Il est toujours difficile de trouver des logiques politiques et sociologiques dans un chaos apparent, ce « chaos » que dénoncent les autorités occultes (le B’nai B’rith), les autorités non occultes allant jusqu’à parler d’« anarchie » (le Premier ministre). Pourtant, il y en a, mais elles s’entrecroisent et les faits s’empilant les uns sur les autres, suivant la chronologie que s’imposent les grands médias comme principe explicatif, le bruit et la fumée empêchent de comprendre avant que les événements ne se calment. On va tout de même essayer de tirer les fils de ces jours de colère d’en bas qui sont autant de jours de peur d’en haut. Il est indéniable que nous assistons à une accélération de l’histoire. Ceux qui s’intéressent à la sismologie connaissent ces cycles, relativement calculables, qui correspondent aux déplacements des 12 plaques tectoniques sur notre planète, plaques qui se poussent et qui accumulent ainsi une énergie extraordinaire qui se libère dans les tremblements de terre, suivis de tsunamis. En France, la plaque du pouvoir a trop poussé la plaque du peuple, qui aujourd’hui libère son énergie – on dit plus prosaïquement sa colère – accumulée.
Prenons d’abord un par un les éléments dont nous disposons. Le 17 novembre, comme chacun sait, une fronde virale venue des réseaux sociaux, suite à la grogne relative à l’augmentation du prix des carburants, s’est matérialisé en un mouvement national de rue, engendrant blocages sur les routes. Une semaine plus tard, le gouvernement n’entendant pas vraiment le message d’en bas, les blocages se sont changés en heurts, particulièrement sur les Champs-Élysées, à Paris. Le préfet avait interdit aux manifestants cette avenue prestigieuse, ils sont passés outre. Le préfet à l’autorité désavouée est toujours en poste. La mobilisation ne faiblit pas et force les autorités politiques et médiatiques à revoir leur jugement. Le président de la République en personne, après avoir essayé le dédain (indifférence totale la veille de l’événement) puis le mépris – il a parlé de honte après le samedi 24 – a dû prendre la parole ce mardi 27 novembre. Le pouvoir visible ne peut pas ignorer longtemps la colère d’un peuple qui se fait ratisser fiscalement. Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin avait été envoyé en éclaireur, mais son discours n’avait pas tenu la route.
Le pouvoir macronien, qui dispose de la police et de la justice, a tenté avant le 17 novembre d’intimider les manifestants en envoyant le ministre de l’Intérieur dire que les bloqueurs pourraient être appréhendés pour entrave à la libre circulation des citoyens, ou un prétexte dans le genre. Là aussi, Castaner était rentré dans sa niche, une niche pas fiscale. Le 24, dans le genre déstabilisation du mouvement, le pouvoir envoyait des casseurs pour casser la dynamique sociale. Il n’est pas utile d’insister sur cette méthode de police politique vieille comme le monde. RT France avance des chiffres très clairs à ce sujet :
« Parmi les 101 individus arrêtés par les forces de l’ordre, on trouve surtout des profils associés à l’“ultra-gauche” selon les informations de cette radio qui se fondent sur les symboles arborés par les mis en cause au moment de leur interpellation. Par ailleurs, une “immense majorité des manifestants placés en garde à vue sont considérés comme des suiveurs”, toujours selon cette source qui précise : “Entendez par là des hommes et des femmes venus de régions et sans antécédent judiciaire, qui se sont laissé griser par des leaders plus radicaux”.
[...]
Pour sa part, Europe 1 écrivait le 24 novembre que 130 personnes avaient été placées en garde à vue lors de la mobilisation de samedi à travers toute la France, mais seulement 69 à Paris. Cette source ajoutait par ailleurs qu’aucun activiste d’extrême-droite ne figurait parmi les personnes interpellées. »
Ceci étant dit, la presse n’a donc pas pu suivre Macron et ses sbires qui ont essayé de années-trentiser le mouvement, à l’image du papier de BHL qui collait aux manifestants la photo des émeutes parisiennes du 6 février 1934. Un coup d’épée oligarchique dans l’eau, pourrait-on dire. Une fois que ces tentatives loupées par le pouvoir profond et le pouvoir visible, il restait à extrémiser médiatiquement et politiquement la fronde des Gilets jaunes. Pour cela, des agents moins marqués politiquement ont été envoyés sur le terrain.
Yassine Belattar est le quasi ministre des Banlieues de Macron. Considéré par les médias mainstream comme un « humoriste », il est en réalité un agent politique de premier ordre pour le chef de l’exécutif : c’est lui qui défend la ligne attalienne en matière de sécurité, de délinquance, de terrorisme et d’immigration. Un poste non officiel mais hautement important : grâce à Belattar, nous savons que le socialo-sionisme est à la barre, et non le national-sionisme qui frappe à la porte, et qui sera probablement à la barre si tout l’édifice continue à s’écrouler.
Belattar peut donc se permettre d’insulter un représentant du RN en plateau, il se sait protégé par le président. C’est dans la droite ligne de l’idéologie Charlie Hebdo, à laquelle Belattar se défend d’appartenir. Pour lui, l’anti-islamisme de l’hebdo satirique est un casus bellli. Mais Charlie ne pèse plus rien aujourd’hui, et ça date d’avant l’attentat de janvier 2015 : la ligne socialo-sioniste inspirée par BHL a de plus en plus de mal à passer et dans les médias, et dans l’esprit des Français. Quant à celui des Gilets jaunes, cela va sans dire.
