Le gouvernement néolibéral n’a pas fini de se prendre les travailleurs appauvris par sa politique injuste dans la gueule, même en augmentant la répression policière. Le soulèvement des Gilets jaunes va-t-il entraîner des corporations dans la danse ? Les agriculteurs, eux, n’ont pas attendu le 17 novembre 2018 pour exprimer leur colère, tant ils sont sacrifiés sur l’autel de l’européisme et du mondialisme.
Les cultivateurs souffrent, mais aussi les éleveurs, et les dernières décisions de l’UE ne vont pas arranger leurs affaires et leur niveau de vie. Le 28 novembre 2019, le Parlement européen, complètement soumis aux lobbies des multinationales de toutes sortes, qu’elles soient européennes ou nord-américaines, a validé un accord qui va augmenter les quotas de bœuf US dans nos assiettes.
Heureusement, le Parlement nous rassure en nous disant que le triplement de ces importations (qui passent de 12 000 à 35 000 tonnes) ne concernera que du bœuf de « haute qualité » et « garanti sans hormones ». Mais il n’y a pas que les hormones dans le bœuf US trafiqué ! On sait tous que les Américains n’ont pas les mêmes règles sanitaires que nous, comme le détaille Libération :
« Les adversaires de l’accord dénoncent le label “haute qualité” de cette viande, alors qu’elle est simplement non traitée aux hormones. En effet, l’accord porte sur “l’importation de viande bovine de haute qualité provenant d’animaux non traités avec certaines hormones de croissance”. Comme l’expliquait Aurélie Trouvé, ingénieure agronome et porte-parole d’Attac, à France Info en juin dernier, “la plupart des bêtes qui servent à faire de la viande bovine sont engraissées dans des unités d’engraissement […], nourries essentiellement au maïs OGM et soja OGM, ça sera très compliqué de savoir si elles ont été traitées avec des antibiotiques activateurs de croissance”. Auprès du Monde, Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, regrette : “En fait, ces viandes américaines sont issues de bovins qui ont pu être nourris aux farines de sang de ruminants, aux farines de porc et aux litières de volaille”. »
Cette décision qui va encore tendre la corde de survie de nos petits éleveurs, ceux qui se plient à toutes les recommandations sanitaires des autorités de Bruxelles, découle de l’accord entre l’UE, le Canada et les grands pays sud-américains, ceux qui produisent du zébu de très basse qualité et en très haute quantité.
Un eurodéputé, le socialiste Éric Andrieu, a réagi par un communiqué dont voici les grandes lignes :
« En pleine guerre commerciale, le Parlement européen est sur le point de ratifier un accord commercial avec les États-Unis qui permettra aux Américains d’exporter sur le sol européen 35 000 tonnes de bœufs US, soit 3 fois plus qu’aujourd’hui. L’objectif est clair : présenter une offrande à Donald Trump afin d’adoucir ses positions ; les conséquences le sont tout autant : on sacrifie une fois encore l’agriculture européenne. »
« Alors que Trump taxe nos vins, nos fromages, et fait énormément de tort à notre économie, les dirigeants européens augmentent les quotas d’importation de bœuf américain, c’est un non-sens absolu. »
« L’Europe s’était engagée à ne conclure aucune négociation commerciale avec les États-Unis portant sur le volet agricole. Cela avait un sens vu tous les problèmes auxquels nos agriculteurs européens sont confrontés. Visiblement, l’Europe revient sur sa parole et l’agriculture est à nouveau une variable d’ajustement, sacrifiée sur l’autel des marchés. »
« Cet accord prévoit une augmentation des importations européennes de bœufs US, sans frais de douane. Et quelle augmentation : 35 000 tonnes à l’issue de l’accord, contre 17 000 tonnes actuellement, sur un marché européen de la viande bovine déjà totalement saturé. Tous les éleveurs n’y survivraient pas ! »
Qu’on ne se leurre pas : l’éradication de la petite agriculture française sous l’effet de la « libre » concurrence qui est le dogme meurtrier de l’UE, est en marche.