C’est la question que posait Le Figaro le 27 juin 2017. Comme les statistiques ethniques et religieuses sont rares (pour le public) en France, on en profite pour décrocher quelques morceaux politico-sociologiques de notre beau pays.
Première info, aux législatives des 11 et 18 juin 2017, 45% des électeurs qui se disent catholiques ont choisi un candidat de la droite républicaine (LR), 27% un LREM et 14% un FN, et 10% à gauche. On remarque qu’ils n’ont généralement pas accordé leur voix à un parti dit chrétien comme celui de Boutin ou de Poisson, leurs candidats ayant mordu la poussière. C’est seulement à La-Celle-Saint-Cloud (Yvelines) et à Saumur (Maine-et-Loire) que les scores ont péniblement atteint les 5%. Les candidats ouvertement marqués La Manif pour tous (Sens commun, affiliés à LR) ont fait légèrement mieux en montant à 12-15%, maximum.
À côté de ces mouvances très traditionnelles, il y a l’apparition de partis musulmans qui eux penchent nettement à gauche. Là, Hamon et Mélenchon se taillent la part du lion en doublant et triplant leurs scores nationaux, il est vrai pas très élevé pour le représentant malheureux du PS (6%). Dans la mouvance musulmane, Égalité et Justice (ça rappelle quelque chose) proche de l’AKP turc a présenté 52 candidats. Le parti Français et Musulmans a tenté sa chance dans le 93, comme l’Union des démocrates musulmans français (UDMF), sans trop de résultats. Les adeptes du vote musulman communautariste repasseront : Égalité et Justice fera 0,6% des voix.
Dernier cas, le vote juif. Lui est carrément passé à droite, ce qui n’était pas le cas il y a 30 ans, et qui illustre le basculement symbolisé par la paire Lévy-Finkielkraut (de Causeur et Radio Communauté Juive, RCJ), désormais de droite sioniste bien sonnante et trébuchante. Les quartiers juifs de sarcelles (95) ont ainsi voté à plus de 40% pour le candidat LR Jérôme Chartier, idem dans le VIIIe de Marseille. À Paris, le vote juif, notamment dans le XIXe, s’est plutôt reporté sur les candidats LREM. Mais c’est dans la circonscription des Français de l’étranger que cette étude devient savoureuse. Là, on refile la parole au Figaro directement, comme ça on ne prend pas de risques avec la loi, car il y a plein de mots dangereux :
Dans cette circonscription, qui regroupe les pays de la façade nord du bassin méditerranéen (Italie, Grèce, Turquie, Malte, Chypre, Saint-Marin, Vatican et Israël), le député sortant UDI Meyer Habib a mené une campagne essentiellement dirigée vers les Français d’Israël qui représentent 61 % des inscrits. Or, les Français d’Israël ne sont pas des expatriés comme les autres : nombre d’entre eux sont des binationaux voire des olims (des juifs ayant effectué leur Alya et donc définitivement installés en Israël). Fort du soutien de Benyamin Nétanyahou, du grand rabbin séfarade d’Israël, Itshak Yossef, et de rabbins francophones de Netanya, Meyer Habib est arrivé largement en tête en Israël au 1er tour avec 73,2 % des suffrages contre seulement 12,6 % à la candidate En marche ! Florence Drory. Cette dernière le devance pourtant sur l’ensemble de la circonscription.
Allez, un dernier paragraphe sur le Meyer :
Meyer Habib s’est posé en parfait défenseur de l’État juif et des « implantations ». Il a notamment insisté sur l’appartenance pendant quarante ans de Florence Drory au Parti socialiste, parti coupable à ses yeux d’obsession anti-israélienne et anti-colonie. Il a tout misé sur l’électorat résidant en Israël et a délaissé les autres territoires. Cette stratégie a été payante puisqu’il l’a emporté au second tour avec 57,9 % et que la participation en Israël a augmenté de 4,5 points entre les deux tours alors qu’elle a chuté d’environ 1 point dans le reste de la circonscription. En Israël, il écrase littéralement son adversaire avec 87,6 % des voix. Un autre indice de l’impact de cette campagne menée sur les positions de la droite israélienne réside dans la répartition des votes en Israël puisque Meyer Habib recueille plus de 90 % dans les villes dirigées par le Likoud (Jérusalem, Netanya, Ashdod) mais a plafonné à 75-80 % dans les communes travaillistes (Tel-Aviv, Haïfa ou encore Beer Sheva).
Voilà voilà, on peut donc dire que les cathos votent plutôt à droite, que les musulmans votent massivement à gauche (même pour des laïcards !) et que les juifs votent très très à droite. C’est sûrement la peur. En Israël, on pourrait comprendre, le pays étant basé sur l’expropriation des habitants naturels et le vol des terres aux voisins, mais en France ?