Une tribune de l’Observatoire de la petite sirène, qui pose un regarde critique sur la promotion et les actes de transition transgenre dont sont la cible les plus jeunes, et qui donc est sujet à toutes les critiques.
Les prises en charge médicales actuelles proposées aux adolescents qui s’interrogent sur leur identité sexuée ne peuvent-elles être remises en question ? Depuis dix-huit mois, l’Observatoire La Petite Sirène appelle à la prudence à travers des tribunes, des conférences ou des livres : La Fabrique de l’enfant-transgenre (Caroline Eliacheff et Céline Masson, L’Observatoire) et Dysphorie de genre (Jean-Pierre Lebrun et Charles Melman, Erès). Mal nous en a pris ! L’Observatoire a été violemment attaqué par des transactivistes mais aussi par des universitaires qui reprennent sans sourciller les articles partisans de Médiapart tandis qu’un site parasite usurpant le nom de l’Observatoire relaie calomnies et propos diffamatoires (dont certains ad hominem). Des membres de notre directoire ont été jetés en pâture sur les réseaux sociaux accusés de « transphobie » ,voire d’« islamophobie ». Une collègue a même été contrainte de démissionner d’une consultation spécialisée « transidentité » en raison de sa participation aux travaux de l’Observatoire. Nous constatons la montée d’un climat de censure dans nos institutions (universités, services de psychiatrie, etc...).
Un communiqué, signé conjointement par la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) et neuf associations militantes, perçu – à tort ou à raison – comme un soutien à ces mêmes associations, s’est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux (y compris sur le site Academia, réseau social de chercheurs très consulté) justifiant ainsi les accusations portées à notre encontre et touchant plus particulièrement les collègues universitaires : « transphobie », « réactionnaires », « conservateurs », « Manif pour tous », voire « racisme ». Certains commentaires appellent même à l’assassinat de ces psychanalystes « transphobes ». Ces accusations sommaires et totalement injustifiées n’ont qu’une seule visée : nous faire taire par intimidation et mise en cause de notre probité, refuser la controverse par la censure, tenter de marginaliser, voire d’exclure les membres universitaires de l’Observatoire.
L’accusation de transphobie tient-elle la route quand le Conseil national de la santé et du bien-être suédois confirme en février la nécessité de revoir les protocoles en concluant que les risques du traitement hormonal (bloqueur de puberté et hormones croisées) prescrit pour les moins de 18 ans l’emportent actuellement sur les avantages possibles pour le groupe dans son ensemble ? Sont-ils transphobes ou pris de « panique morale » ou bien plutôt capables de rectifier leurs erreurs au vu de données scientifiques ? Avant la Suède , la Finlande a modifié sa politique afin de privilégier les prises en charge psychologiques aux interventions médicales. La Finlande promeut-elle les thérapies de conversion ou défend-elle la nécessité que les jeunes bénéficient de soins fondés sur des preuves ? Les transactivistes vont-ils aussi accuser l’Académie de médecine de promouvoir les thérapies de conversion quand, dans le communiqué du 25 février, elle préconise entre autres « un accompagnement psychologique aussi long que possible des enfants et adolescents exprimant un désir de transition et de leurs parents » ?
En France, nous sommes des lanceurs d’alerte car en changeant d’échelle, les demandes de changement de sexe ont changé de nature. Plus de la moitié des jeunes présentent des troubles psychologiques antérieurs à leur conviction de « n’être pas nés dans le bon corps », conviction associée à de réels questionnements. Plutôt que de parler de dysphorie de genre, nous parlons de « dysphorie pubertaire », l’adolescence étant une période de grande vulnérabilité et d’interrogations légitimes sur le corps, la sexualité, l’orientation sexuelle. Aussi une approche compréhensive examinant sans parti-pris une demande de changement aussi radicale que celle du changement de sexe à une phase aussi bouleversée de l’existence nous semblera-t-elle toujours préférable en première intention à des réponses curatives organicistes qui prennent le risque d’ignorer la part de la détresse psychique sous-jacente.
De nombreux parents, médecins, psychologues, enseignants, journalistes, nous contactent car nous parlons d’enfants et d’adolescents fragiles et non des personnes adultes trans qui doivent être respectées dans leur choix et leurs droits. Mais le fait est là, les politiques restent, jusqu’à présent, sourds à nos alertes de peur d’être accusés de transphobie, ne distinguant pas clairement lutte contre les discriminations et notre souci de protection de la jeunesse, jugé rétrograde, paternaliste, non progressiste. Nous nous inquiétons du fait que la psychothérapie psychodynamique puisse être considérée comme potentielle thérapie de conversion interdite par la loi. A contrario, quel nom faut-il donner au remodelage rapide du corps comme seule solution possible à des conflits douloureux liés au questionnement sur son sexe ?
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