Mathieu Amalric, Christine Angot, Josiane Balasko, Étienne Balibar, Jean Benguigui, Emmanuelle Bercot, Christian Boltanski, Daniel Buren, Sophie Calle, Marie Darrieussecq, Raphaël Glucksmann, Claude Lanzmann, Laetitia Masson, Gaspard Noë, Fred Vargas, ont signé l’appel des 800 pour que l’on (nous, donc) fasse quelque chose pour sortir les habitants de la jungle de Calais de leur enfer.
On note que « nos » 800 artistes ne se sont jamais bougé le cul pour les chômeurs de Calais, ou les SDF du coin. C’est comme ça, l’artiste parisien ne verse sa précieuse larme qu’en cas d’exotisme. Le SDF, c’est pas glamour, pas vendeur : ça traverse pas la Méditerranée à la rame, ça ne possède pas 5 à 7000 dollars pour faire le voyage, ça ne réclame rien (c’est trop écrasé pour ça), ça ne déplace pas les associations antiracistes, puisqu’elles acceptent le racisme de classe (y a qu’à regarder qui les dirige et t’as compris), ça n’a pas de potes dans les médias, c’est pas connecté à l’un ou l’autre des lobbies qui se partagent le pouvoir aujourd’hui, c’est moche, ça pue, c’est pauvre et c’est con. Les SDF, le showbiz s’en bat les couilles.
Les 5000 habitants de Calais ont soudain déclenché dans notre élite culturelle un élan immense de compassion, mais surtout, de prise de conscience. Merde, on peut pas traiter ces sous-hommes comme ça, et puis nos marges baissent, elles aussi, les salles de cinoche sont moins remplies, depuis que la crise capitaliste (un pléonasme) vide les bourses des Français. Ils sortent moins, ces salauds. Alors on doit se bouger pour exister, pour faire savoir qu’on est là, nous les pensants, les bien-pensants, les mieux-pensants.
Ah la triste bande de couilles molles, aurait dit Audiard (père), qui détestait cette engeance. Oui mais voilà, madame, faut bien bouffer, et bouffer avec lui, ce diable de showbiz.
Évidemment, y a qu’un média pour relayer cette imposture grand format, c’est Libé, qui signe une nouvelle formule numérique, encore plus belle, pour encore moins de lecteurs. La liste, elle, fait peur. On ne fera pas de commentaires désobligeants sur les zozos qui la composent. Parmi eux, toute la gauche caviar au grand complet, cette espèce de réseau pas assez occulte, à notre goût. Et cette prétention bornée qui vous saute à la gueule, quand on égrène les noms... La bêtise, la vanité, la frime, le manque de travail, le copinage, tout y est. Non non, rassurez-vous, on n’est pas en train de conchier la terre entière, par jalousie, ou haine secrète. C’est tout simplement que ces êtres délicats ne souffrent pas assez pour qu’ils aillent se chercher une souffrance surnuméraire. Là est l’abjection, dans cet appel au peuple, au public, au public payant, pour qu’il associe désormais les pauvres migrants en rade à Calais à ces artistes trop vus, trop entendus, trop promus. Une manière de se placer entre la caméra et la jungle, dans la lumière aveuglante des 20 Heures. BHLisation des esprits... faibles.
Triste France, par ça représentée. Il ne manque plus que le trou du cul géant Kapoor, le souilleur de Versailles (on attend avec anxiété son anus de 35 mètres, déposé devant l’Élysée, avec Fleur Pellerin qui se pâme), cette décadence même pas drôle, même pas chic, juste creuse. Dali, c’était autre chose, une classe, une grandeur, une noblesse (avec Coco Chanel sur la photo). On lui aurait demandé de signer cet appel à la médiatisation et aux dons, il aurait tout balayé d’une phrase géniale. Et nous on doit se taper ces ectoplasmes... Misères de l’époque.
Et pour couronner le tout, parce que sans ça y aurait pas de frisson bourgeois, Libé nous retartine de sa menace fantôme, l’extrême droite, les ratonnades dans la nuit, des hordes de fascistes qui enlèvent les migrants (de préférence noirs) pour les torturer et les relâcher... Va nous traiter de complotistes après ça ! La seule preuve qui incrimine "l’extrême droite", ce sont des "cheveux très courts". Il faut le voir pour le croire. Un des quatre grands quotidiens nationaux, qui dénonce un complot raciste à partir de coupes de cheveux...
« Cinq à six mille femmes, hommes et enfants, épuisés par un terrible voyage, laissés à eux-mêmes dans des bidonvilles, avec un maigre repas par jour, un accès quasi impossible à une douche ou à des toilettes,une épidémie de gale dévastatrice, des blessures douloureuses, des abcès dentaires non soignés. Et les viols des femmes. Les enfants laissés à eux-mêmes dans les détritus. Les violences policières presque routinières. Les ratonnades organisées par des militants d’extrême droite. Jusqu’à quand allons-nous nous taire ? »
Après l’appel des 343 salauds, ces hommes qui s’élevaient contre l’abolition de la prostitution, voici l’appel des 800 falots, atteints de soubresauts de pétitionnite sartrienne stérile. Pas besoin de le dénoncer, le réseau tout entier de l’entraide culturelle, de la captation des subventions et des budgets, se révèle, sous vos yeux.