Une armée de bénévoles érige des hôpitaux de campagne pour venir en aide aux plus démunis. À Memphis, ils étaient 600 à profiter de ces soins de santé gratuits pendant deux jours.
Ils se sont approchés par petites grappes. Taches noires encapuchonnées, un peu tremblotantes : le froid et une certaine appréhension. Il est trois heures du matin. Et c’est ici, devant la porte de cette école de Memphis (dans le Tennessee) qu’est prévu le point de contact entre les deux univers parallèles. C’est une rencontre du troisième type, mais parfaitement ordonnée : on attend ces visiteurs de pied en cap, et à chacun, le jeune Adel tend un numéro d’entrée. Le gros rouleau de tickets va jusqu’au numéro 1 000. Premier arrivé, premier servi.
- Les premiers patients attendent depuis 3 heures du matin
Matériel dernier cri
Cette rencontre devrait être soigneusement préparée. Les gros camions sont arrivés ces derniers jours après avoir traversé une bonne partie des États-Unis. Le matériel dernier cri s’est déversé par tonnes dans cette high school de Manassas, étrangement grande, comme disproportionnée, au point qu’il n’a pas été nécessaire de monter à l’extérieur les grandes tentes habituelles. D’ordinaire, toute une partie de cet établissement scolaire est utilisée par l’armée américaine pour former les futures recrues. L’aula et les salles de cours sont confortables et modernes.
Dans la longue salle sans fenêtres qui sert de stand de tir aux étudiants-soldats, les cibles et les drapeaux américains ont été rangés dans un coin. À la place, les nouveaux venus ont installé des appareils médicaux, du matériel d’ophtalmologie, et une multitude de sièges pour asseoir les patients.
Combler les lacunes du système
C’est un autre contingent qui, pendant deux jours, va prendre la place des instructeurs de l’armée. Le Remote Area Medical Volunteer Corps et son bataillon de plusieurs centaines de bénévoles, étudiants, médecins, infirmières : un corps expéditionnaire qui s’est donné pour tâche de combler les immenses lacunes du système de santé américain. Ici, une fois passé l’univers parallèle de la porte d’entrée, les soins médicaux sont gratuits. Aucune preuve d’identité à montrer, aucune question posée, pas un dollar à débourser.
- La salle de gym est transformée en cabinet de dentistes géant
Stan Brock, le fondateur
Il faudra attendre un peu avant l’arrivée en tenue kaki de Stan Brock, le commandant en chef de toutes ces expéditions et fondateur du RAM. Ancien aventurier, cow-boy en Amérique latine, celui qui a gardé son passeport britannique était déjà une célébrité il y a un demi-siècle avec son programme animalier Wild Kingdom, dans lequel il se battait à mains nues avec les anacondas.
Entre-temps, grâce à ses hôpitaux de campagne, il est devenu en plus une sorte de conscience morale des États-Unis. Son ami, le moine bouddhiste français Matthieu Ricard, le décrit comme un mélange « entre Indiana Jones et Gandhi ». Mais pour l’instant, Stan est occupé ailleurs : il supervise le largage de vivres en Haïti, pour les victimes de l’ouragan, avec l’un des sept vieux avions dont dispose son organisation et qu’il pilote souvent lui-même.
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