Quand nous avons vu passer ce tweet, nous sommes allés voir sur le site de l’ONU de quoi il retournait, mais on pouvait s’en douter : la France a encore voté dans le sens du règlement pacifique de la question de la Palestine, et cela a déclenché la fureur sioniste.
Pleure en silence
— ynsane (@ynsane78) December 3, 2021
Si la colère est humaine et pas encore interdite, que penser de la dernière phrase du président du CRIF, cette instance qui ne constitue pas 1 % des 1 % de Français de confession juive ?
« Des explications sont indispensables »
Des explications du président de la République, du Premier ministre et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, rien de moins. Macron, Castex et Le Drian sont convoqués en urgence pour se faire incendier par le petit Kalifat, président d’une association qui ne père rien mais qui donne des ordres. On est bien en France en 2021, pas en Israël en 1973. On croit rêver mais on est bien en France, dans ce que certains appellent la République, ou, disons, la démocratie. Mais si les trois sommités susnommées donnent des explications au président du CRIF, voire se justifient de ce vote noble et sensé, que penser de la démocratie française, chère à feu Giscard ?
Ne jouons pas aux cons, ce tweet incendiaire est remarquable en ce sens qu’il dévoile la vraie hiérarchie de notre république, qui ne mérite pas la majuscule. Notre système politique n’est pas pyramidal, ou pas dans le sens où on l’entend : il s’agit d’une pyramide inversée. Un tout petit nombre donne ses ordres à la représentation élue du peuple français et ainsi, le tour est joué, les voies démocratiques sont contournées, comme toute loi scélérate qui se respecte. Les cocus de l’histoire ne sont pas nos représentants élus ou choisis par peuple, le Président ou le Premier ministre, mais bien les électeurs qui se font voler leur représentation.
Nous avons peu d’illusions sur le résultat de cette convocation, on ne s’attend pas à une résistance farouche des grands « corps » de l’État. Voici maintenant le texte qui a déclenché l’ire de notre vrai président non élu, évidemment :
Au cours de son débat annuel sur la question de Palestine et la situation au Moyen-Orient, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui, par vote, trois résolutions et a entendu plusieurs délégations plaider pour la reprise des pourparlers de paix, afin de parvenir à la solution des deux États que beaucoup ont jugé compromise par l’expansion des colonies israéliennes et les actes des extrémistes des deux bords.
Dans le texte sur le règlement pacifique de la question de Palestine, adopté par 148 voix pour, 9 voix contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale demande de nouveau qu’une paix globale, juste et durable soit instaurée sans délai au Moyen-Orient sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU, notamment la résolution 2 334 (2016) du Conseil de sécurité, du mandat de la conférence de Madrid, y compris le principe de l’échange de territoires contre la paix, de l’Initiative de paix arabe et de la feuille de route du Quatuor.
Elle demande que soit mis fin à l’occupation israélienne et, à cet égard, réaffirme son appui indéfectible au règlement prévoyant deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, à l’intérieur de frontières reconnues sur la base de celles d’avant 1967. L’Assemblée demande également qu’une conférence internationale soit organisée à Moscou en temps voulu, comme l’a envisagé le Conseil de sécurité dans sa résolution 1850 (2008), en vue de promouvoir et d’accélérer la conclusion d’un règlement de paix juste, durable et global.
Vous rendez-vous compte, a interpellé Israël, que vos résolutions, qui s’appuient sur le discours biaisé des Palestiniens, ne servent pas la paix ? Soutenir ces textes trompeurs, c’est remettre en question l’idée même de s’asseoir à la table de négociation. C’est plutôt l’absence d’un horizon politique crédible, a rétorqué l’État observateur de Palestine, qui perpétue le conflit. Soixante-quinze ans après la première guerre et 54 ans après le début de l’occupation, il a estimé qu’il est temps que la communauté internationale cesse de répéter les mêmes positions de principe et concrétise enfin l’objectif légitime exprimé dans les résolutions, dont le maintien du « statut historique » dans les Lieux saints, souligne l’Assemblée dans la résolution sur Jérusalem, adoptée par 129 voix pour, 11 voix contre et 31 abstentions.
(...)
La République arabe syrienne a tenu à dénoncer les « mensonges » d’Israël qui n’a pas honte de l’occupation et qui joue les victimes, alors que c’est lui qui viole le droit international.
On ne commentera pas cette énième résolution (même s’il y en a trois) et cette énième obstruction de l’entité israélienne, qui ne connaît que la guerre et la répression dans la problématique palestinienne. Se mettre à l’écart du concert des nations est un risque, à terme, et l’Histoire nous apprend que la guerre ne résout rien, pour les deux parties.
Le 4 décembre 2019, il y a exactement deux ans, 5 résolutions avaient été adoptées à l’ONU, dont celle sur le « règlement pacifique de la question de Palestine », par 147 voix pour, 7 voix contre et 13 abstentions. Voici le tableau des votes et des abstentions :
Fabrice d’Almeida raconte l’histoire du sympathique et innocent dîner du CRIF
« Il est temps d’essayer des traitements plus ciblés »
Cette phrase, menaçante et à la fois très explicite, figure à la fin du discours de Kalifat au 34e dîner du CRIF du 20 février 2019.
Monsieur le Président de la République, je sais l’engagement des pouvoirs publics contre l’antisémitisme, le racisme ou la haine anti-LGBT.
Pourtant, force est de constater que les plans de lutte contre les haines se succèdent mais produisent peu d’effet.
Si l’intention est bonne, la démarche n’est- elle pas trop générale ? Ces plans ne sont-ils pas trop génériques quand il faudrait répondre aux ressorts spécifiques de chacune des haines ?
Toutes ces haines sont autant de maladies et aucune n’est plus grave que les autres. Mais on ne soigne pas toutes les maladies avec un seul et même traitement.
Il est temps d’essayer des traitements plus ciblés.
Alors, ce soir, j’exprime solennellement le souhait que soit défini et mis en place un plan spécifique de lutte contre l’antisémitisme, intégrant toutes ses dimensions. La situation l’exige.
Monsieur le Président de la République, vous avez eu ces mots très forts à propos de Simone Veil lors de la très belle cérémonie de son entrée au Panthéon.
Je cite : « Puissions-nous sans cesse nous montrer dignes comme citoyens, comme peuple, des risques que vous avez pris et des chemins que vous avez tracés, car c’est dans ces risques et sur ces chemins, Madame, que la France est véritablement la France. »
Ces mots obligent chacun d’entre nous.
Le parcours hors du commun des femmes et des hommes qui reposent au Panthéon a allumé, au fond de chaque cœur, une petite lumière,
Celle d’une France courageuse et fraternelle,
Celle d’une France éprise de justice et de liberté.
Puissent ces lumières grandir, éclairer notre pays et lui redonner confiance !
Puissent ces lumières nous aider, tous ensemble, à surmonter les crises et à en sortir plus forts et plus unis !
Je mesure, comme chacun d’entre nous, l’ampleur du défi, je refuse la résignation et j’appelle ce soir avec vous au sursaut national et salutaire de la société française pour briser le mur d’indifférence qui entoure l’antisémitisme.
Vive la République. Vive la France.