C’est ce qu’étaye de façon indiscutable une étude très approfondie sur la formation en Allemagne réalsiée sous le patronage du très officiel Bundesministreium für Bildung und Forschung, le ministère fédéral allemand à la formation et à la recherche, une information relayée par les médias allemands.
- Intégration réussie pour la star du foot allemand d’origine turque Mesut Özil
De nombreux clichés courent partout en Europe sur les relations entre immigration et économie : les entreprises européennes seraient généralement favorables à l’immigration parce que celle-ci permettrait à la fois de combler le manque de main d’œuvre (dans des pays comme l’Allemagne) et de faire pression sur les salaires.
L’immigration serait donc une chance pour l’économie (mais pas pour les salariés) et partant pour l’équilibre des comptes sociaux et publics. L’étude dont nous parlons, réalisée auprès de 4 500 personnes âgées de 15 à 79 ans et habitant en Allemagne depuis 12 mois au moins, balaye d’un revers de main l’ensemble de ces assertions. Elle jette un éclairage remarquable sur les questions liant les différentes immigrations et les équilibres économiques et sociaux des pays européens.
C’est le paradoxe de l’Allemagne par rapport à la France : en France l’examen de la réalité est quasi interdit parce que la réalité devient d’essence satanique si elle contredit l’idéologie officielle. La France des médias dominants devient un État néo-soviétique. En Allemagne, la tradition de sérieux et de rationalité demeure un des piliers de la culture de l’État prussien. Certes, l’étude Bildung in Deutschland 2014 (La formation en Allemagne en 2014), un pavé de 357 pages publié par W. Bertelsmann Verlag (wbv) sous l’égide de la très officielle conférence permanente des lands de la République Fédérale d’Allemagne et du Ministère Fédéral à la Formation et à la Recherche, veille à rester pétrie de bons sentiments. Et les médias mainstream sont restés prudents :
« Les Turcs sont ceux qui posent le plus de souci d’intégration » (Die Welt) ;
« Les Turcs ont complètement décroché »,
« Aucune chance n’est laissée aux Turcs » (n-tv, chaîne de télévision consacrée à l’info en continu, filiale de RTL) ;
« Les Turcs doivent sortir de leur rôle en marge de la société » (TAZ).
Les politiciens d’extrême-gauche et les Verts sont quant à eux furieux des conclusions « ethnicisantes » de l’étude.
- La chancelière Merkel félicité Özil pour la victoire de l’Allemagne contre la Turquie lors de l’Euro 2012
Celle-ci n’en permet pas moins de tirer un certain nombre de constats passionnants sur les questions liant les immigrations et les équilibres économiques et sociaux. Que révèle cette étude relayée par les médias ? Que le système de formation allemand, pourtant orienté vers les besoins de l’économie contrairement à son homologue français (avec pour corollaire le fait que ceux qui en sortent ont de bonnes chances de trouver un emploi) est loin de profiter à tous dans les mêmes proportions selon leurs cultures d’origine. Qu’on juge plutôt de quelques faits chiffrés :
Les Allemands d’origine sortent très majoritairement du système éducatif avec une formation professionnelle ou supérieure. Moins de 10% d’entre eux sortent de leur cursus sans qualification. C’est ce qui explique leur bonne employabilité et leur faible taux de chômage global.
Trois fois plus de personnes d’origine immigrée en revanche, soit 35%, quittent le système éducatif sans qualification. Mais les différences sont énormes entre les groupes ethniques : les 2/3 des Polonais par exemple possèdent une qualification professionnelle ou supérieure contre 41% des Turcs. Les Grecs obtiennent également d’assez bons résultats.
- Tous les immigrés en Allemagne n’ont pas le talent d’Özil
Les Turcs ont énormément de difficultés à s’intégrer économiquement et socialement en Allemagne. Et ce nettement plus que les autres groupes d’étrangers, et durablement : 50% des hommes et 60% des femmes d’origine turque sortent de l’école sans aucun diplôme de fin de scolarité. 14% seulement réussissent à décrocher le baccalauréat. Cela explique certaines autres caractéristiques sociologiques de ce groupe : 15% des Turcs vivent sous le régime Hartz IV (une sorte de « RSA » allemand), contre 7,6% des Grecs et moins encore pour les Polonais ; et les Turcs qui travaillent sont très souvent de modestes ouvriers qualifiés et non des techniciens recherchés et bien payés ; 70% des femmes d’origine turque finissent femmes au foyer alors que la plupart des Allemandes travaillent. Elles se marient d’ailleurs en moyenne à 23 ans contre 33 ans pour les Allemandes. Avec au mieux un seul salaire peu qualifié voire l’aide Hartz IV, les foyers turcs décrochent complètement par rapport à des foyers allemands alimentés par deux salaires qualifiés.
Mais il y a mieux : cette étude de 2014 réitérée tous les 2 ans depuis 2006 montre en effet que ces caractéristiques ne changent pas dans le temps et même sur plusieurs générations. La communauté turque est en panne et n’apporte que peu à l’économie allemande : les Turcs au chômage ou sous assistanat ne rentrent pas au pays où rien ne les attend ; ils préfèrent vivoter sous perfusion sociale en Allemagne. Près de 20% des Turcs parlent en outre un allemand très approximatif. L’une des raisons à cela est que « les Turcs ont tendance à rester entre eux » : beaucoup d’entre eux en effet épousent des filles peu ou pas qualifiées, trouvées au pays dans le cadre de mariages arrangés dans leurs villages d’origine. Résultat : on ne parle que turc dans leurs foyers, on y regarde la télévision turque et on n’y lit que des journaux turcs. Et ce mode de vie est transmis à la descendance en deuxième et en troisième génération. Les Turcs lient peu de liens matrimoniaux ou même amicaux avec des Allemands.