Boris Nemtsov était l’un des opposants les plus farouches au régime du Président Vladimir Poutine. Il est tombé cette nuit, assassiné dans les rues de Moscou non loin du Kremlin. L’assassin l’a abattu de quatre balles dans le torse et s’est enfui sans avoir pu être appréhendé. Depuis quelques heures, la presse occidentale et surtout la presse de Kiev s’acharnent médiatiquement sur cet événement, les uns en appuyant sur l’opposition de ce personnage politique d’importance en Russie, les autres en indiquant qu’il a été assassiné par Poutine.
Mais à qui profite le crime ? Croire que le Président Poutine, dans l’état actuel de la très forte popularité où il se trouve, avec un soutien populaire inédit de l’ordre des 75 % de popularité, pourrait s’avancer à ordonner un acte aussi terrible est mal connaître et la Russie et les Russes. Les médias occidentaux citent la participation de Nemtsov au ministère de Boris Eltsine, un homme désormais détesté en Russie et considéré comme l’une des plaies de la période noire de l’après-effondrement de l’Union soviétique. Si en Occident il fait référence, malgré son alcoolisme internationalement reconnu, en Russie, il est plutôt vu comme l’homme qui mena la Russie dans un état proche de l’anarchie, période où la mafia était toute puissante et la corruption galopante.
Ce serait insulter l’intelligence et l’habileté du chef de l’État de la Fédération de Russie, de penser qu’il aurait besoin d’un tueur pour supprimer un opposant politique qui ne représentait qu’une infime frange de la population russe et qui ne représentait plus guère que lui-même, même s’il devait prendre la tête d’une marche de protestation dans quelques jours. Rappelons que lors des dernières marches de ce genre, à Moscou, les médias occidentaux avaient repris des images des manifestations de 1991, où se trouvaient plus d’un million de personnes dans les rues, pour faire croire à l’opposition massive qui aurait été celle des années 2012 et 2013. En réalité, ces marches ont rassemblé entre 5 à 30 000 personnes, dans une ville de plus de 15 millions d’habitants alors que la Manif Pour Tous était capable à Paris de rassembler plus d’un demi-million de Français (un million selon les sources).
À qui profitera donc de ce crime ? Assurément en premier lieu à la Junte de Kiev. Elle lui permettra de lancer l’argument qu’il ne sera plus possible aux Occidentaux de traiter avec le Président Poutine. L’assassinat pourrait bien avoir été commandité, de manière concertée ou non, par un tueur isolé de l’extrême droite ukrainienne. De nombreux Ukrainiens vivent sur le territoire de Russie, l’opération était facile à mener. Plus que pour le gouvernement de Porochenko, les partis néo-nazis Svoboda et Pravy Sektor se frotteront les mains. Ils menaçaient hier sa famille, le forçant à s’éloigner en Allemagne, ils voulaient la continuation de la guerre contre les insurgés du Donbass, ils sont encore plus intéressés à cette mort. Ce crime rappelle pour beaucoup, la tentative qui fut faite de créditer les Russes ou les insurgés de la Novorossia (avec du matériel russe) de la destruction de l’avion malaisien. Il rappelle également le double crime de l’héritier du trône des Habsbourg à Sarajevo en 1914 et, quelques jours avant la guerre, du célèbre journaliste Jean Jaurès. Car la mort de Boris Nemtsov pourrait avoir des conséquences au moins aussi graves que celles de ces deux personnages historiques, qui déclenchèrent mécaniquement la Première Guerre mondiale. Il est évident que le gouvernement de Porochenko et les extrémistes nationalistes néo-nazis ukrainiens seront de grands bénéficiaires de ce meurtre.