La société change. La société doit changer. Pour cette raison et pour cela, les institutions doivent elles aussi évoluer. Officiellement pour accompagner le changement, mais en réalité aussi et peut-être surtout pour lui permettre d’advenir. On prétend dépoussiérer les vieilles traditions, les mettre en adéquation avec les attentes contemporaines de la population, des populations, mais on accompagne plutôt les gens dans la direction qu’on souhaite les voir emprunter. Les musées n’échappent pas à cette règle.
La société change, la société doit changer : muséologie et muséographie doivent donc évoluer, pour que se transforment aussi les musées et le rôle qu’on leur assigne au sein de la société. Au final, c’est ce qu’est un musée qui change. Doit donc aussi changer sa définition.
Pour cela, pour faire les choses bien et en grand, il y a l’ICOM, le Conseil international des musées (The International Council of Museums), l’unique organisation de musées et de professionnels des musées à l’échelle planétaire, forte de 30 000 membres, dans 137 pays, et dont les bureaux sont hébergés par l’UNESCO, à Paris. Il a donc été décrété que le musée devait changer de définition, afin que ses missions puissent elles aussi changer.
Pour cela, pour faire les choses bien, il convient de ne surtout rien oublier de ce qui doit être pris en compte. Toute personne devant réfléchir au nouveau musée, à la nouvelle manière de le définir, doit avoir sous les yeux de petits papiers lui rappelant le cap à tenir. Voici l’antisèche obligatoire, celle qui donne les mots clefs devant permettre au musée de sortir des tréfonds obscurs dans lesquels son ancienne définition le maintenait, mots clefs sans lesquels on saura qu’un fonctionnaire n’a pas bien travaillé :
Après moult palabres, le Conseil d’administration a choisi une nouvelle définition. Attention, elle n’est pas officielle, car pas encore adoptée : il faudra pour cela un vote de l’assemblée générale extraordinaire, qui aura lieu le 7 septembre prochain à Kyoto (Japon). C’est tout un protocole que de changer le musée en institution reconnaissant l’urgence de la crise écologique, dans une définition unique reconnaissant toutes les diversités.
« Les musées sont des lieux de démocratisation inclusifs et polyphoniques, dédiés au dialogue critique sur les passés et les futurs. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils sont les dépositaires d’artefacts et de spécimens pour la société. Ils sauvegardent des mémoires diverses pour les générations futures et garantissent l’égalité des droits et l’égalité d’accès au patrimoine pour tous les peuples.
Les musées n’ont pas de but lucratif. Ils sont participatifs et transparents, et travaillent en collaboration active avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, étudier, interpréter, exposer, et améliorer les compréhensions du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à la justice sociale, à l’égalité mondiale et au bien-être planétaire. »
Ils iront donc aux bords mystérieux du monde occidental afin de nous tirer de l’ornière, du fin fond de l’obscurité dans laquelle nous maintenait l’ancienne définition, relique de l’ancien monde devant disparaître. Il était temps qu’on en changeât, elle datait tout de même du 2 août 2007. Presque douze ans ! Si vous n’en êtes pas convaincu, faites donc lecture des chaînes qui entravent encore ces institutions poussiéreuses :
« Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. »
Si vous n’êtes toujours pas convaincu, si vous ne voyez pas le problème, c’est que vous faites partie du problème. De leur problème.
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