, a démissionné le 21 juin après, déjà, une série de renvois et de démissions d’employés et de hauts cadres, sur fond d’accusations de sexisme et de harcèlement. L’ancien patron du géant de la location de voitures avec chauffeur, connu pour ses blagues sur ses conquêtes féminines, était accusé d’avoir encouragé une culture d’entreprise sexiste propice aux dérapages.
Le monde de la Silicon Valley est depuis plusieurs années accusé de sexisme et de fermer les yeux sur le harcèlement sexuel. Mais depuis qu’une ex-ingénieure d’Uber a affirmé publiquement en février sur son blog avoir été victime de harcèlement – ce qui a fini par provoquer la démission ultra-médiatisée de Travis Kalanick –, les scandales s’enchaînent.
Fin juin, Justin Caldbeck a quitté sa société d’investissement Binary Capital après que six femmes ont affirmé avoir reçu des avances alors qu’elles cherchaient à lever des fonds. « Je suis tellement désolé », a déclaré l’intéressé dans un communiqué :
« Le déséquilibre qui existe entre les investisseurs de capital-risque, des hommes, et les femmes entrepreneurs est effrayant et je suis horrifié à l’idée que mon comportement ait pu contribuer à créer un environnement sexiste. »
Culture du harcèlement sexuel
Quelques jours plus tard, c’est un autre investisseur, Dave McClure, qui a avoué dans un texte intitulé « je suis un tordu », avoir « fait des avances à de nombreuses femmes dans le cadre professionnel ». Une dizaine de « femmes de la tech » venaient de dénoncer dans le New York Times la « culture du harcèlement » sexuel dans la Silicon Valley, certaines pointant nommément MM. McClure et Caldbeck. « Il est très important de dénoncer ce type de comportements (...), de façon à ce que le secteur puisse reconnaître les problèmes et s’y attaquer », a déclaré au quotidien Katrina Lake, la patronne de Stitch Fix, qui affirme avoir été victime de M. Caldbeck.