Malgré la campagne intensive de bombardements de la coalition arabe menée par le régime saoudien, les rebelles houthistes n’ont pas perdu totalement leur capacité de riposte : ainsi, des obus de mortier et des roquettes Katioucha ont plu pour la première fois sur le territoire saoudien, dans la ville de Najrane, à deux kilomètres de la frontière.
La compagnie aérienne nationale Saudia a annoncé la suspension de ses vols intérieurs vers la ville-cible. Riyad a lancé ses hélicoptères Apache sur des cibles rebelles sur le sol yéménite afin de se venger de cet affront, qui met à mal les informations véhiculées par le régime, qui prétend que l’important budget militaire a permis de sanctuariser le territoire du Royaume.
Autre information significative de la difficulté pour Riyad de mener à bien son objectif de rétablir au pouvoir son homme lige, le président Abd Rabo Mansour Hadi : l’annonce faite par Macky Sall, président du Sénégal, d’envoyer 2 100 soldats, destinés à lutter sur le terrain contre l’insurrection houthiste et ses alliés. Une décision qui interpelle dans le pays, la presse et toute une partie de l’opinion publique étant furieusement hostile à cette aventure militaire. Seydi Gassama, président de la section sénégalaise d’Amnesty International, s’interroge sur cette décision :
« Sous quelle bannière les soldats sénégalais vont se battre au Yémen ? Sous la bannière saoudienne, non pas pour protéger la Mecque et Médine contre Al Qaïda ou l’État islamique, mais pour maintenir ce pays sous l’influence wahhabite fortement menacée par le chiisme des Houthis. N’étant pas autorisée par les Nations unies, dans un pays sans gouvernement légitime depuis plusieurs années, la légalité de cette intervention pose problème du point de vue du droit international. »
Un envoi de tirailleurs sénégalais, cette fois au service des princes arabes et non plus au service de la France coloniale, qui suscite l’interrogation au-delà des frontières du pays, Dakar ayant refusé de participer à la coalition africaine, constituée afin d’éradiquer le groupe Boko Haram.
On ignore pour l’instant dans quel région sera envoyé le contingent sénégalais, peut-être à Aden, deuxième ville du pays, où les combats de rue font rage depuis plusieurs semaines entre les milices populaires, fidèles au président Hadi en fuite à Riyad, et la rébellion houthiste, appuyée par des partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Plusieurs dizaines de conseillers militaires de la coalition ont été signalés depuis dimanche dans la ville, à proximité de l’aéroport international, que les insurgés convoitent.