Laurent Cantet, qui a obtenu la Palme d’Or à Cannes en 2008 avec Entre les murs, sort un nouveau film qui s’appelle L’Atelier, et qui raconte une jeunesse en panne d’idéologie. C’est le pitch du Monde, et le journal, parfaitement sur la ligne cantetienne, propose une avant-première le 22 septembre 2017 dans le cadre de son propre festival, Le Monde Festival.
La bande-annonce d’Entre les murs, l’histoire d’une classe de 4e difficile, avec François Bégaudeau en prof bourré de tolérance (de gauche), mais avec quelques grammes d’autorité (de droite) :
Le nouveau film de Cantet ressemble à celui-ci mais cette fois, c’est une intello qui descend de Paris et qui rencontre des jeunes en insertion de La Ciotat (Sud, pauvreté culturelle) afin d’animer un atelier d’écriture. Toujours ce choc culturel entre l’intelligence parisienne de gauche et la populace de province, chère aux penseurs du Ve arrondissement nourris à la subvention. Avec un scénario pareil, L’Atelier a été évidemment soutenu par le CNC.
« Les très jeunes gens me donnent un peu d’espoir » : le titre ambigu de l’interview de Cantet
Cantet a donné le 14 septembre une longue interview au quotidien à propos des jeunes, de leur engagement, de leur culture (virtuelle, ils se foutent de la culture de gauche qui les a roulés dans la farine) et soudain, alors que tout roulait entre le réalisateur ultra bien-pensant et le journaliste « cinéma » Sotinel, Cantet bute sur Alain Soral :
« Le rapport à Internet me semblait constitutif de ce que sont les jeunes gens aujourd’hui, tout comme celui à la politique. L’extrême droite est installée dans le Sud. J’avais été terrifié en découvrant qu’Alain Soral [essayiste d’extrême droite très controversé] avait des millions de suiveurs et que leur moyenne d’âge était inférieure à 20 ans, des choses comme ça qui me semblaient importantes à dire. »
Dans son docu-fiction, Cantet, visiblement à court d’idées, oppose deux mondes, deux cultures, deux générations. Que de chocs fertiles en perspective ! L’actrice Marina Foïs, qui est dans le civil mariée au réalisateur Éric Lartigau, auteur de films d’humour très léger coproduits par Canal+, a elle aussi souffert. Elle s’en confie au site purepeople :
« Ma grand-mère s’est planquée pendant la guerre. Son mari, qui n’était pas juif, lui a fait porter l’étoile jaune... Elle n’a pas été déportée, notre famille a été très épargnée, mais personne n’en est sorti indemne. »
« Une synthèse de la jeunesse française » d’après Télérama
Cela n’a rien à voir avec le film mais peut-être que cette souffrance intrafamiliale pourra permettre à Marina de se connecter à la souffrance sociale des jeunes. Ou plutôt du « jeune », le mauvais, Antoine, celui qui incarne le « raciste » et le « nationaliste » qui n’est pas tolérant du tout et qui a forcément été chercher des informations pas comme il faut sur l’Internet... Un jeune qui « pourrait tuer » ! Jusqu’où peut aller la réinformation, quand même...
Serait-ce grâce à ce personnage maléfique (qui permet de magnifier les autres) que Cantet a touché une aide du CNC pour la sélection du Festival de Cannes 2017 ? Cela ferait de L’Atelier un film de propagande anti-réinformation et anti-Soral.
Cantet a beau être de gauche, il ne fait pas dans la finesse scénaristique ! Espérons que le « mauvais » jeune changera, sous l’influence de la culture de gauche incarnée par Marina et qu’à la fin, il s’ouvrira au monde, aux autres, à la France, et à la gauche.
Nous n’avons pas vu le film, mais les extraits sentent le sous-Pialat de sous-préfecture, un Pialat qui lui ne glissait pas d’idéologie nauséabonde dans la tête de ses acteurs et de ses spectateurs. Il n’aimait pas Cannes et Cannes ne l’aimait pas. Ce n’est pas le cas de Cantet.
En 2008, sous la plume de Félix Niesche, E&R flinguait déjà le premier film de Cantet sur l’école, 100% systémo-compatible et dangereusement aculturant :