Stéphane Guillon, le faux humoriste, revient sans relâche sur son éviction de Canal+ après être pendant des années revenu sans relâche sur son éviction de France Inter, dont il a tiré un livre éblouissant de larmes.
Voilà l’exemple parfait d’une interférence qui induit en erreur. Guillon voudrait nous faire croire qu’il a été viré parce que subversif, or il a juste voulu partir avec le prestige du résistant, celui qui dit la vérité (le dernier jour) à son boss. Sachez que les humoristes-système savent très bien jusqu’où ils peuvent aller, et que quand ils partent sur une vanne-clash, c’est que la gamelle est meilleure ailleurs. D’ailleurs, Bolloré allait mettre tout le monde à la diète sur Canal (il ne paye plus trop les droits d’auteur) et s’il y a une chose que Guillon déteste, c’est la pauvreté. Passer de 40 000 euros par mois à moins, imaginez. On est de gauche, mais on ne se laisse pas plumer par les méchants patrons cathos.
Bolloré a bien fait de virer ce médiocre bouffon même pas foutu de nous arracher le moindre sourire parce qu’il fait la retape du Système sous des dehors de résistant. Lui, résistant, avec sa collection de Porsche ? Laissez-nous rire. Surpayé, bouffant à lui tout seul en un mois plus de 130 contributions d’abonnés, il a soulagé l’émission d’Ardisson d’un poids lourd en matière économique et humoristique. Les traîtres vieillissant mal, on ne va pas revoir ce faux subversif de sitôt en télé.
L’humour mainstream étant un art de la soumission, calculez le changement de cap de Guillon depuis cette chronique sur Dieudonné dans 20 Heures 10 pétantes (Canal+, 2003-2005) :
Depuis, pour conserver son poste et son argent, il insulte Dieudonné.
Ardisson, lui aussi, reste en place avec Salut les sodomiens, mais on sent là encore chez la vieille le poids des années, des mensonges et des reniements, toujours à ressasser les mêmes conneries, trois grammes de politique et deux tonnes de cul. D’Ardisson, il ne restera que le cul, c’est-à-dire rien. Tu parles d’une œuvre. Lécher le cul du Diable, c’est confortable, mais l’enfer après, c’est long.
Mais c’est sur le plateau de Cyril Hanouna, cet autre grand humoriste bolloréen, que Thierry va complètement se lâcher, et relâcher un peu les sphincters [les muscles du sourire, NDLR] :
Hôtel Dupontel 5 étoiles
Malgré toute la souffrance endurée par ces deux trous noirs de l’esprit, le véritable drame de ce vendredi noir, c’est celui de Dupontel. L’acteur réalisateur super subversif, encore plus qu’Ardisson et Guillon réunis, voit sa société de production éjectée de son splendide hôtel particulier. Quoi, Dupontel l’anarchiste n’a pas payé son loyer ? Pas du tout : il louait ces locaux chics au Conseil régional d’Île-de-France pour 300 euros. Par jour ? Non, par semaine madame. Soit 1 200 euros par mois pour 1 149 mètres carrés ! Le bon plan de l’anar subversif de gauche !
On est tristes pour Dupontel mais on ne résiste pas à l’envie de vous livrer deux paragraphes du texte que Costes avait écrit pour la revue littéraire Cancer ! dans son numéro de décembre 2002 (attention, les personnes sensibles ne sont pas tenues de lire ce qui suit), il racontait le tournage d’Irréversible de Gaspard Noé avec le couple Cassel et Dupontel :
« Y a Gaspard Noé qui m’appelle “Allo Costes, j’ai un rôle pour toi dans mon prochain film...” Ah ouais super, ça va me faire de la pub et du fric. “Tu joueras avec Vincent Cassel, Monica Bellucci, Dupontel” Dupond quoi ? Je les connais pas ces mecs... Le seul Dupond que je connais c’est mon grand-père Albert Dupond “Ben justement Dupontel il s’appelle Albert” Albert Dupon-Tel ! Comme si mon grand-père Albert Dupond avait ouvert une boite de téléphone ! Vous savez ces trucs glauques à Saint-Denis où ya quatre cabines téléphoniques pour appeler moins cher le Mali et Israël. Albert Dupond-Tel, le téléphone moins cher pour le Mali et Israël, top la classe le nom ! Et en plus le mec il se prend pour une star ! Dupond-Tel, Cassel-Cassoulet et Bellucci-Berlusconi ! Ça doit être trois starlettes à deux balles du cinéma français qui se croient à Hollywood !
Bon me voilà sur le tournage. Ya une embrouille entre Gaspard Noé, Dupond-Tel et Cassel-Cassoulet (Ouais dans les interviews ils vous disent que c’était “une fantastique expérience de tourner avec Gaspar, Vincent et Dupond”, mais moi je vous dis, sur le plateau c’était la haine.
Là on dirait que ça les dégoûte de tourner une scène avec Costes. Cassel-Cassoulet veut écourter la scène “le plus court possible, le plus vite fait possible”. Dupond-Tel lui il veut carrément pas venir jouer ! (Il a peur de me serrer la main, il a peur que je lui foute une maladie ?!)
D’ailleurs il a toujours peur d’attraper des maladies. Dès qu’il se pointe sur le plateau c’est “Bon s’il vous plait arrêtez de fumer”...et les trois mille zonards en tenue de paras-commandos (qui arrêtent pas de se dire par talkie-walkie “Attention on va tourner” alors que 99% du temps on tourne rien, on branle rien), écrasent leur éternelle clope tous ensemble et se foutent au garde-à-vous devant Albert. Parce que Monsieur Dupond-Tel est une starlette du cinéma français et quand y fait son caprice à la Lolo Bridgida, on obéit. »
Si vous avez une vanne pour Guillon, un anus artificiel pour Thierry et une piaule pour Dupontel, n’hésitez pas à nous écrire. On transmettra.