Quelle est la valeur du magot des Kadhafi ? « Quelque 400 milliards de dollars » (environ 360 milliards d’euros), estime l’homme d’affaires tuniso-suédois Erik Iskander Goaied, qui se consacre depuis trois ans à cette chasse au trésor.
« Pour la seule Libyan Investment Authority [la LIA, principal fonds souverain à l’époque du « Guide »], les avoirs représentent entre 60 et 65 milliards de dollars », évalue quant à lui l’expert américain Michael Bosco, du cabinet DLA Piper. Pour le reste, notamment le Libyan African Portfolio [un fonds officiellement rattaché à la LIA, mais en réalité très autonome], « les avoirs sont beaucoup plus difficiles à évaluer, car leur gestion était plus opaque ». De son côté, Éric Vernier*, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), à Paris, pense que le total des avoirs Kadhafi ne doit pas dépasser 100 milliards de dollars.
L’Afrique du Sud, premier pays d’accueil des fonds Kadhafi
Quelle que soit la somme, elle suscite toutes les convoitises. Depuis 2013, beaucoup de regards se tournent vers l’Afrique du Sud, où, selon la presse, de nombreux actifs libyens sont dissimulés dans une demi-douzaine de banques locales. « C’est le premier pays d’accueil des fonds Kadhafi, devant les États-Unis, la Suisse et l’Italie, confirme Éric Vernier. Du temps du Guide, il y avait beaucoup d’investissements croisés entre la Libye et l’Afrique du Sud. De plus, ce pays est stable politiquement et relativement opaque sur le plan financier. C’est l’endroit idéal pour ce genre de transferts. »
Pour essayer de récupérer ces fonds, les premiers gouvernements libyens post-Kadhafi ont mobilisé quelques hommes d’affaires bien introduits auprès de l’ANC, le parti au pouvoir à Pretoria. En avril 2013, deux d’entre eux ont même réussi à être reçus par le président Jacob Zuma. Mais ensuite, celui-ci a fait la sourde oreille.