Sur les convictions religieuses de Voltaire, je conseille la lecture du Songe de Platon.
Voltaire y est très clairement gnostique : le Jéhovah de la Bible (appelé Démogorgon) est ravalé au rang de démiurge maladroit, et "l’étenel Géomètre" est élevé au rang de divinité suprême.
Je pense que ce petit texte est fondamental pour comprendre la psychologie de Voltaire.
Dans le cadre de ce type de gnosticisme, le relativisme moral est forcément la règle, puisque l’homme est coincé dans un monde perclus d’imperfections et qu’il est contraint de vivre dans un environnement hostile. Le péché originel est ici la nullité du démiurge incompétent, et l’homme ne saurait être tenu responsable de ses actes, même les plus condamnables. D’ailleurs "le grand Géomètre" se contente de dire au démiurge incompétent qu’il a fait du bon et du mauvais, et qu’il fera mieux la prochaine fois. Sa mansuétude doit être encore plus grande pour les créatures prisonnières de l’enfer créé par le démiurge.
Dans le gnosticisme, l’homme doit se libérer des chaînes de la matière, et réintégrer le plérôme. Certains textes gnostiques, comme l’hypostase des archontes, prétendent que c’est le serpent du jardin d’Eden qui permet cette libération (vous serez comme des dieux).
Je pense que Voltaire était un gnostique de type luciférien, tout comme Diderot (voir la page de titre de la première édition de l’encyclopédie, avec une représentation de Lucifer).
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