Ce samedi, des frappes aériennes attribuées à la coalition menée par l’Arabie saoudite ont fait au moins 140 morts à Sanaa…
Les civils paient un lourd tribut à la guerre qui fait rage au Yémen, où des frappes aériennes lors d’une cérémonie funéraire dans la capitale Sanaa ont fait plus de 140 morts ce samedi, selon l’ONU. Les civils représentent environ la moitié des 6 700 morts de ce conflit qui oppose, dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, une rébellion chiite à une coalition arabe montée par Ryad pour soutenir le gouvernement yéménite reconnu internationalement. Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements radicaux dans le monde arabe et auteur de l’ouvrage Le Retour du califat (éd. Gallimard), analyse pour 20 Minutes les dessous de ce conflit.
Les rebelles houthis attribuent ce massacre à la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite. 140 morts, 525 blessés : peut-on parler d’une « bavure » ?
Ce n’est pas la première bavure. Sur le terrain, les Saoudiens reçoivent le soutien, conditionné, des États-Unis. En pratique, Ryad n’a pas les moyens techniques de mener ses frappes aériennes sans le concours des Américains, qui, eux, possèdent des satellites et fournissent aux Saoudiens des « targets ». Pour qu’un avion frappe, il faut qu’un satellite prenne une photo précise d’une cible, cible qui doit ensuite être téléguidée par laser, ce qui implique, pour que la frappe soit chirurgicale, que toute l’action se fasse en temps réel. Il « suffit », que la bombe tombe 15 ou 20 mètres à côté de la target, et on obtient un massacre.
Que vise précisément Ryad lors des raids aériens que la coalition pilote ? En pratique, qui tire les ficelles de ce conflit interne ?
Aujourd’hui, le Yémen est en train de devenir une deuxième Syrie. À l’origine il y a deux forces distinctes : les Houthis chiites au nord et les sunnites au sud, le tout sur fond de rivalité entre confédérations tribales.
Depuis un an et demi, la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite bombarde le Yémen, à la demande expresse du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui, chassé du pays par les rebelles houthis et réfugié à Riyad, a ensuite établi son gouvernement à Aden, dans le sud du pays.
Les Houthis, eux, sont des chiites originaires du nord du Yémen qui ont pris le contrôle de Sanaa, et ils sont précisément la cible des bombardements de la coalition.