Faisons une pause : le pouvoir libéral-libertaire de Macron s’appuie donc sur la gauche antiraciste, mieux représentée par un Belattar qu’un Hamon, pour criminaliser en l’extrême-droitisant un peuple en colère. Car le dernier argument en date, c’est Gilets jaunes = fachos. Marine Le Pen a été visée comme organisatrice occulte de la manifestation, elle a pourtant reconnu qu’elle en était la spectatrice bienveillante, exactement comme Mélenchon, qui sait que des troupes antilibérales sont en train de se former pour 2019. Et Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se félicitent de la mobilisation massive des Français en colère. Si cette armée nouvelle n’est pas politisée, chacun à droite comme à gauche peut en tirer avantage.
Le mouvement des GJ se structure d’ailleurs à sa façon, avec 8 représentants autodéclarés. Les mauvais esprits s’interrogeront sur le degré d’infiltration d’agents politiques d’État à l’intérieur, mais on ne peut pas douter de tout tout le temps.
« Des Bouches-du-Rhône à la Corrèze en passant par la Charente et la Haute-Garonne, ce sont eux qui relaieront dorénavant la parole des Gilets jaunes. Une "délégation" de huit "communicants officiels" du mouvement a été créée ce lundi [26 novembre 2018], annonce un communiqué publié sur Facebook, mentionnant deux principales revendications, à savoir "revoir à la baisse toutes les taxes" et créer "une assemblée citoyenne" pour débattre des thèmes de la transition écologique. Objectif ? "Engager une prise de contact sérieuse et nécessaire avec les représentants de l’État et de son gouvernement", détaille le communiqué. Parmi ces interlocuteurs nationaux, désignés par une trentaine de représentants régionaux, à la légitimité déjà contestée par d’autres membres du mouvement, on retrouve des visages qui ont émergé dans les rangs du mouvement, et dans les médias, aux prémices de la grogne contre la hausse des carburants. »
Gageons que Macron, qui les a reçus, saura les calmer avec des grands mots républicains. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans la clarification des forces politiques en présence en France, une clarification à la fois politique et sociologique. On a assez lu dans toute la presse magazine qu’il s’agissait d’une révolte de la France périphérique, celle décrite par Guilluy. Une France qui ne comprend pas pourquoi elle travaille dur, gagne peu, et se fait mal recevoir par la police, et ne parlons même pas du politique. Un traitement qui met le citoyen français, travailleurs et honnête, contribuable pour tout le reste de la population, en dessous de la racaille !
Le message est clair : les GJ sont des casseurs et des fachos. Pourtant, ils font la richesse de la France, plus qu’un Carlos Ghosn qui délocalise les emplois par dizaines de milliers et dont la presse économique chante les louanges.
Toutes ces tentatives grotesques de la part des deux pouvoirs, le profond et le visible, montrent qu’ils sont à cran, et qu’ils ne savent plus comment solutionner la crise. Les mensonges s’ajoutent aux fake news, les accusations aux insultes, mais rien n’y fait : la colère ne rentrera pas dans le tube aussi facilement. Les GJ en particulier et les Français en général, assommés de propagande et de racket fiscal, ne vont pas demander des excuses aux deux pouvoirs responsables de la situation, cela ne suffira pas.
Le peuple français, cette bête endormie, s’est réveillée après trop de coups. C’est aussi parce qu’il n’est plus représenté politiquement dans les médias : à force de salir et le RN et LFi, les médias ont fait sans le vouloir monter la tension qui les condamne. C’est pourquoi on a vu dans les rues autour des barrages les journalistes de BFM TV – associés au pouvoir à juste ou mauvais titre – se faire courser et secouer par les manifestants. Pour les pouvoirs et leurs médias, c’est l’impasse. Pour récupérer ce séisme, et le transformer en voix, afin de remettre la Nation sur le droit chemin, les extrêmes vont devoir radicaliser leur discours : le national-sionisme du RN et l’immigrationnisme de LFi ne suffiront pas.
Il reste une seule voie qui corresponde à ce mouvement, c’est celle du national-socialisme, à ne pas confondre avec le nazisme racialiste allemand des années 30. Par national-socialisme, il faut plutôt entendre social-nationalisme, qui prend justement en compte la défense du peuple, de ses intérêts, à la manière italienne par exemple. C’est ce que prônait tout simplement Georges Marchais, le secrétaire général du Parti communiste français, il y a 40 ans déjà. Raillé par les journalistes de l’époque pour ses sorties spectaculaires et son accent à couper à la hache, en vérité son discours d’hier trouve aujourd’hui un écho plein de sens. Jean-Marie Le Pen saura reprendre la flamme de « Jojo », comme l’appelaient familièrement les camarades, pour être tout autant diabolisé, sinon plus.
À la fin de ses mandats à la tête du Parti, Marchais avait compris l’importance du nationalisme pour défendre les travailleurs, ce mot qu’il prononçait à la manière d’un mantra, et de la même façon, mais partant de la droite, Le Pen comprendra l’importance du social.
Bonus : quelques extraits du bon sens populaire que le pouvoir tente de délégitimer par les infiltrations et les violences gauchistes, de fissurer par les racailles, de diviser par Belattar et Zemmour...