Le Secours catholique communique : un enfant sur trois ne partira pas en (grandes) vacances cette année. Même constat au Secours populaire. La crise économique, c’est-à-dire le choix du libéralisme par les gouvernements « démocratiques », produit un chômage grandissant et une paupérisation de la classe moyenne qui détruit tous les avantages acquis en un siècle de luttes sociales, politiques et syndicales. Pour la classe des pauvres, il n’y a même plus de suspense : il n’y a plus un centime pour changer d’air.
Qui veut un enfant de pauvres ?
Les pauvres, la pauvreté, le nombre grandissant de pauvres, le libéralisme n’en a cure : il ne s’occupe que de profit, donc des intérêts de la classe dominante au maigre socle électoral et fondée sur des principes que les médias ont pour ordre de vanter afin qu’une assiette plus large se sente intéressée au Système et fasse contrepoids aux perdants (du Système), vingt fois plus nombreux. Les alliés objectifs de la classe dominante qui produit du pauvre lui permettent de rafler les mises électorales, ce sont les petits actionnaires du Système.
C’est bien grâce à la propagande massive des médias que le candidat des 5 ou 10% les plus riches en France remporte régulièrement les élections qui sont théoriquement proportionnelles (on parle de la présidentielle) et donc numériquement perdantes. D’où l’importance de la croyance dans le progrès, la croissance et la consommation, bref, en un futur meilleur. Beaucoup de perdants du système de profit tiennent le coup car on leur a inculqué l’ambition, celle de sortir un jour de leur classe. C’est ainsi que le Système arrive paradoxalement à se maintenir. On le voit aux États-Unis où la production de très pauvres et de très riches est effarante. Et la France en prend le chemin...
Grâce a la CASTE qui se sert de l'état et MACRON 10% de l'électorat, au service de la finance privée, L'ENRICHISSEMENT des PLUS RICHES en France est PLUS RAPIDE que partout ailleurs dans le monde (déjà le cas en 2017 )- Bloomberghttps://t.co/arumWmhhUw
— jeanne karp (@JeanneKarp) 1 juillet 2019
Mais l’ingénierie sociale de la classe dominante n’est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui. Il s’agit de savoir si l’injustice peut perdurer et si oui, combien de temps encore. Car le seau à perdants se remplit de plus en plus, il commence même à déborder. Pendant les Trente Glorieuses, tout le monde ou presque pouvait partir en vacances, mêmes les enfants des familles les plus modestes : il y avait le centre aéré, les colos, les copains ou les associations, communistes et catholiques. La société se partageait les enfants des moins fortunés.
L’individualisme libéral ou la destruction des solidarités
Comme par hasard, le système néolibéral a brisé ces solidarités et un gosse de pauvres a de plus en plus de mal à changer de paysage. Car il est essentiel, pour le moral de ces gosses, de savoir qu’une autre vie existe (ailleurs), et surtout moins dure. On va nous rétorquer que cette parenthèse peut leur faire détester leur vie de tous les jours, mais la psycho-logique ça ne marche pas aussi simplement. Les mômes, ils vont rentrer dans leurs clapiers avec des images de mer, de montagne, de jeux, de sports et d’aventures, ce qui va au contraire les fortifier. Et peut-être, pour certains, leur donner le goût des études pour améliorer leur situation ou changer leur destin...
Catholicisme et communisme ont été sciemment détruits par le système de profit : on n’entend plus trop parler du père Machin qui a été faire crapahuter une bande de sales mômes dans la montagne. Avec la publicité négative faite contre l’Église en général et les prêtres en particulier, la source des parents candidats s’est tarie. Et puis les sales gosses d’hier ont été remplacés par les racailles d’aujourd’hui, beaucoup plus difficiles à manier. Cette « évolution » peut aussi faire chuter quelques vocations...
Ce constat réaliste n’empêche pas le Secours catholique de continuer à croire, à aider et à envoyer des enfants sans le sou dans des familles généreuses. On n’a pas de nouvelles du Secours juif mais si ça se trouve, il s’occupe de gosses en déshérence du 93 ! Les petits Omar, Kilian, Faïssa, Afidou, Abdelkader ! Une sorte de réconciliation interconfessionnelle... Rêvons un peu ! En attendant, ce sont les cathos et les (derniers) cocos qui font le boulot.
N’oublions pas le Secours populaire, qui ne fait pas dans la dentelle : 5 000 mômes d’un coup ! Même s’il ne s’agit que d’une journée...