Les États-Unis ont bombardé pour la première fois les rebelles chiites houthis au Yémen, accusés d’avoir visé des navires de guerre américains en mer Rouge, une allégation démentie jeudi par les insurgés.
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Jeudi, les houthis ont nié avoir visé la veille un navire de guerre américain. Les affirmations américaines « sont sans fondement » et les rebelles « n’ont rien à voir avec cette action », a déclaré un responsable militaire.
Jusqu’ici, les États-Unis n’étaient pas intervenus militairement contre les rebelles, qui contrôlent la capitale Sanaa et d’autres régions, limitant leurs actions au Yémen à des attaques de drone contre les jihadistes d’al-Qaïda dans le sud. Soutenus par l’Iran, les houthis sont engagés, avec les forces de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, dans une guerre civile meurtrière contre les forces loyalistes, soutenues par une coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite.
Au lendemain du bombardement américain, l’agence iranienne Tasnim a rapporté que deux navires de guerre iraniens avaient été envoyés dans le Golfe d’Aden pour protéger « des navires commerciaux et les pétroliers » dans la zone « contre les pirates ». Les deux destroyers ont quitté l’Iran le 5 octobre, selon Tasnim.
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« L’explication la plus logique, c’est que les houthis, soumis » à une attaque sanglante samedi dans la capitale yéménite Sanaa qu’ils contrôlent, ont « réagi en voulant montrer aux Américains qu’il y avait un prix à payer à laisser faire leurs alliés saoudiens », a indiqué à l’AFP François Heisbourg, conseiller à la Fondation pour la recherche stratégique. Mais cet analyste a semblé exclure que les Américains, qui « sont dans un moment d’interrègne », décident « d’ouvrir un front » au Yémen. « Ils ont réagi de manière limitée et ça devrait s’arrêter là ».
L’intervention américaine contre les houthis est survenue alors que Washington était en train de réexaminer son soutien à la coalition arabe, dont les frappes au Yémen font de nombreuses victimes civiles.
Samedi, des raids aériens avaient touché une grande cérémonie funéraire à Sanaa, faisant plus de 140 morts et un demi-millier de blessés. Le royaume saoudien avait fait part de « son profond regret » pour l’attaque. Furieuse, la Maison-Blanche avait averti que « la coopération sécuritaire des États-Unis avec l’Arabie saoudite n’était pas un chèque en blanc ».