Puisqu’il n’arrive pas à se hisser parmi les grands penseurs de son temps, le philosophe s’est mis à la politique, utilisant les thèses de l’extrême droite pour être enfin entendu.
Michel Onfray cherche-t-il à faire un clin d’œil à Marine Le Pen ? Ou serait-il, naïvement, bêtement, inconsciemment, en train de « faire le jeu » du Front national en se transformant en son « allié objectif » ? Voilà des questions fausses qui s’expliquent par une véritable méprise sur la nature du personnage. Il suffit de regarder ses livres – qu’il est fort difficile de qualifier de « sérieux », ou « de qualité » sans en rire – pour comprendre deux ou trois questions fondamentales. Puisque « Michel » ne se sent pas reconnu par le monde universitaire ni par celui de la « haute culture » en tant que philosophe, il s’obstine depuis plusieurs années à attaquer systématiquement de grands auteurs, afin de montrer qu’ils ne méritent pas la gloire dont ils jouissent. Qu’ils doivent celle-ci à leurs impostures, à leurs mensonges, à leurs falsifications. Ou à leurs privilèges de classe. Ou parce que ceux qui les ont adorés étaient eux-mêmes des tordus, des snobs, des salopards finis. Son identification délirante à Camus philosophe et sa haine farouche envers Sartre – qui l’avait d’ailleurs, à fort juste titre, méprisé – constituent d’excellents exemples. Et que dire de ses interminables diatribes contre Freud, Sade et même Kant ? Ces génies dont la seule existence révulse Onfray qui sait d’avance que, même en rêve, jamais cette qualité ne lui sera attribuée ?
C’est la véritable tragédie de ce personnage, qui estime que ceux qui lui préfèrent Freud, Sartre, Sade ou Kant se trompent. Mais il n’est pas à la hauteur et continue de cogner par désespoir, essayant de convaincre ses misérables lecteurs qu’il n’existe qu’un seul génie sur terre : lui.