C’est bien l’interview du (XXIe) siècle : la Carslon-Poutine, tous sites et tous comptes X confondus, a été vue un milliard de fois. Autant dire que les responsables allemand et britannique qui ont craché sur le discours mesuré du président russe crachent sur l’intelligence géopolitique et des centaines de millions de Terriens.
Pendant ce temps, pendant que le Sud se réorganise contre l’Empire, le Nord pleure la mort de Navalny. La presse occidentale tire des salves d’éditos anti-soviétiques, on attend les trois jours de deuil national en France. Macron s’est fendu d’un message de soutien au dissident formé par la CIA :
« Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort. Colère et indignation.
Je salue la mémoire d’Alexeï Navalny, son engagement, son courage. Pensées pour sa famille, ses proches et pour le peuple russe. »
DIRECT - "Oui, la mort de Monsieur Navalny dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant" affirme Emmanuel Macron après la mort d'Alexeï Navalny. pic.twitter.com/naeMYMTDpZ
— franceinfo (@franceinfo) February 16, 2024
Hélas, Navalny n’avait pas très bonne presse, en réalité. Même la très sage France Info, avec des mots choisis, a exhumé le dossier bien pourri de « l’opposant »... Sans le faire exprès, le site du SPA associe Glucksmann, Mélenchon et Marine dans un hommage bien foireux :
Succession d’hommages à Alexeï Navalny, depuis l’annonce de la mort de l’opposant russe, vendredi 16 février. « Le courage fait homme », selon l’eurodéputé Raphaël Glucksmann. « Honneur à sa résistance », écrit Jean-Luc Mélenchon sur X. Marine Le Pen présente ses condoléances à la famille d’un militant politique « engagé dans la défense de la démocratie ». Mais Alexeï Navalny a aussi eu des déclarations controversées.
En 2007, dans un clip pour le Mouvement de libération nationale russe, qu’il vient de fonder, on voit Alexeï Navalny en blouse blanche, dans un cabinet de dentiste. Des images de migrants apparaissent à l’écran, entrecoupées de radios de caries dentaires. « Dans ces cas-là, dit-il face caméra, je recommande une désinfection complète. Tout ce qui se trouve sur notre chemin doit être éliminé par la déportation ».
Les RS, cette intelligence collective, n’ont pas mis longtemps à réagir au mensonge oligarchique sur le bonhomme. Comme si, pour détester Poutine, il fallait admirer un salopard.
Macron vient donc de publiquement honorer un nazi.
Eh oui, #Navalny défilait dans les manifs nazi le bras levé.
Mais bon macron et le totalitarisme, copains comme cochons avec l’article 4 sur l’interdiction de réfléchir.
— David van Hemelryck #D (@David_vanH) February 16, 2024
Encore une fois, BHL et ses amis ont dû défendre un nazi pour faire avancer leur cause, qui sent de plus en plus la défaite.
Décès d'Alexeï #Navalny :
Voilà le mec que salue aujourd'hui #Macron, qu'il qualifie même de "défenseur de la #Liberte" et de "principal opposant à #Poutine" (à 2% ) pic.twitter.com/6cpqn3brJM
— Marc Herstalle (@herstalle) February 16, 2024
La palme de l’indignation navanlyenne la plus sotte est attribuée à upday.com avec ce titre grandiose :
Ils ont même ajouté, dans les Infos du jour : « La mort de Navalny secoue le monde ».
Pour ceux qui sont descendus dans la rue ce matin chercher leur baguette de pain, rien n’avait changé : personne ne semblait sous le choc, personne n’était secoué. Il ne s’agissait que d’un tremblement de terre du microsystème médiatico-politique, de plus en plus isolé, et de plus en plus dingue.