Invité ce vendredi 11 mars sur RFI, le président de la fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement, s’est montré très critique à l’égard du plan actuellement négocié par l’Europe et la Turquie en vue d’apporter une solution à la crise des migrants.
« Les accords de Schengen n’étaient pas faits pour des circonstances exceptionnelles, je dirais même qu’il y avait dès le départ en 1985 quelque audace à reculer notre frontière au Pyrée, même aux îles grecques, de Lesbos, Lemnos, etc. On savait bien qu’un pays périphérique comme la Grèce n’était pas outillé pour réaliser un contrôle efficace aux frontières. Je vous rappelle que le budget de Frontex c’est 80 millions d’euros, c’est absolument dérisoire. »
Critique tout d’abord sur « l’opacité » des prises de décision des instances de l’Union et plus précisément de l’Allemagne qui place les autres membres, en particulier la France, « devant le fait accompli ». Or il faudrait précisément plus de « réciprocité », souligne Jean-Pierre Chevènement, dans la mesure où la Turquie demande davantage de contreparties en échange de la nouvelle proposition qu’elle met sur la table : l’accélération du processus de réadmission sur son sol des migrants économiques et même des réfugiés syriens entrés illégalement en Europe et notamment en Grèce.
L’Europe s’est donnée jusqu’au 18 mars pour finaliser l’accord. Si la chancelière allemande Angela Merkel a d’ores et déjà salué une « percée » dans les négociations, Jean-Pierre Chevènement déplore, lui, le passage en force du gouvernement turc. Ankara a en effet demandé lors du dernier sommet organisé à Bruxelles, lundi 7 mars, non seulement une aide financière supplémentaires de trois milliards d’euros – qui viendrait s’ajouter aux 3 milliards d’euros déjà promis – mais aussi la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs en déplacement en Europe.